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à l’église de Tours, un ambassadeur à l’Espagne, sous Philippe V, dont il contribua puissamment à consolider le trône ; un ministre des affaires étrangères sous Louis XV ; enfin un ministre de la maison du roi sous XVI. Le marquis de Chaillou, son père, était colonel d’un régiment d’infanterie. Le fils, destiné de bonne heure à l’état ecclésiastique, s’attacha à M. de Boisgelin, qui le nomma son grand vicaire à Lavaur, ensuite à Aix. Il fut, ainsi que son archevêque, nommé, en 1772, membre de l’assemblée du clergé ; le 25 avril 1775, il fut sacré évêque de Vannes. Louis XVI lui conféra, en 1780, l’abbaye St-Vincent de Besançon ; et en 1787, sous le ministère du maréchal de Castries, la direction du collège de la marine, fondé depuis peu à Vannes. Amelot administrait avec une sage modération son diocèse et les établissements confiés à ses soins. Ne suivant point un usage alors introduit dans le haut clergé de France, au lieu d’aller passer l’hiver à Paris, il résidait assidûment dans son diocèse, surveillant les détails de ses administrations, et entretenant avec son clergé les relations les plus amicales. Lorsque la révolution éclata, il refusa de prêter le serment à la constitution civile du clergé, et la plupart des ecclésiastiques de son diocèse suivirent son exemple. On peut bien penser qu’il signa l’Exposition que les évêques de France publièrent sur la constitution civile. Le parti qui dominait sur la fin de 1790, prévoyant que, tant que ce prélat résiderait dans son diocèse, il serait difficile d’y introduire le nouvel ordre de choses, suscita contre lui deux soulèvements qui exposèrent sa vie aux plus grands périls. Ayant quitté sa ville épiscopale, l’apprit dans sa retraite qu’on lui avait signifié l’ordre de se rendre à la barre de l’assemblée constituante. Afin de s’y conformer, il revint à Vannes pendant la nuit. Conduit à Paris par la gendarmerie, il reçut seulement l’ordre de ne point quitter son logement, avec, injonction de se présenter à l’assemblée le jour où il en serait requis. Lorsque la constituante eut terminé sa session, il passa en Suisse. instruit qu’une expédition se préparait pour les côtes de la Bretagne, il se proposa d’aller joindre M. de Hercé, évêque de Dol On sait quel sort eut cette expédition appelée de Quiberon. L’évêque de Dol fut une des victimes immolées à Vannes. Amelot, apprenait en chemin cette catastrophe, revint en Suisse, où il signa l’Instruction que quarante-huit évêques adressèrent, le 15 août 1798, aux fidèles de France. L’armée française ayant envahi la Suisse, le prélat se retira à Augsbourg, d’où il passa à Londres en 1800. Il habitait cette ville lorsque, après la conclusion du concordat, il fut invité par Pie VII à donner la démission de son siége. Les dix-huit évêques qui se trouvaient alors en Angleterre délibérèrent sur la conduite qu’ils avaient à tenir. Cinq envoyèrent leur démission ; les treize autres, au nombre desquels se trouvait l’évêque de Vannes, écrivirent au pape le 27 septembre 1801, le priant de suspendre toute mesure jusqu’à ce qu’ils lui eussent exposé leurs motifs. Pie VII répondit le 11 novembre par un bref qui ne fut reçu que le 9 janvier 1802. Les treize prélats persistèrent dans leur refus, dont ils donnèrent les motifs par une lettre du 5 février 1802, qui a été imprimée. Amelot, avec vingt-trois autres évêques, adhéra à une lettre qui fut adressée au souverain pontife ; il prit ensuite part aux actes des évêques non démissionnaires, aux Réclamations du 6 avril 1805, à la suite de ces Réclamations, du 15 avril 1804, ’et à la Déclaration sur les droits du roi, du 8 du même mois. Cependant il ne cherchait aucunement à exciter des divisions dans l’Église ; il n’exerçait aucun acte de juridiction, et ne détournait point ses ecclésiastiques de rentrer dans le diocèse pour se soumettre au concordat. En 1814, après la restauration, M. de Bausset, évêque de Vannes, lui écrivit pour l’engager à venir reprendre son siége, lui offrant pour cela de donner sa démission. Amelot n’accepta point cette offre. Cependant vers la fin de 1815, le grand aumônier ayant, par ordre du roi, fait savoir aux évêques non démissionnaires que Sa Majesté négociait avec le saint-siége, et qu’elle verrait avec plaisir qu’ils levassent tout obstacle aux accommodements projetés en se démettant de leurs siéges, ils envoyèrent tous leur démission. Amelot rentra en France, et assista à plusieurs réunions d’évêques, qui eurent lieu vers la fin de 1815 ; mais il resta étranger à toute démarche ultérieure, et il disait souvent de Blanchard et des autres anti-concordataires : Ce sont des insensés. Ce prélat avait perdu un œil en Angleterre, et il devint tout à fait aveugle peu après son retour en France. Son ancien diocèse était toujours l’objet de ses affections, et il fit passer à son successeur une somme assez considérable, tant pour le soulagement des pauvres que pour le séminaire de Vannes. Amelot mourut à Paris, le 2 avril 1829. après une courte maladie. ─ Amelot, ministre de la maison du roi sous Louis XVI, fut incarcéré pendant la terreur, et mourut dans la prison du Luxembourg en 1794. On a prétendu qu’il avait dit : « S’il n’y avait pas de lettres de cachet, je ne voudrais pas être ministre, le roi m’en priât-il à mains jointes. » Mais il n’est guère probable que le ministre d’un monarque qui fit si peu d’usage de cette mesure ait tenu un tel propos. Quant à la longue captivité de Latude que les ennemis d’Amelot lui ont imputée, il suffit de comparer les dates pour reconnaître la fausseté de cette accusation. (Voy. Masers de Latude.) G-y.


AMELOTTE (Denis), prêtre de l’Oratoire, né à Saintes en 1606, entra dans cette congrégation en 1650, et mourut à Paris le 7 octobre 1678. La part qu’il eut au despotisme du P. Bourgoing, général de l’oratoire, le rendit odieux à ses confrères. Son attachement aux principes de St. Augustin et de St. Thomas ne l’empêcha pas de marquer la plus forte prévention contre les théologiens de Port-Royal. S’il est vrai que, dans la guerre qu’il leur fit, son projet fut de s’avancer dans l’Église, il manqua son but ; car toutes ses démarches pour obtenir l’évêché de Sarlat furent inutiles. Nicole se chargea de venger ses collègues. On dit que, pour peindre son original au naturel, il alla lui faire une visite, afin de mieux rendre son air grotesque, et les grimaces dont il accompagnait tous ses mouvements. Le P. Amelotte