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varié sur sa naissance ; quelques-uns prétendent qu’il fut fils de Constantin le Soldat, élu empereur dans cette île, par une armée romaine, en 407 ; mais, selon l’opinion la plus accréditée, il eut pour père un des rois que les Bretons se donnèrent après le départ des Romains, dont il tirait son origine. Il fut élevé à la cour d’Aldroën, roi de l’Armorique, d’où il revint en 457, avec 10,000 hommes, pour secourir ses compatriotes contre les Saxons, que Vortigern avait appelés dans le pays. Ses succès furent si grands, qu’après la mort ou l’abdication, de Vortigern, il fut élu souverain de toute l’Angleterre. Élevé à ce rang suprême, il se distingua, tant par sa valeur contre les ennemis étrangers, que par son habileté, dans le gouvernement. Arthur, si fameux dans les annales anglaises, apprit sous lui l’art de la guerre, et remporta plusieurs victoires sur les Saxons septentrionaux. Cependant ses succès furent mêlés de quelques revers ; la 8e année de son règne, Ambrosius fut battu par le Saxon Hengist, et par Eck, son fils. Quatre années après, il combattit, à la tête de toutes les forces de l’ile, d’autres Saxons qui y avaient fait une invasion, sous la conduite d’Ella. L’action fut sanglante et indécise ; mais, peu après, Ambrosius vainquit Hengist. Galfrid de Montmouth rapporte qu’Ambrosius mourut à Winchester, du poison que lui donna un Saxon, qui s’offrit à lui comme médecin ; mais on croit plutôt qu’il fut tué dans une grande bataille qu’il livra, en 508, à Cerdic, chef des Saxons occidentaux. Galfrid de Montmouth attribue à Ambrosius l’érection d’un fameux monument, dit Stone-Henge, en l’honneur de plusieurs Bretons d’un rang distingué, que Hengist avait fait massacrer. D-t.


AMÉDÉE, les comtes et ducs de Savoie. Voyez Savoie (maison de).


AMEDROZ (Jacob), l’un des Suisses les plus distingués de ceux qui ont servi la France, naquit à Chaux-de-Fonds, dans la principauté de Neuchâtel, en 1719, et entra, des l’âge de dix-huit ans, comme sous-lieutenant dans le régiment de Castille, dont il était lieutenant-colonel à la bataille de Rosbach. Ce régiment fut un de ceux qui, à la déroute de l’armée française, résistèrent le plus longtemps aux Prusiens, et Amedroz un des officiers qui contribuèrent le mieux à cette résistance. Il se distingua encore dans beaucoup d’occasions pendant la guerre de sept ans, où les généraux lui confièrent toujours les postes les plus périlleux. Nommé lieutenant de roi à Cassel, il y soutint un siége mémorable. Après avoir fait longtemps les plus grands efforts pour défendre les ouvrages extérieurs, il refusa constamment de signer la capitulation. Amedroz avait quitte le service de France avant le licenciement des Suisses en 1792, et il vivait dans la retraite à Neuchâtel, où il a terminé sa longue et honorable carrière, le 15 février 1812. M-d j.


AMEIL (le baron Auguste), né à Paris le 6 janvier 1775, fut, au commencement de la révolution, grenadier dans la garde nationale parisienne, et, le 17 mai 1792, sous-lieutenant dans les chasseurs de Gévaudan. Il fut, l’année suivante, adjoint à l’état-major de l’armée du Nord, et fit en cette qualité les premières campagnes de cette guerre, sous Dumouriez et sous Jourglau. Il concourut ainsi aux victoires de Valmy, de Jemmapes, de Fleurus. Il fut embarqué, en 1798, pour l’expédition d’Irlande sur le brick l’Anacréon, qui échappa aux poursuites des Anglais. Nommé, en 1799, chef d’escadron au 7e régiment de chasseurs à cheval, il fit, sous le général Brune, la campagne de Hollande contre les Anglo-Russes, passa ensuite à l’armée de Hanovre, et épousa la fille d’un habitant de ce pays ; puis à celle du Rhin, où il se distingua à la prise de Munich en octobre 1804, en prenant avec son seul escadron cent vingt hussards et trois cents chasseurs autrichiens. Dans la même campagne il fut blessé d’un coup de sabre à la figure. Son corps étant resté à l’armée d’Allemagne, il fut employé dans la guerre de Prusse et dans celle d’Autriche. Il fut blessé au bras par un boulet à la bataille d’Iéna et d’un coup de feu à la tête. le 12 mai 1809. Nommé colonel du 19e régiment de chasseurs à cheval, il conduisit ce corps en Espagne, et revint peu de temps après à la grande armée, Où il fit la campagne de Russie, et fut nommé général de brigade le 21 novembre 1812. Le 1er avril 1814, il donna son adhésion au rétablissement des Bourbons, et fut créé, le 29 juillet suivant, commandant de la Légion d’honneur, puis chevalier de St-Louis. Dans le mois de mars 181S, il fit encore de nouvelles protestations de zèle au roi Louis XVIII, et accompagna Monsieur à Lyon, lorsque ce prince s’y rendit pour s’opposer à la marche de Napoléon. Mais après la défection des troupes, Ameil s’empressa d’offrir ses services à Bonaparte, qui le chargea aussitôt de commander son avant-garde, et le fit partir pour la Bourgogne avec des instructions et des proclamations contre les Bourbons. Ameil réussit d’abord à faire passer quelques troupes et plusieurs autorités dans le parti de Bonaparte ; mais à Auxerre il rencontra des royalistes zélés, qui le firent arrêter et l’envoyèrent à Paris sur sa parole. Alors Ameil, changeant de système, alla se jeter aux pieds de Monsieur et du duc de Berri, faisant l’aveu de ses torts et promettant d’être fidèle aux Bourbons. Ces princes reçurent encore une fois ses promesses avec beaucoup de confiance, et lui rendirent son épée ; mais le ministre de la guerre, Clarke, qui probablement ne crut pas de même à ses protestations, le fit arrêter au moment où il sortait des Tuileries. Ameil se trouvait à la prison de l’Abbaye, lorsque Napoléon entra dans la capitale. Il n’hésita pas à se ranger de nouveau sous les drapeaux de son ancien maître, et il commandait un corps de cavalerie à Waterloo. Après cette défaite, il faisait partie de l’armée de la Loire, en juillet 1815, lorsqu’il écrivit au roi la lettre suivante : « Frappé des malheurs de la France ; convaincu qu’ils ne peuvent finir que par la réunion de tous les Français ; persuadé que Votre Majesté épargnera à la nation et à l’armée toute réaction, et toutes poursuites pour actes et opinions politiques, j’adresse respectueusement à Votre Majesté l’assurance de ma soumission ; je lui offre mes services pour la défense