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à Naples en 1682. Ayant terminé ses études, il reçut le laurier doctoral dans les facultés de droit et de théologie. Quelque temps après il fut créé protonotaire et admis dans la congrégation des missions apostoliques. Nommé, en 1707, premier chapelain du Château-Neuf il fit en cette qualité la visite de toutes les églises et chapelles royales. Il mourut à Naples, le 15 novembre 1729, à l’âge de 47 ans. Il possédait les principales langues anciennes et modernes, et avait des connaissances assez étendues dans plusieurs sciences. On a de lui des dissertations curieuses pour le sujet et pleines d’érudition : 1o de opobalsami Specie ad sacrum chrisma conficiendum requisita, Naples, 1722, in-8o, réimprimé la même année avec des additions ; 2o de piscium ulque arium esus Consuetudine apud quosdam Christi fideles, in antepaschalt jejunio, ibid., 1723, in-12 ; 3o Dissertatione quatuor : de causis ex antiquis fidei symbolis Nicœno et Constantinopoli, articulus ille : descendit ad inferos, fuerit prœtermissus — de inferni Situ ; — quomodo Christus in utima cæna eucharistiam benedixerit, et utrum uno aut pluribus calcibus usus fuerit ; — de Ritu quo in primitiva Ecclesia fideles ; sanctam eucharistiam percepturi manibus excipiebant, 1728, in-4o. Dans la seconde de ces dissertations, Amato réfute Jer. Swinden, qui plaçait l’enfer dans le soleil. (Voy. Swinden.) On trouve des détails sur Amato dans la Bibliothèque italique, t. 7, p. 265, et dans les Mémoires de Niceron, t. 17, p. 78. Il avait laissé plusieurs ouvrages manuscrits. W-s.


AMATUS Lusitanus (Jean-Rodrigue Amato), plus connu sous le nom d’), médecin portugais, juif d’origine, naquit, en 1511, à Castel-Bianco, étudia la médecine à Salamanque, voyagea en France, dans les Pays-Bas, en Allemagne, en Italie, et professa la médecine avec succès dans les villes de Ferrare et d’Aucône. Son attachement au judaïsme l’ayant rendu suspect au clergé catholique, il n’échappa aux poursuites de l’inquisition qu’en se réfugiant à Pésaro, en 1533, de la à Raguse, et enfin à Thessalonique. À compter de 1561, il n’est plus fait mention de cet auteur, et l’on ignore l’année et le lieu de sa mort. C’était un érudit d’un esprit pénétrant et solide. On a de lui : 1o Exegemata in priores duos Dioscoridis de materia medica libros, Antverpiæ, 1536, in-4o. Il reproduisit cet ouvrage avec des augmentations et changements considérables, sous le titre de Enarrationes in Dioscoridem, Venise, in-8o ; réimprimé à Strasbourg en 1554, et à Lyon en 1557. Le savant Constantin ajouta des notes à cette dernière édition. Plusieurs points de l’histoire de la matière médicale exotique sont assez bien éclaircis par Amatus. On y trouve un petit nombre de plantes décrites pour la première fois, mais, d’un autre côté, l’auteur a commis beaucoup d’erreurs ; et Mathiole, qu’il avait attaque indiscrètement, releva ses méprises avec aigreur, dans l’Apologia adversus Amatum, Venise, 1537, in-fol. Mathiole alla jusqu’à signaler son adversaire comme un apostat, qui n’était chrétien qu’en apparence. reproches pouvaient avoir des suites fâcheuses pour Amatus ; et il est probable qu’ils le déterminèrent à se retirer à Thessalonique, où il justifia les inculpations de Mathiole, en y professant ouvertement le judaïsme. Amatus se proposait de publier une édition complète de Dioscoride, avec des notes dans lesquelles il aurait répondu à Mathiole ; ce projet n’a pas été exécute, ; et l’on doit en avoir peu de regrets. 2o Curationum medicnaliuù Centuriæ septem, quibus prœmittitur commentatio de introitu medici ad ægrotatem, deque crisi et dicbus criticis. Ces centuries furent publiées d’abord séparément, et en des temps différents ; la 1re, à Florence, 1551, in-fol. : la 2e, à Venise, 1553. in-12 ; les autres, successivement à Ancône, Rome, Raguse, Thessalonique, etc. L’auteur, dans cet ouvrage, fait preuve d’une connaissance profonde de Galien, d’Hippocrate et des Arabes, a répandu de bonnes observations sur quelques maladies rares, et des remarques physiologiques et chirurgicales, dignes d’être citées ; cependant il demande à être lu avec doute et circonspection ; car il est fortement soupçonné d’avoir souvent controuvé les faits. Ces centuries ont ensuite été réunies, et il y en a plusieurs éditions, Lyon, 1580, in-12 ; Paris, 1613, 1620, in-4o ; Francfort, 1646, in-fol. etc. L’auteur devait en ajouter encore trois autres ; on ne sait pourquoi il n’a pas exécuté ce projet. Amatus avait entrepris des commentaires sur Avicenne ; mais il perdit son manuscrit dans sa fuite précipitée d’Ancône, où le persécutait, le pape Paul IV. D. Antonio, dans sa Bibliothèque espagnole, dit qu’Amatus avait traduit en espagnol l’histoire d’Eutrope ; mais il paraît que cet ouvrage n’a pas été imprimé. Astruc a fait, sur la vie de ce médecin, des recherches dont il a publié le résultat dans son traité de Morbis veneris. C. et A-n.


AMAURI, dit de Chartres, natif de Bène, dans le pays Chartrain, vers la fin du 12e siècle, après s’être fait une réputation à Paris dans l’enseignement de la logique et des arts libéraux, entreprit de professer la théologie, et d’expliquer l’Écriture sainte suivant une nouvelle méthode. Les livres d’Aristote, apportés depuis peu de Constantinople, lui donnèrent du goût pour les opinions singulières. Il imagina un système de religion qui n’aurait été que ridicule dans un siècle éclairé, mais qui alors fut regardé comme dangereux. On ne l’attaqua cependant juridiquement, pendant sa vie, que sur une proposition dans laquelle il disait « que tout fidèle, pour être sauvé, doit croire fermement qu’il est membre du corps de Jésus-Christ. » Cette proposition équivoque excita de grandes rumeurs, parce qu’on la regarda comme une suite du panthéisme, auquel on croyait que se réduisait toute la doctrine d’Amauri. Il reconnaissait, à la vérité, un être suprême, nécessaire, infini ; mais il ne le distinguait pas de la matière. Il admettait trois personnes en Dieu, qui partageaient successivement entre elles l’empire du monde. Le règne du Père avait duré tout le temps de la loi mosaïque ; celui du Fils subsistait depuis le commencement de la loi évangélique, et devait expirer à la fin du 12e siècle, pour laisser le gouvernement de l’univers au St-Esprit, jusqu’à la consommation des siècles. Sous cette dernière