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dallah, n’était pas moins ennemie de celle d’Ali que des Ommiades, et passait de reste pour être sujette a la folie. J-n.


ABDALLAH, père de Mahomet, né en Arabie, était de la célèbre tribu des Coreich, et fut plus distingué par sa beauté et la pureté de ses mœurs que par ses richesses. Abdel-Mothaleb, son père, dont il avait mérité toute la tendresse, le chargea d’acheter pour leur stérile patrie les provisions dont elle manquait. Abdallah partit et s’avança jusqu’à Yatreb (aujourd’hui Médine), où il mourut, ne laissant, pour héritage à son fils, âgé de deux mois, que cinq chameaux et une esclave éthiopienne. Selon les auteurs arabes, Abdallah fut recherche par une reine de Syrie, charmée de sa beauté et de ses vertus ; mais il est évident que, pour donner quelque éclat à l’origine de leur prophète, ces auteurs ont environné l’histoire de son père d’autant de fables que celle de Mahomet lui-même. J-n.


ABD-ALLAH ibn Saad, ibn Abou-Sarah, général arabe, issu de la tribu d’Amer, l’une des plus considérables familles des Koraïschites, était frère de fait d’Othman ibn Affan, qui fut depuis le 4e calife. (Voy. Othman ibn Affan.) Ayant embrassé l’islamisme longtemps avant la conquête de la Mecque par Mahomet, il avait mérité par ses talents calligraphiques l’honneur d’écrire, sous la dictée du législateur des musulmans, les révélations qui composent les divers chapitres du Coran. Un jour que Mahomet lui dictait le chapitre intitulé : des Fidèles, Abd-Allah ayant écrit le verset 14 : Nous avons créé l’homme d’un limon plus pur, jusqu’à ces mots : Ensuite nous avons formé Mahomet en une autre créature, il s’écria, transporte d’admiration : Béni soit Dieu, qui est le meilleur des créateurs ! Chargé par Mahomet d’écrire aussi ces paroles comme descendues du ciel, il se crut aussi grand que son maître, se mit à falsifier et à corrompre des mots qui altéraient le sens du Coran, et alla même jusqu’à tourner le prophète en ridicule, répétant partout : « Il ne sait ce qu’il dit. » Ses manœuvres furent enfin découvertes ; il n’osa plus rester à Médine, et retourna à la Mecque, où il renonça à l’islamisme, et se joignit aux ennemis du prophète. Il se rendit si odieux à Mahomet, que c’est contre lui, s’il faut en croire les commentateurs du Coran, que fut dirigé un passage du chapitre 6. Le jour de la prise de la Mecque, l’an 8 de l’hégire (630 de J.-C.), Abd-Allah, pressé par ses remords et effrayé d’apprendre qu’il était un des dix-sept proscrits désignés par le vainqueur, alla chercher aide et protection chez Othman, qui, l’ayant gardé pendant les premiers moments du tumulte, le présenta ensuite à Mahomet et implora sa grâce. Le prophète, cédant aux instances d’Othman, pardonna au coupable, qui renouvela sa profession de foi, et fut regardé depuis comme un des plus zélés musulmans. Abd-Allah prit sans doute une part honorable aux conquêtes des Arabes en Syrie, sous les règnes des califes Abou-bekr et Omar (voy. ces articles) ; mais on ne voit figurer son nom que lorsque le vainqueur de l’Égypte, Amrou, qui en était resté gouverneur, forma le projet de porter la guerre en Nubie. Abd-Allah fut chargé de cette expédition. À la tête de 20,000 hommes il pénétra dans cette contrée, et il aurait obtenu des succès s’il n’eût été rappelé, peu de temps après par Amrou. Othman, étant parvenu au califat ; priva du gouvernement de l’Égypte, l’an 25 (645), Amrou qu’il n’aimait pas, et en investit Abd-Allah ibn Saad, justifiant ainsi l’opinion du calife Omar sur le compte d’Othman, trop porté, disait-il, à favoriser ses parents et ses amis. Le nouvel émir soumit la Libye, d’où il envoya à son souverain 1500 mille pièces d’or, pour sa part d’un cinquième dans le butin provenant des richesses du roi qu’il avait tué. Il administra ce pays pendant l’absence d’Abd-Allah ben Nafe, était allé ravager les côtes et les iles d’Espagne. De retour en Égypte, Abd-Allah ibn Saad joignit sa flotte à celle de Moawiah, gouverneur de Syrie, pour attaquer l’île de Chypre et forcer les habitants à payer un tribut de 7,000 pièces d’or. Les Nubiens, ayant violé le traité qu’Abd-allah avait conclu précédemment avec eux, ravageaient depuis quelques années le Saïd : cet émir usa de représailles, et vint en personne mettre le siége devant Donkola, leur capitale. Les pierres que lançaient ses machines de guerre ayant fait écrouler leur principale églises, les habitants furent saisis d’épouvante, et leur roi Kalidourot, demanda la paix. Abattu, humilié, il vint s’aboucher avec le général arabe, qui le releva, le rassura et signa avec lui un nouveau traité, par lequel le prince nubien s’obligea d’approvisionner l’Égypte d’un grand nombre d’esclaves noirs. Abd-Allah étant venu trouver le calife à Médine, pour le défendre contre la faction d’Ali, avait laissé en Égypte son lieutenant, qui en fut chassé par Mohammed ibn Hanifa, l’un des chefs des rebelles. Abd-Allah voulut alors rentrer en Égypte ; mais n’ayant pu y pénétrer ni retourner à Médine, où Othman venait de succomber sous les coups de ses ennemis, il fut obligé de s’arrêter à Ascalon où Ramlah, et il y mourut l’an 36 ou 37 de l’hégire (656 ou 657). Excellent cavalier, il conserva jusqu’à la fin sa passion pour les chevaux, et récita avant d’expirer le chapitre centième du Coran, intitulé : les Chevaux courants. A-t.


ABDALLAH, oncle d’Aboul-Abbas Al-Saffah, le premier des califes abbassides, rendit de grands services à cette dynastie par sa bravoure. Ce fut lui qui vainquit, à la bataille du Zab, le calife Mérouan, et renversa par cette victoire la dynastie des Ommiades. (Voy. Mérouan.) Mais il se déshonora par des cruautés envers les vaincus. Plusieurs princes de la maison des Ommiades étant venus auprès de lui, se fiant à son serment, Abdallah les invita à un grand festin, et lorsqu’ils furent rangés autour de la table, des assassins apostés les firent périr ; aussitôt des tapis étendus sur leurs cadavres servirent de table aux meurtriers. Abdallah ne respecta pas même l’asile des morts : il fit ouvrir à Damas les tombeaux des Ommiades, et le corps du calife Hecham ayant été trouvé intact, il le fit mettre en croix, brûler, et ses cendres furent jetées au vent. Après la mort d’Al-Saffah, qui l’avait fait gouverneur de Syrie, Abdallah manifesta ses prétentions à la couronne, et se fit dé-