Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/563

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
547
ALV

pendant la guerre et la ligue de Cambray, se distingua par son courage fougueux et son impétuosité, dans un temps où la supériorité des troupes françaises avait rendu craintifs et circonspects tous les autres généraux italiens. Avant d’entrer dans les troupes de la république, il servit, en 1497, sous les ordres du duc de Gandie, fils aîné d’Alexandre VI. Comme général vénitien, il commença sa carrière par une glorieuse compagnie d’hiver, en 1508, dans les Alpes Juliennes, contre l’empereur Maximilien ; il battit, à Cadore, les troupes commandées par le duc de Brunswick, et les détruisit, disent les historiens, jusqu’au dernier homme. L’année suivante, il voulait attaquer les confédérés, et les battre en détail avant qu’ils fussent réunis ; la circonspection du sénat de Venise, qui lui défendit l’offensive, fut cause de la perte de la bataille, à Ghiaradadfa, le 14 mai 1509. Alviano, ayant eu 10,000 hommes tués, et lui-même étant blessé au visage, fut fait prisonnier par Louis XII. Ce général ne recouvra sa liberté qu’en 1513, lorsque les Vénitiens s’allièrent aux Français. Il fit, sur le duc de Milan, la conquête de Brescia et de Bergame ; il enferma Cardone, général des Espagnols, près de Vicence, de telle manière qu’il semblait ne pouvoir lui échapper : il suffisait de refuser le combat, et Cardone se serait vu forcé de poser les armes ; mais Avalos, marquis de Pascaire, qui servait dans l’armée espagnole, sut si bien irriter l’orgueil d’Alviano, que celui-ci offrit la bataille, le 7 octobre 1513, à Creazzo, près de Vicence, et y fut battu. Alviano se releva encore de cet échec, par la conquête de Crémone et de Lodi. Il contribua beaucoup à la victoire de François Ier à Marignan, le 14 septembre 1515. Accouru avec moins de trois cents cavaliers au secours de Francois Ier, on lui annonce que la bataille est perdue ; « Courage, mes amis ! s’écrie Alviano, nous en aurons plus de gloire : suivez-moi seulement, et nous l’aurons bientôt regagnée. » Il attaqua aussitôt les Suisses avec tant d’impétuosité que ceux-ci crurent avoir toute l’armée vénitienne sur les brais. Peu de temps après, le 7 octobre, il mourut de maladie, vivement regretté par les Vénitiens, qui donnèrent une pension à son fils, et marièrent ses filles. Au milieu des camps, Alviano cultivait la littérature et la poésie. Il fonda une académie dans une bourgade qui lui appartenait, à Pordenone, dans le Frioul. Il en est sorti plusieurs hommes célèbres. S. S-i.


ALVINTZI (Pierre), ecclésiastique protestant du 17e siècle, né en Transylvanie, fit ses études aux universités les plus fameuses d’Italie, de Suisse et d’Allemagne, et devint ministre des protestants en Hongrie. Son zèle pour la religion, qu’il prêchait l’engagea dans une controverse très-animée avec le jésuite Pierre Pazmany, depuis archevêque de Gran. Il écrivit, en langue hongroise. plusieurs ouvrages polémiques, parmi lesquels nous remarquerons celui qu’il publia, en 1616, sous le titre d’Itinéraire catholique. L’auteur examine, dans cet ouvrage, laquelle des deux religions, la catholique ou la protestante, est la plus ancienne, et durera jusqu’à la fin du monde. Alvintzi composa aussi une grammaire de la langue hongroise, langue remarquable par sa ressemblance avec cette des Lapons et des Finnois, maintenant si éloignés des habitants de la Hongrie, mais qui, sans doute, ont eu jadis, avec ces derniers, des rapports dont les siècles ont effacé les traces. C-au.


ALVINZY (Nicolas, baron d’), feld-marechal au service d’Autriche, naquit en Transylvanie, l’an 1726. Il servit d’abord dans la guerre de sept ans, en qualité de capitaine de grenadiers. En 1789, il commandait une division de l’armée du général Landon contre les Turcs, et, l’année suivante, il attaqua la ville de Liège, pour la réduire sous l’obéissance de son évêque. Lors de la guerre contre la France, il servit d’abord dans les Pays-Bas, en Hollande, sur le Rhin, et fut ensuite nommé au commandement de l’armée d’Italie. Il commença par avoir l’avantage dans quelques combats partiels, près de Scalda-Ferro, à Bassano, à Vicence ; mais, aux fameuses batailles de Rivoli et d’Arcole, il fut complètement défait. Là se termina sa carrière militaire ; on l’accusa d’incapacité et même de trahison ; mais il se justifia du moins sur cette dernière accusation, et son souverain, qui l’honorait d’une bienveillance particulière, parce qu’il avait reçu de lui des leçons sur l’art de la guerre, le nomma, en 1798, commandant général en Hongrie. Dans cette place, récompense de ses longs services, le baron d’Alvinzi se fit généralement aimer et estimer. Il mourut à Ofen, d’une attaque d’apoplexie, le 27 novembre 1810, à l’âge de 84 ans. D-t.


ALVISET (dom Benoit), savant bénédictin, naquit au commencement du 17e siècle, à Besançon, d’une famille honorable et qui subsiste encore. Ayant embrasse la vie religieuse à l’abbayee de Favernay, il consacre ses loisirs à l’étude de la théologie et du droit canonique, qu’il enseigna depuis avec succès dans diverses maisons de son ordre. Les guerres qui désolaient alors la Franche-Comté, sans cesse ravagée par les Français ou par les Allemands, le décidèrent à chercher un asile hors de cette province. Avec l’autorisation de ses supérieurs, il se rendit en Italie, et entra dans la congrégation du Mont-Cassin, sous le nom de Virginius. Après avoir demeuré quelque temps à Padoue, il vint au monastère de Sublac, moins célèbre par le grand nombre de savants qu’il a produits que pour avoit été le berceau de l’imprimerie en Italie (Voy. Laire, Specim. typograph. roman., 60.) Ce fut dans cette retraite qu’il composa son traité des privilèges des religieux, ouvrage assez inutile aujourd’hui, mais rempli d’érudition. Il passa sur la fin de sa vie dans les iles de Lérins, et mourut an monastère de St-Honorat, en 1673. Le traité dont on vient de parler est intitulé : Murenuæ sacræ vestis sponsæ regus æterni vermiculatæ ; opus de privilegiis ordinum regularium, Venetiis, 1661, in-4o. Quelques expressions échappées au zèle de l’auteur déplurent à la cour de Rome ; et, son ouvrage fut mis à l’index. Cependant il a été réimprimé sans corrections a Kempten (Campidona), abbaye dans la Saxe, 1673, in-4o. Ces deux éditions sont fort rares sans être