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barreau, se dégoûta ensuite du monde, et entra dans la congrégation de l’Oratoire, le 29 avril 1660. Ce ne fut que malgré lui qu’il fut fait grand chantre de l’Église de Paris, dignité qu’il permuta avec Claude Joly, pour celle de grand archidiacre ; il mourut à Paris, en septembre 1706, âgé de 71 ans. Il a laissé : 1° un Traité de la Volonté. Paris, 1684, in-12 ; 2° Traité de l’amour du souverain bien, Paris, 1699, in-12. Quelques-uns lui attribuent l’Art de vivre heureux, Paris, 1690, in-12, que d’autres croient être de Louis Pascal. C. T-y.


AMÉLIUS, philosophe éclectique, natif de Toscane, fut contemporain de Porphyre, et, d’abord, eut pour maître Lysimaque, qui lui donna les principes de la philosophie stoïcienne. Les écrits de Numénius lui firent ensuite connaître et adopter les dogmes de Platon ; mais enfin il se rendit disciple de Plotin, vers l’an 216 de l’ère vulgaire. Pendant vingt-quatre ans, il n’abandonna point ce maître, et ne l’eût sans doute jamais quitté, si Plotin, pour raison de santé, ne se fût retire dans la Campanie. Amélius alors alla s’établir à Apamée en Syrie. C’est sans doute son long séjour dans cette ville qui a induit Suidas en erreur, en lui persuadant qu’Amélius y avait pris naissance. Le mot Amélius, en grec, signifie négligent. Jamais défaut ne fut plus éloigné du caractère du philosophe toscan ; aussi Porphyre rapporte-t-il qu’il aimait mieux être appelé Amérius, et c’est sous ce dernier nom qu’Eunape le désigne dans les Vies des sophistes grecs. Ses disciples lui donnèrent aussi l’épithète de noble. Amélius composa près de cent traités, dont aucun n’est parvenu jusqu’à nous. L’un de ces traités avait pour objet la différence des dogmes de Numénius et de Plotin. Il mit en ordre les ouvrages de ce dernier, dont il possédait si bien les principes, que souvent Plotin le chargeait de répondre aux arguments de ses disciples ; et, ce qui fera connaître plus particulièrement le génie de l’éclectisme, Eusèbe, Théodoret et St. Cyrille rapportent un passage d’Amélius, dans lequel il cite le commencement de l’Évangile de St. Jean, en continuation de la doctrine de Platon, concernant la nature divine. Amélius eut un fils adoptif, nomme Justin Hesychius, auquel il légua tous ses écrits. Ou ignore l’époque et le lieu de sa mort. D. l.


AMELOT DE LA HOUSSAYE (Nicolas, et, selon quelques-uns, Abraham-Nicolas), né à Orleans en février 1634, fut, en 1669, secrétaire du président St-André, ambassadeur de France à Venise, et demeura quelques années dans cette ville. On ignore les autres particularités de sa vie ; seulement on sait qu’il mourut à Paris, le 8 décembre 1706, et qu’il fut enterré à St-Gervais. L’emploi qu’il avait rempli à Venise lui fit diriger, pendant un temps, ses études du côté de la politique ; il passa une grande partie de sa vie à composer des ouvrages, ou à faire des traductions. Malgré ses travaux, il serait tombé dans la misère sans les secours que lui donnait un abbé. « Le style d’Amelot, dit Niceron, est un peu dur ; mais sa fidélité, son exactitude, et la solidité de son jugement, dédommagement de ce défaut. » Voici la liste de ses principaux écritsz 1° Histoire du gouvernement de Venise, avec le supplément et l’examen de la liberté originaire (traité traduit de l’italien de Marc Velferus), avec des notes historiques et politiques, Amsterdam, 1705, 3 vol. in-12 ; cet ouvrage, rempli de traits satiriques, mais cependant très-propre a faire connaître le gouvernement de Venise : déplut au sénat, qui s’en plaignit à la cour de France ; on prétend même que l’auteur fut enfermé à la Bastille. 2° Histoire du concile de Trente de fra Paolo Sarpi, traduite par le sieur de la Mothe Josseval. Amelot, qui s’est caché ici sous ce dernier nom, ne fit pas sa traduction sur l’original italien, mais sur ; la version latine, peu fidèle, de Newton : aussi cette traduction a-t-elle été effacée par celle du P. le Courayer. 3° L’homme de cour, traduit de l’espagnol de Balthasar Gracian, 1684, in-1° ; le P. Courbeville, en a donné une nouvelle traduction en 1730, in-12, sous le titre de Maximes de Balthasar Gracian. 4° Le Prince, de Nicolas Machiavel. traduit de l’italien, avec des remarques, 1683, 1686, in-12. Amelot a prétendu justifier Machiavel, en soutenant qu’il dit ce que les princes font, et non ce qu’ils doivent faire, et qu’ainsi son ouvrage n’est qu’une critique de leur politique ; opinion que Niceron traite de paradoxe, et Laharpe, de rêverie. 5° La Morale de Tacite, 1686, in-12. Le mal qu’il disait de la traduction de Tacite par Perrot d’Ablancourt lui attira une vive critique de la part de Fremont d’Ablancourt, neveu de Perrot, qui y défiait Amelot, de faire une meilleure traduction. 6° Tacite, avec des notes politiques et historiques, 1692 et 1735, 10 vol. in-12 ; les 4 premiers volumes sont d’Amelot, et contiennent la traduction des 9 premiers livres qui nous restent des Annales de Tacite. Les 6 autres volumes sont de François Bruys, et sont inférieurs aux premiers. 7° Lettres du cardinal d’Ossat, Amsterdam, 1708, 5 vol. in-12. 8° Mémoires historiques, politiques, critiques et littéraires, 1722, 2 vol. in-8o ; 1737, 3 vol. in-12. M. Coqueley en a donné une nouvelle édition, 1741, 3 vol. in-12. « Amelot, dit le P. Niceron, n’est pas certainement l’auteur de tout l’ouvrage, qui ne fut imprimé qu’après sa mort. » Ces mémoires sont très-fautifs ; ils sont disposés par ordre alphabétique ; mais ce recueil est incomplet, puisqu’il ne va pas jusqu’au milieu de l’alphabet. 9° Histoire de Philippe-Guillaume de Nassau, prince d’Orange, et d’Éléonore-Charlotte de Bourbon, sa femme, avec des notes politiques, littéraires et critiques, 1754, 2 vol. in-12 ; cet ouvrage fut publié par l’abbé Sepher. 10° Abrégéi du procès fut aux juifs de Metz, avec plusieurs arrêts du parlement, 1670, in-18 ; cet ouvrage est généralement attribué à Amelot ; on en trouve la réfutation dans la Bibliothèque critique de Richard Simon, t. 1er, p. 109. Pour les autres ouvrages d’Amelot, on peut consulter le t. 35 des Mémoires de Niceron. A. B-t.


AMELOT (Sébastien-Michel), évêque de Vannes, né à Angers le 5 septembre 1711, était issu d’une ancienne famille, qui a donné un grand nombre de magistrats au parlement de Paris, un archevêque