Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/571

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
555
AMA

qui avait plus que jamais besoin de la présence de son chef, et alla en Espagne faire la guerre aux Maures. Il a laissé une relation en latin de cette expédition. Revenu de cette autre croisade, il voulut faire ériger le diocèse de Narbonne en principauté ; et, ses prétentions n’ayant pas été accueillies par Simon de Montfort, il abandonna ses intérêts pour épouser ceux du comte de Toulouse. En 1224, il présidait le concile de Montpellier, assemblé pour écouter les plaintes de Raimond. Il mourut l’année suivante, et son corps fut transporte à Citeaux, où les moines lui firent ériger un mausolée. M-d.


AMALRIC (Augeri), historien ecclésiastique du 14e siècle, dédia au pape Urbain V, élu en 1362, une histoire des papes, sous le titre de Chronicon pontificale, pour laquelle il se vantait d’avoir consulté plus de deux cents écrivains. Cette histoire va jusqu’au pape Jean XXII. D-t.


AMALTHÉE (Paul), le premier de ce nom et de cette famille qui se soit illustré dans la carrière des lettres, naquit à Porderone, dans le Frioul, vers l’an 1460 ; il entra dans l’ordre des frères mineurs, et fut professeur de belles-lettres dans sa patrie, puis à Bellune, à Trente, et enfin à Vienne en Autriche, où il fut couronné poëte par l’empereur Maximilien, honneur qu’il mérita par ses poésies latines, dont quelques-unes ont été imprimées ; les autres sont restées manuscrites à Venise, dans la bibliothèque de St-Michel de Murano. Paul Amalthée fut assassiné à Vienne en 1517, sans que l’on ait pu savoir comment, ni pour quel motif. G-é.


AMALTHÉE (Marc-Antoine), frère du précédent, naquit en 1475, et se fit aussi connaître par ses talents poétiques en Autriche et en Hongrie. Il fut ensuite professeur dans plusieurs villes du Frioul, et mourut à Pordenone, en 1558, âge de 83 ans. On conserve, en manuscrit, un volume entier de ses poésies latines, à Venise, dans la même bibliothèque qui possède celles de Paul. G-é.


AMALTHÉE (François), frère cadet des deux précédents, se distingua comme eux par son talent poétique, et professa, comme eux. les belles-lettres à Pordenone, à Oderzo, à Sacile. On trouve un petit poëme latin de lui dans le 2e volume du premier Recueil d’opuscules de Calogero. Il écrivit aussi, en latin, des harangues et quelques dissertations historico-littéraires ; mais il se rendit, dans un autre genre, plus utile à la société que ses frères ; il se maria en 1505, et de ce mariage sortirent les trois Amalthée qui ont donné à ce nom le plus d’éclat. G-é.


AMALTHÉE (Jérôme) né en 1506, fils aîné de François, fut médecin, philosophe, et célèbre poëte latin. Il enseigna pendant plusieurs années la médecine et la philosophie morale dans l’université de Padoue, revint ensuite dans le Frioul, et professa dans plusieurs villes jusqu’à sa mort, arrivée le 24 octobre 1574. Il laissa deux fils, Octave et Attilius, dont il sera parlé plus bas, et une fille, qui épousa Jérôme Aléandre, le jeune. (Voy. Aléandre.) Le savant Muret reconnaissait Jérôme Amalthée pour le premier poëte et le plus habile médecin de l’Italie. Ses poésies parurent d’abord éparses dans plusieurs recueils et furent ensuite réunies avec celles de ses deux frères, par Jean Matth. Toscano, dans ses Carmina illustrium poetarum italorum, Paris, 1576. Aléandre les fit réimprimer, avec les siennes, à Venise, en 1627, in-8o. Enfin, le savant Grævius en donna une édition à Amsterdam, chez Westen, 1684, in-12 ; elles y reparurent, en 1718, in-8o, et furent insérées depuis, avec la préface de Grævius, dans la belle édition des œuvres latines de Sannazar, Amsterdam, 1728, in-8o, qui fait suite aux éditions Variorum. C’est de Jérôme Amalthée qu’est cette charmante épigramme, tant de fois traduite dans toutes les langues, et que Muratori trouvait si parfaite, qu’il ne pouvait croire qu’elle ne fut pas une traduction du grec (Della perfetta Poesia italiana, t. 2, p. 411) :

Lumine Acon dextro, capta est Leonilla sinistro :
Et poterat forma vincere uterque Deos.
Parve puer, lumen quod babes concede sorori,
Sic tu cæcus Amor, sic erit illa Venus.

Le P. Niceron, Moreri, et plusieurs autres auteurs français, ont parlé de Jérôme avec beaucoup d’éloges. On petit voir aussi ce qu’ont dit de lui, et des autres Amalthée, Mazzuchelli, et Lirati dans ses Notices des Écrivains du Frioul. — Octave Amalthée, fils aîné de Jérôme, né à Oderzo, en 1543, après avoir professé la philosophie à Padoue, prit, comme son père, l’état de médecin, et mourut à Venise, âgé de 83 ans. On a de lui quelques ouvrages en prose et en vers, imprimés dans le Recueil d’opuscules scientifiques et philologiques de Calogera. — Attilius, second fils de Jérôme, né à Uderzo en 1550, prit l’état ecclésiastique. Grégoire XIII lui confia des emplois distingués, et Clément VIII, plusieurs nonciatures importantes ; il fut fait archevêque d’Athènes, et mourut à Rome, en 1655. G-é.


AMALTHÉE (Jean-Baptiste), frère de Jérôme, naquit à Uderzo en 1525. Les bonnes études qu’il fit à Padoue le mirent en état d’être appelé, dés l’âge de vingt ans, à Venise, pour y instruire dans les belles-lettres les enfants de la noble et riche famille Lippomano. Il continua d’étudier avec une égale ardeur les trois langues, grecque, latine et italienne, la philosophie, la théologie et la jurisprudence. Étant passe en Angleterre, en 1554, à la suite de l’ambassade vénitienne, il fut secrétaire de la république de Raguse, puis appelé à Rome, et secrétaire du pape Pie IV ; il était, en 1567, à Milan, avec le fameux cardinal Charles Borromée ; il mourut à Rome, en 1575, n’étant âgé que de 48 ans. Ses poésies latines ne le cèdent en élégance à celles d’aucun autre poëte de son temps ; elles furent réimprimées, avec celles de ses frères, dans les éditions de Paris et d’Amsterdam citées à l’article précédent, et depuis encore, à Bergame, en 1753, par le savant abbé Serassi, qui y a joint un éloge historique de Jean-Baptiste Amalthée. Quelques-unes de ses épigrammes latines ont été traduites en vers italiens par J. B. Vicini. et publiées avec la traduction du Temple de Gnide de Montesquieu, du même poëte, Londres (Venise), 1761. G-é.


AMALTHÉE (Corneille), frère puiné de Jérôme