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système. Alvarez a composé des commentaires sur Isaïe et sur la Somme de St. Thomas ; il est encore l’auteur des ouvrages suivants : de Incartatione divini Verbi disput. 80, Lugduni, 1614, in-4o ; de Origine Pelagianæ hæresis, etc., Trani, 1629, in-4o. ─ Un autre Alvarez (Diégo), jésuite, natif de Grenade, mort vers l’an 1617, a publié un ouvrage intitulé : Decisio casuum occurrentium in articulo mortis, Hispalt, 1604. L’auteur s’y est déguisé sous le nom de Melchior Zambrano. — Enfin deux autres Alvarez, aussi jésuites, ont publié quelques ouvrages de piété. T-d.


ALVAREZ (don Martin), comte de Colomera, général espagnol, né en Andalousie, d’une famille noble, vers 1714, embrassa de bonne heure la profession des armes, et fit ses premières campagnes dans la guerre d’Italie, en 1733. Il parcourut tous les grades avec distinction, et fut employé comme maréchal de camp dans celle de Portugal, en 1762. Lorsque l’Espagne prit part à la guerre de l’indépendance américaine, Alvarez était déjà un des plus anciens lieutenants généraux. Ce fut lui qui, des l’année 1779, eut le commandement de ce fameux camp de St-Roch et de ce long blocus de Gibraltar, sujets de tant d’épigrammes, et surtout de ces vers plaisants de Parny, qui semblent porter directement contre Alvarez :

Quittez vos vieux retranchements,
Retirez-vous, vieux assiégeants :
Un jour ce mémorable siége
Sera fini par vos enfants.
. . . . . . . . . . . . . .
Votre blocus ne bloque point ;
Et, grâce à votre heureuse adresse,
Ceux que vous affamez sans cesse
Ne périront que d’embonpoint.

Au mois de juin 1782, don Martin Alvarez se vit relevé par le duc de Crillon ; mais, ne voulant pas servir sous les ordres d’un général français, il quitta l’armée, et reçut en 1783, pour dédommagement, la grand-croix de l’ordre de Charles III. Quelques années après, il fut fait comte de Colomera, l’une des petites îles Baléares, et vice-roi de Navarre : il y adoucit les rigueurs de la captivité du ministre Florida-Blanca, pendant sa détention dans la citadelle de Pampelune. En juillet 1794, il fut appelé au commandement de l’armée de Navarre et Guipuzcoa, que la démission de don Ventura Caro laissait vacant, et on lui donna le titre de capitaine général, équivalant à celui de maréchal de France. C’était une lâche bien difficile pour un général octogénaire que d’avoir à repousser les troupes républicaines, composées de soldats jeunes et, pleins d’ardeur, que les talents et l’activité de Caro n’avaient contenues qu’avec beaucoup de peine. Aussi l’arrivée du comte de Colomera au camp espagnol signale l’époque des premiers succès importants obtenus dans les Pyrénées occidentales par l’armée française. Quoiqu’il eût sous ses ordres le duc d’Ossuna, don Joseph de Urrutia, et d’autres généraux distingués par leurs talents, tels que O. Farril, Castanos, etc., il ne put empêcher ni l’enlèvement des redoutes formidables qui défendaient la Bidassoa, ni le passage de cette rivière sur plusieurs points, ni l’invasion de la vallée de Baztan et du Guipuzcoa, ni enfin la prise de Fontarabie, de St-Sébastien et de Tolosa. Les progrès des Français détermineront la cour de Madrid à confier la défense de l’Espagne a un général plus jeune et plus entreprenant. Don Martin Alvarez fut remplacé, en février 1795, par le prince de Castel Franco, dans le commandement de l’armée de Navarre, ainsi que dans la vice-royauté de cette province. Il fut nommé alors commandant et inspecteur général de l’artillerie. Peu d’années après, il obtint sa retraite et fut appelé au conseil d’État, où il siégeait encore lorsqu’en 1808 la révolution éclata : il reconnut pour roi Joseph Bonaparte, le 19 juillet, et prêta serment entre ses mains. Le grand âge du comte de Colomera l’empêcha ou plutôt le dispensa de prendre part aux autres événements qui bouleversèrent la péninsule, et le préserva, en 1814, des vengeances que Ferdinand VII exerça contre ceux de ses sujets qui s’étaient déclarés, soit pour les Français, soit pour les cortès. Il cessa de figurer dans les affaires publiques jusqu’à sa mort, arrivée vers 1819. Il était âge de 105 ans. A-t.


ALVAREZ, célèbre sculpteur, né à Valence en Espagne, manifesta des sa première jeunesse un goût décide pour le dessin et la sculpture. Il reçut des leçons d’un artiste très-médiocre de sa ville natale, et fit néanmoins des progrès si rapides, que, le gouvernement le jugea digue d’être envoyé pensionnaire à Rome, pour s’y perfectionner. Arrivé dans cette capitale des beaux-arts, le jeune Alvarez se fit bientôt distinguer par son goût et ses connaissances. Après l’occupation des États du pape par les Français, Napoléon ayant commande aux plus célèbres sculpteurs des bas-reliefs pour orner le palais de Monte-Cavallo, l’Espagnol Alvarez eut l’honneur d’être compris parmi les artistes choisis pour concourir à ces travaux. Il s’en acquitta de manière à enlever les suffrages des connaisseurs, et surtout ceux de Canova et de Thorwaldsen. Alvarez était pénétré du sentiment de l’antique, et s’inspirait de Michel-Ange. Lors de l’invasion de l’Espagne par Napoléon, il refusa, ainsi que tous les autres pensionnaires espagnols, de prêter serment au roi Joseph, et fut pendant quelque temps enfermé au château St-Ange avec la plupart de ses camarades : il dut sa liberté au général Miollis et fut généreusement secouru par Canova ; mais l’absence de riches voyageurs à Rome ne lui permit pas d’entreprendre de grands ouvrages. Il avait pourtant terminé en 1812 une belle statue en marbre, représentant Adonis, chef-d’œuvre dont les formes gracieuses se rapprochaient de la belle nature, quoique tenant de l’idéal. Ferdinand, après son retour en Espagne, créa Alvarez baron, mais ce ne fut qu’un vain titre, et cet illustre artiste est mort à Rome en 1830, dans un état voisin de l’indigence, s’il faut en croire les journaux contemporains. Il avait épouse une Flamande, et n’avait pas voulu retourner en Espagne. Outre son mérite comme sculpteur, Alvarez avait des