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coups de son barbare mari. Childebert ne demandait qu’un prétexte pour reprendre le Languedoc ; il entra avec une puissante armée dans les États de son beau-frère, qui, étant venu à sa rencontre, fut battu et tué d’un coup de lance, à Narbonne, au moment où il y rentrait pour enlever ses trésors. C’était un prince lâche, avare et cruel. En lui finit la race des Théodomes, qui régna 111 ans sur les Visigoths. Cette monarchie, héréditaire jusqu’alors, devint élective, et se concentra en Espagne. Theudis succéda à Amalaric. B-p.


AMALASONTE (Amalsventa), reine des Ostrogoths en Italie, était fille unique de Théodoric Ier, et d’Audéfleda, fille du roi Childéric. Son père lui donna pour époux, en 515, Eutharic Cilicus, qui, comme lui, était descendu de la dynastie des Amales, rois des Goths, au commencement du 4e siècle ; mais ce prince mourut avant son beau-père, laissant un fils d’Amalasonte, nommé Athalaric, qui, à la mort de Théodoric, en 526, lui succéda sous la tutelle de sa mère. Amalasonte est accusée d’avoir empoisonné sa mère. Elle choisit pour principal ministre et pour secrétaire Cassiodore, Romain qui s’efforçait de communiquer aux Goths les usages et les mœurs de ses compatriotes, de leur inspirer quelque respect pour les arts, pour les lois, et pour ce qui restait encore d’une antique civilisation. Amalasonte poursuivit le plan que son père s’était tracé pour réconcilier le peuple conquis au peuple conquérant, et pour fondre les deux nations en une seule ; elle témoigna, pour les lettres et pour les lois, un respect qu’elle communiquait ainsi aux vainqueurs de Rome ; enfin, elle apporta dans l’administration et dans ses relations avec les autres puissances assez de vigueur pour qu’un peuple guerrier ne dut point avoir de honte d’obéir à une femme ; réparant, autant qu’il dépendait d’elle, les dernières rigueurs de Théodoric, elle rendit aux fils de Simmaque et de Boëce les biens de leurs pères, confisqués après leur supplice. Elle voulut aussi que son fils participât aux connaissances des Romains, et qu’il fût instruit dans les arts libéraux ; mais l’éducation, pendant cinq siècles de despotisme, avait pris quelque chose de servile. Les précepteurs qu’elle donna à son fils employèrent la crainte pour lui inculquer la science, et elle-même punit un jour une de ses fautes par un soufflet. Ce n’était pas ainsi que les Goths avaient coutume d’élever leurs enfants ; ils ne voulaient pas qu’une seule offense impunie laissât dans leur âme un souvenir d’humiliation ou de crainte. « Celui qui aura tremblé devant la férule d’un pédagogue, disaient-ils, ne regardera jamais sans crainte le fer des ennemis. » Ils obligèrent Amalasonte à écarter de son fils, ses précepteurs lettrés, et à l’entourer de jeunes gens qui rivalisaient avec lui dans les exercices du corps ; ceux-ci l’entrainèrent dans de tels excès d’ivrognerie et de débauche, qu’ils détruisirent sa santé, et il mourut en 534. Amalasonte, pour conserver le trône après la mort de son fils, offrit de le partager avec Théodat, fils d’une sœur de Théodoric, et dernier héritier de la famille des Annales (voy. Théodat) ; mais elle avait précédemment

offensé cet homme lâche, avare et perfide, qui, dès qu’il l’eut épousée, écarta d’elle ses partisans et ses ministres, la chassa de Ravenne, en 535, la fit enfermer dans une ile du lac de Roisena, et permit à ceux qui avaient quelque vengeance à exercer contre elle de la poursuivre et de l’étrangler. La mort d’Amalasonte servit de prétexte à la guerre que Justinien déclara aux Ostrogoths. S. S-i.


AMALBERGUE, fille de Théodoric. Voyez Hermenfroi.


AMALECH, fils d’Eliphaz. Voyez Esau.


AMALFI (Constance d’Avalos, duchesse d’), dame illustre du 16e siècle, et l’une de celles qui cultivèrent alors avec le plus de succès la poésie italienne, était née à Naples, d’Ænicus, ou Innico d’Avalos, marquis del Vasto, et de Laure San-Severina. Ayant épousé Alphonse Piccolomini, duc d’Amalfi, elle resta veuve de très-bonne heure et sans enfants. Sa conduite lui concilia l’estime générale. Charles-Quint, pour preuve de la sienne, lui donna le titre de princesse. Elle mourut à Naples, vers l’an 1560. Ses poésies sont réunies, dans quelques éditions, à celles de Victoire Colonne, marquise de Pescaire ; on en trouve plusieurs morceaux dans le recueil intitulé : Rime diverse di alcune nobilissime e virtuosissime donne, raccolte per M. Lod. Domenichi, Lucques, 1559, in-8o, et Naples, 1595, id. Dans des dictionnaires où, en copiant tout, on estropie tout, on s’étonne que Zoppi ait oublie cette dame poëte dans sa Bibliothèque napolitaine  ; on a voulu dire Toppi. G-é.


AMALIE (duchesse douairière de Saxe-Weimar} mérite une place dans un dictionnaire historique pour avoir été pendant la dernière moitie d 18e siècle, le centre et l’âme d’une cour qui avait plus d’un rapport avec celle du duc de Ferrare, protecteur du Tasse et de l’Arioste. Seule, elle a rendu aux gens de lettres les services qu’ils ont vainement attendus des grands princes de l’Empire germanique, en leur offrant un point de réunion, et en leur donnant une existence distinguée. Mais ce n’est pas seulement comme protectrice généreuse des littérateurs et des artistes, et comme juge éclairé de leurs productions, qu’Amalie a des droits à la reconnaissance publique. Veuve, à l’âge de dix-neuf ans, du duc Ernest-Auguste-Constantin, qu’elle perdit le 28 mai 1758, après deux ans de mariage, elle sut réparer, par une bonne administration, les pertes que la guerre de Sept ans avait causées au duché de Weimar, faire des économies considérables sans écraser le peuple, le préserver de la famine de 1772, qui désola le reste de la Saxe, et fonder ou perfectionner les établissements les plus favorables à la civilisation et aux lumières : elle donna Wieland pour gouverneur à son fils, Charles-Auguste, et attira à Weimar tous les gens de mérite que ses moyens lui permirent de fixer auprès d’elle. Son cercle était composé des écrivains les plus illustres de l’Allemagme : Herder, Goethe et Wieland en étaient les principaux ornements ; mais on y remarquait au second rang une foule d’hommes qui ailleurs se seraient trouvés placés au premier, les poëtes Charles Sigismond de Seckendorf et de Knebel, l’antiquaire Boettiger, Bode et Musœus, prosateurs pleins de