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l’héritage ont plutôt les espérances de ses prédécesseurs, et fut couronné roi de Jérusalem, dans la ville de Ptolémaïs, l’an 1194. Henri VI, empereur d’Allemagne, avait envoyé une armée en Palestine, et les croisés allemands eurent d’abord quelques avantages ; mais, rappelés en Europe, après la mort de Henri, ils laissèrent Amaury en butte à toutes les forces des Sarrasins. Les faibles restes de son royaume ne furent sauvés que par la division qui régnait alors dans la famille de Saladin. Amaury sollicita plusieurs fois les secours de l’Europe chrétienne ; une croisade fut prêchée dans tout l’Occident ; mais les croisés allèrent assiéger Constantinople, et ne songèrent plus aux serments qu’ils avaient faits de délivrer Jérusalem. Lorsque le petit nombre de guerriers qui défendaient la Palestine eut appris la conquête de Byzance, ils accoururent dans cette ville, dont on leur avait vanté la richesse. Amaury resta presque seul à Ptolémaïs, et il y mourut en 1205, laissant le royaume de Chypre à son fils, Hugues de Lusignan, et le vain titre de reine de Jérusalem, à Marie, fille d’Isabelle. M-d.


AMAZIAS. Voyez Amasias.


AMBERGER (Christophe), peintre de Nuremberg, fut disciple de Holbeins le jeune, et imita fort heureusement sa manière : il dessinait correctement, disposait bien ses figures, excellait dans la perspective, et ne manquait pas d’un beau coloris. l’histoire de Joseph, en douze tableaux, est sa meilleure composition. La galerie royale de Munich conserve plusieurs de ses ouvrages. Charles-Quint l’attira à Augsbourg, en 1530, et en faisait si grand cas, qu’il le mettait souvent à côté du Titien : mais cette comparaison prouvait plus contre le goût de l’Empereur qu’en faveur de l’artiste. On a gravé, d’après Amberger, la Décollation de St. Jean-Baptiste, en demi-figures. G-é.


AMBÉRIEU (Pierre Dujat d’), né en 1738 dans le bourg d’Ambérieu en Bugey, dont il fut le seigneur, se fit remarquer par son goût pour les lettres et spécialement pour la poésie légère, on il obtint quelques succès de société. Il se réfugia en Suisse pendant les orages de la révolution, et vint ensuite se fixer à Lyon, où il fut membre du conseil municipal. C’est en cette qualité qu’ayant été appelé à paraitre devant Bonaparte revenu de l’ile d’Elbe en mars 1815, il s’y refusa positivement. Nommé président du collège électoral du département de l’Ain, après le second retour des Bourbons, il y prononça un discours fort remarquable par l’énergie des opinions, et qui a été imprimé. On a encore de lui un petit opuscule en verset en prose, très-ingénieux, intitulé les Singes, qui n’a été tiré qu’à un petit nombre d’exemplaires. D’Ambérieu est mort à Lyon, le 24 octobre 1821. — Son fils a composé quelques romances, et, avec Mouton de Fontenille, une Flore imprimée citez Bruyset. M-d j.


AMBILLOU. Voyez Bouchet.


AMBIGAT. Voyez Bellovèse.


AMBIORIX, roi des Éburons, peuples des Gaules, entre la Meuse et le Rhin, régnait conjointement avec Cativulcus, lorsque César commença la conquête des Gaules, l’an 58 avant J.-C. Pour s’attacher Ambiorix, le général romain le déchargea du tribut qu’il payait aux Atuaticiens, qui habitaient le pays de Namur. Son fils et les fils de son frère, retenus par ces peuples comme otages, lui furent renvoyés ; mais ces bienfaits ne purent calmer la haine dont Ambiorix était animé contre les Romains. Excité d’ailleurs par Indutiomare, roi de Trèves, il projeta de se soulever, et d’entrainer toute la Gaule, qui supportait impatiemment le joug des légions romaines. César, revenu de son expédition contre les Bretons, était alors à Amiens, et venait de mettre son armée en quartier d’hiver. L’isolement des légions donna l’idée aux Gaulois de les attaquer séparément, en employant à la fois la ruse et la force. Ambiorix et Cativulcus étaient allés au-devant de Sabinus et de Cotta, lieutenants de César, et leur avaient fourni des vivres, afin de donner moins de défiance aux Romains, renfermés alors dans leur camp. Peu de temps après, ceux-ci étant sortis sans précaution pour couper du bois, Ambiorix fondit sur eux, et en fit un grand carnage ; il courut ensuite attaquer leurs retranchements ; mais, avant été repoussé avec perte, il entra en pourparlers, et dit aux généraux romains que ce qui venait de se passer ne s’était pas fait par ses ordres, mais qu’il n’avait pu contenir la fureur des Gaulois ; et, feignant d’être très-attache aux Romains, il conseilla à Sabinus de songer à sa retraite, parce que les Germains, qui venaient de passer le Rhin en grand nombre, ne tarderaient pas à tomber sur lui. Les deux lieutenants de César, après quelques hésitations, sortirent de leur camp, avec aussi peu de précaution que si l’avis leur fût venu du plus fidèle ami des Romains. Ambiorix, qui avait divisé son armée en deux corps placés en embuscade dans les bois, fond tout à coup sur les Romains, et les taille en pièces. Enflé de cette victoire, il part avec sa cavalerie pour se rendre chez tous les peuples de la contrée, et il les détermine à prendre les armes, et à voler à l’improviste au camp de Quintus Cicéron, frère de l’orateur. Il se mit lui-même à leur tête, attaqua les retranchements de Quintus, et donna plusieurs assauts. Ne pouvant les emporter, il tenta vainement de tromper Cicéron, comme il avait trompé Cotta et Salvinus. César instruit du danger de Quintus Cicéron, marcha à son secours avec deux légions. À son approche, Ambiorix quitte le siége, et va au-devant de César avec toutes ses troupes, au nombre de 60,000 hommes. César, feignant de le redouter, se renferma dans ses retranchements : et Ambiorix, attiré ainsi par la ruse, les fit escalader. Tout à coup César sort de son camp avec 7,000 hommes : et les Gaulois, surpris et mis en fuite, sont taillés en pièces. Ambiorix ne trouva de salut que dans ses États. La défaite et la mort d’Indutiomare, qui avait soulevé les Trévisiens, porta l’épouvante parmi les Éburons, qui s’étaient. de nouveau ralliés sous les ordres d’Ambiorix : ils se dispersèrent, et César fut un instant paisible maître des Gaules ; mais Ambiorix