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le plus complet que l’on connaisse. Ce dictionnaire, intitulé : Amara Kocha (Trésor d’Amara), est divisé en sections, et non par ordre alphabétique. On y trouve successivement les noms des dieux, des astres, des éléments, des objets impalpables, des sciences, des couleurs, de la terre, du monde, des montagnes, des fleuves, des arbres, des plantes, des animaux, des hommes, des tribus indiennes, des sacrifices, de l’agriculture, etc., etc. La dernière section, intitulée : Nanartha-Varga, contient les mots qui ont plusieurs significations. Les adverbes et les mots indéclinables forment la section intitulée : Avia-Varga. Ce célèbre dictionnaire est écrit en vers : il en existe des traductions ou explications en différentes langues indiennes, telles que le tamoul, le malabar, etc. Dans le midi de l’Inde, il y a une glose de ce dictionnaire, connue sous le nom de Tamouch-Koutta. Le P. Paulin de St-Barthélemy en publia, à Rome, en 1798, la première partie, en caractères tamouls, sous ce titre : Amara-Singha, sectio prima. de cœlo, ex tribus ineditis codicibus manuscriptis, Romæ, apud Fulgonium, in-4o. Quoique ce volume ne soit pas très-considérable, ce n’est pas un des ouvrages les moins importants du P. Paulin. Nous possédons à la bibliothèque royale un exemplaire du dictionnaire d’Amara-Singha, sous les no 33, 38, 39 du catalogue des manuscrits sanscrits. L-s.


AMARAL (André), Portugais, chancelier de l’ordre de St-Jean de Jérusalem, était plein de courage et habile dans la marine, mais envieux et fier. Chargé, en 1510, avec le commandeur Villiers de l’Isle-Adam, d’une expédition contre la flotte du soudan d’Égypte, il mit en mer avec les galères de la religion, et eut avec son collègue de violents démêlés, qui auraient fait échouer l’entreprise, si Villiers de l’Isle-Adam, plus modéré, n’eut cédé à l’avis d’Amaral, qui fut, au reste, couronné d’une victoire complète. À la mort de Fabrice Carette, grand maître de l’ordre, Amaral demanda avec hauteur cette dignité ; mais sa présomption et le mépris qu’il faisait de ses rivaux lui attirèrent un refus unanime, et les suffrages se réunirent en faveur de Villiers de l’Isle-Adam. Amaral en fut outré, et, dans sa colère, il lui échappa de dire que l’Isle-Adam serait le dernier grand maître qui régnerait à Rhodes. On prétend qu’ayant gagné un esclave turc, il l’envoya à Constantinople, pour exhorter Soliman à former le siége de Rhodes. Cette place, dont les Turcs ambitionnaient depuis longtemps la possession, ne tarda pas à être investie par les forces de terre et de mer. On croit que Soliman, fatigué de la résistance courageuse des chevaliers de Rhodes, aurait levé le siége, si Amaral ne lui avait fait connaître par des avis secrets les endroits les plus faibles de la place, et ne l’eût informé que les assiégés manquaient de vivres et de munitions. De violents soupçons s’étant élevés contre Amaral, il fut arrêté par ordre du grand maître, et appliqué à la question, sur la déposition de son propre domestique. Il soutint la torture, et s’obstina à ne rien avouer ; ce qui ne put le soustraire à la mort. Condamné à avoir la tête tranchée, il vit les apprêts de son supplice avec calme, et mourut le 5 novembre 1522. « Les services qu’Amaral avait rendus à la religion, dit Vertot, sa fermeté au milieu des plus cruels tourments de la question, tout cela aurait pu balancer la déposition d’un domestique ; et peut-être qu’on n’aurait pas traité si rigoureusement le chancelier de l’ordre, si, quand il s’agit du salut publie, le seul soupçon n’était pas, pour ainsi dire, un crime que la politique ne pardonne guère. » B-p.


AMARAL (Antonio-Cartano do), savant portugais, connu par ses recherches sur l’histoire de la législation de son pays, né vers 1753 et mort à Lisbonne en 1820, a publié plusieurs mémoires insérés dans ceux de l’académie des sciences de Lisbonne. Celui dans lequel il traite de la forme du gouvernement et des mœurs des peuples qui ont habité la Lusitanie, depuis les temps les plus anciens jusqu’à l’établissement de la monarchie portugaise, est inséré dans le premier volume de cette collection, qui parut en 1792 ; le second est inséré dans le deuxième volume, et le troisième se trouve dans le sixième. L’auteur y examine l’état civil de la Lusitanie puis l’invasion des peuples du nord jusqu’à celle des Arabes. Le quatrième mémoire, faisant suite aux précédents, a paru dans le septième volume de la collection. Amaral a ensuite publié, dans l’Historia e Memorias da academia real das sciencias de Lisboa, vol. 1er, 1797 : 1o  Mémoires pour servir à l’histoire de la législation et des mœurs du Portugal ; 2o  État de la Lusitanie jusq’au temps où elle a été réduite en province romaine. Il a, par ordre de la même académie, dirigé la publication de l’ouvrage inédit de Diogo de Couto intitulé Soldado pratico (soldat pratique), où ce célèbre historien, qui avait résidé longtemps dans l’Inde, expose les principales causes de la décadence des Portugais en Asie, Lisbonne, 1790, 1 vol. in-8o. C-o.


AMARITON (Jean), jurisconsulte du 16e siècle, natif de Nonette, en Auvergne, fut d’abord collègue de Cujas dans l’université de Toulouse, d’où il vint à Paris exercer la profession d’avocat, s’y fit un nom dans la consultation, fut mis en prison par les ligueurs, et y mourut, en 1590. Ses commentaires sur les Épîtres de Cicéron et d’Horace parurent à Paris en 1553, et ses notes sur le 39e livre d’Ulpien, à Toulouse, en 1554. Ses autres manuscrits furent perdus dans le pillage de sa maison. Il descendait d’un Pierre Amariton, chancelier de Jean, duc de Berri et d’Auvergne, et frère de Charles V. N-l.


AMASA, neveu de David. Voyez Joab.


AMASEO (Romolo), fils de Grégoire Amaseo, professeur de langue latine à Venise, fut un des plus célèbres littérateurs italiens du 16e siècle. Né à Udine en 1489, son père et son oncle furent ses premiers maîtres : il finit ensuite ses études à Padoue, et y enseigna lui-même les belles-lettres, en 1508 ; mais la guerre occasionnée par la ligue de Cambray le força d’en sortir l’année suivante. Il se retira à Bologne, continua de professer, s’y maria, eut plusieurs enfants, et obtint que cette ville lui rendit les droits de cité que ses ancêtres y avaient eus autrefois. Il