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s’en vengea en détournant le chancelier Séguier, dont il était le théologien, d’accorder le privilège pour la traduction du Nouveau Testament, connu sous le nom de Mons. Il craignait d’ailleurs que cette traduction ne nuisit à celle qu’il était sur le point de publier lui-même, et qui parut en 1666-67 et 68, 4 vol. in-8o, reliés en 3. Dans l’épître dédicatoire à M. de Péréfixe, archevêque de Paris, MM. de Port-Royal, sans être nommés, se trouvaient peints des plus noires couleurs. Cette épitre fut supprimée après la mort de l’auteur et du Mécène, et remplacée, dans l’édition de 1688, 2 vol. in-4o, par une dédicace différente à M. de Harlay, successeur de ce dernier. Cette traduction, sur laquelle est principalement fondée la réputation du P. Amelotte, a été souvent réimprimée avec des notes ou sans notes : elle était mieux écrite qu’aucune de celles qui l’avaient précédée. Le protestant Conrart, regardé comme un des hommes de France qui savaient le mieux leur langue, l’avait revue pour le style. Aussi, quoiqu’elle manque d’exactitude, quoique les notes pêchent souvent contre les règles de la critique, elle fut autrefois fort en vogue, et elle est encore aujourd’hui d’un usage assez général. On sut mauvais gré l’auteur d’avoir représenté l’invitation de quelques évêques pour la composer, comme un ordre du clergé de France. Port-Royal l’accusa de plagiat ; il est vrai qu’il avait eu communication de la traduction manuscrite de ces savants solitaires. Richard Simon, son confrère, lui reprocha de s’être vanté dans sa préface d’avoir consulté tous les manuscrits de l’Europe. Il est certain, et sa correspondance en fait foi, qu’il s’était donné beaucoup de peines et de soins pour se procurer les différentes leçons des meilleurs manuscrits conservés dans les principaux dépôts littéraires de France et des pays étrangers. Le P. Amelotte avait composé quelques écrits sur les affaires du jansénisme, qui ne valent pas la peine d’être tirés de l’oubli ; les vies du P. de Condren et de la sœur Marguerite du St-Sacrement, qui sont pleines de mysticité ; plusieurs livres de dévotion, dont quelques-uns sont restés entre les mains des fidèles. T-d.


AMELUNGHI (Jérôme), poëte burlesque italien du 16e siècle, était de Pise, et sans doute bossu ; car on l’appelle il Gobbo da Pisa, le bossu de Pise. On a de lui un poëme intitulé la Gigantea (la Guerre des Géants), qu’il publia sous le nom de Forabosco, à Florence, en 1566, in-12, avec un autre poème du même genre, intitulé la Nanea (la Guerre des Nains), d’un certain Francesco Aminta, d’ailleurs tout à fait inconnu. Ces poëmes ont été réimprimés à Florence, en 1612, in-12, avec la Guerra de Mostri, d’Antoine Grazzini, dit le Lasca. Ce sont les premières productions d’un genre dans lequel les Italiens ont excellé, mais auquel ils se sont trop livrés, pour l’honneur de leur littérature. On trouve aussi, parmi les Conti carnascialeschi (Chants du carnaval), un chant original d’Amelunghi, sous le titre de gli Scolari (les Écoliers). G-é.


AMENTA (Nicolas), né à Naples en 1659, fut, pendant ses quatorze premières années, affligé d’une maladie des yeux, qui le força de rester tout ce temps enfermé dans une chambre, sans voir le jour. Dès qu’il en fut guéri, il fit des progrès rapides dans ses études, fut reçu docteur en droit, et se distingua bientôt, à Naples, dans la profession d’avocat. Il fit son délassement de la culture des lettres, et s’appliqua surtout à l’étude de la langue toscane, qu’il écrivit avec une grande pureté, et sur laquelle il a laissé des observations, et d’autres écrits. On a de lui : 1° sept comédies en prose, savoir : la Costanza, il Forca, la Fante, la Somigliansa, la Carlotta, la Giustina, et le Gemelle, que l’on compte parmi les meilleures de son temps. 2° Rapporti di Parnaso, etc., 1re partie, qui n’a pas été suivie d’une 2e, Naples, 1710, in-4o. Ces rapports sont dans le genre des Ragguagli di Parnaso de Boccalini, sinon que ceux-ci roulent souvent sur la politique et sur la morale, au lieu que ceux d’Amenta n’ont pour objet que l’histoire littéraire et des matières d’érudition. 3° Des observations sur il Torto el dritto del non si puo, etc., ouvrage sur la langue italienne, par le P. Daniel Bartoli. sous le nom de Ferrante Longobardi, publiées avec l’ouvrage même, dans l’édition de Naples,1717, in-8o, et réimprimées de même avec des remarques de l’abbé Cito ; Naples, 1728, in-8o. 4° Della Lingua nobile d’Italia, etc., autre ouvrage sur la langue divisé en deux parties, publié à Naples, en 1723, in-4o. 5° Les vies de deux hommes de lettres, monsignor Scipion Pasquale de Cosenza, et Lionardo, poëte napolitain. 6° Vingt-quatre Capitoli, ou pièces satiriques, dans le genre des Capitoli du Berni, du Lasca, et autres poëtes burlesques, Naples, 1721, in-12. 7° Des Rime, ou poésies diverses, éparses dans différents recueils. Amenta mourut à Naples, le 21 juillet 1719. G-é.


AMERBACH (Vitus), natif de Wendingen, en Bavière, fit ses études de philosophie, de droit et de théologie à Wittenberg, et se rangea parmi les sectateurs de Luther ; mais, de retour dans sa patrie, il rentra dans le sein de l’Église catholique, devint professeur de philosophie à Ingolstadt, et y mourut, âgé de 70 ans, vers 1557. Ses ouvrages philosophiques sont un livre de Anima ; de Philosophia naturali, etc., antiparadoxa, cum orationibus de Laudibus, de Patria, et de Ratione studiorum ; il publia des commentaires sur les Offices de Cicéron, et sur le Discours pour le poëte Archias ; sur les poëmes de Pythagore et de Phocylide ; sur les Tristes d’Ovide, et sur l’Art Poétique d’Horace. Il traduisit aussi du grec en latin les Discours d’Isocrate et de Démosthène, le traité de St. Chrysostome sur la Providence, et celui d’Épiphane sur la Foi catholique. On a de lui des épigrammes, des épitaphes, et plusieurs autres pièces de vers, qui prouvent que l’érudition n’avait pas étouffé en lui le goût de la poésie. N-l.


AMERBACH (Jean), célèbre imprimeur du 15e siècle, natif de Rutlingen, en Souabe, et établi à Bâle. On lui doit l’invention des caractères ronds, qu’il substitua aux italiques et aux gothiques, moins agréables à la vue, et plus difficiles à la lecture. Il donna, en 1506, la première édition de St. Augustin, qu’il avait lui-même revue et corrigée, et le caractère dont