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par son père, François Alpini, qui l’exerçait lui-même avec distinction. Prosper Alpini étudia à l’université de Padoue, et y reçut, en 1578, le titre de docteur. La botanique l’occupa d’abord ; il suivit en Égypte, en 1580, le consul George Ems, qu’y envoya la république de Venise, et, pendant trois ans, y recueillit les matériaux qui lui ont servi à l’exécution de plusieurs de ses ouvrages. Cependant la médecine était sa profession spéciale ; mais alors presque tous les médecins étaient botanistes, à cause de la mauvaise direction qu’on avait fait prendre à cette science, dans laquelle on ne cherchait que des médicaments. Alpini observa en Égypte, avec une activité incroyable et une rare sagacité, tout ce qui avait rapport à l’histoire naturelle, à la médecine, et aux usages domestiques des temps anciens et modernes ; et, à cet égard, il est, de tous les auteurs, celui qui a donné le plus de connaissances positives sur cette contrée célèbre. Il est le premier auteur européen qui ait parlé du café, dont il vit la plante au Caire, où elle était cultivée dans le jardin d’un bey. Il en a décrit les propriétés et l’usage. Il fit aussi mieux connaître l’arbrisseau qui produit le fameux balsamum des anciens, nommé actuellement baume de la Mecque. Après trois ans de séjour en Égypte. Prosper Alpini fut appelé en Italie, et, en 1584, Jean-André Doria, prince d’Amalfi, se l’attacha comme médecin de la flotte d’Espagne, qu’il commandait. Nommé ensuite professeur de botanique à l’université de Padoue, il enrichit le jardin de cette ville des plantes qu’il avait apportées d’Égypte, et de celles qui lui furent données par les sénateurs Capello et Contarini. Il mourut, dans cette ville, le 7 janvier 1617, âgé de plus de 63 ans. Voici l’ordre dans lequel parurent ceux de ses ouvrages qui ont été publiés ; ils sont tous remarquables par des observations fines et des vues à la fois sages et étendues : 1° de Medicina Ægyptiorum libri 4, Venetiis, 1591, in-4o ; Pasiriis, 1645, avec le traité de Medicina Indorum de Jacques Bontius. Manget dit qu’un 5e livre est resté manuscrit entre les mains d’un des héritiers de l’auteur. 2° De Belsamo Dialogus, Venetiis, 1591, Patavii, 1640, in-4o, où il parle de la plante de l’Asie Mineure qui fournit le baume blanc. 3° De Plantis Ægypt liber, Venetiis, 1592. Patavii, 1640, in-4o, avec des planches assez bonnes pour le temps, cependant un peu trop petites. Les matériaux de ces ouvrages avaient été, comme on le voit, recueillis dans son voyage d’Égypte, et c’est à ce voyage que doivent se rapporter encore deux autres traités qui ne partirent qu’après la mort d’Alpini, par les soins de son fils, de Plantis exoticis libri 2, Venetiis, 1627, 1636, avec figures, in-4o ; et Historiæ naturalis Ægypti libri 4, Lugd. Batav., 1735, 2 vol. in-4o, dont un 5e livre est resté manuscrit. Le écrits d’Alpini sur la médecine sont peut-être encore plus recommandables. Ce fut en 1601 que parut son bel ouvrage, de præsagienda Vita et Morte ægrotantium libri 7, Patavii, in-4o, dont Boerhaave a donné une édition à Leyde, en 1710, in-4o, avec une préface de sa façon, et des corrections de Gambuis ; ouvrage qui n’est qu’une compilation coordonnée des observations séméiotiques d’Hippocrate et de Galien ; mais qui, néanmoins, sur cette partie importante, a presque la mérite d’un ouvrage original. En 1611, Alpini publia son traité de Medicina methodica libri 13, Patavii, in-fol. Lugd. Batav. 1719, in-4o, où l’auteur exprime sa prédilection pour les médecins méthodistes, et semble ainsi lier le siècle de Themison à celui de Baglivi. Nous avons encore d’Alpini : Dirsertatio de Rhapontico, Patavii, in-4o, 1612. Tous ces ouvrages ont eu de nombreuses éditions. Alpini, sur la fin de sa vie, devint sourd, ce qui l’engagea à faire de nombreuses recherches sur la cause de la surdité ; aussi a-t-il laissé un traité manuscrit sur cette infirmité, et sur les moyens d’en opérer la guérison. Il eut quatre fils, dont l’un fut jurisconsulte, et un autre médecin à Padoue. C’est à ce dernier que l’on doit la publication du traité de Plantis exoticis, que son père avait laissé en manuscrit. Plusieurs autres ouvrages de Prosper Alpini sont restés également manuscrits. Charles Plumier a donné à l’un des genres qu’il a formés en Amérique le nom de Alpina, dont Linné a fait Alpinia. Ce dernier nom est resté ; le genre qu’il désigne appartient à la famille des balisiers. C. et A-n.


ALPTÉGHYN, fondateur de la dynastie des Gaznevites, était originairement esclave d’Ismaël, prince samanide, qu’il divertissait par des tours d’adresse. Après avoir obtenu sa liberté, il prit le parti des armes, et de simple soldat il devint général, puis gouverneur du Khoraçan. À la mort d’Abdel-Mélek, autre prince samanide, les sentiments étant partagés sur le choix de son successeur, on s’adressa à Alptéghyn. Il s’opposa à l’élévation de Mansour, frère d’Abdel-Mélek, qu’il trouvait trop jeune, et proposa l’oncle de ce prince ; mais, tandis que les officiers de l’empire étaient livrés à ces discussions, le peuple de Bokhara mit Mansour sur le trône. Alptéghyn, n’ayant point dissimulé son mécontentement, devint odieux au jeune prince, qui le traita en rebelle, et envoya 15,000 hommes contre lui. Alptéghyn dressa une embuscade à l’armée de Mansour, l’attaqua, et en fit un grand carnage. Avant le combat, il avait permis à ceux de ses soldats qui désireraient le quitter de passer dans le camp de Mansour ; mais aucun n’y voulut consentir, tant il avait su gagner leur affection. Cette victoire le rendit maître de Gaznah. Il en fit la capitale de son empire, et y régna jusqu’à sa mort, en 365 de l’hégire (975). Sebekteghyn, son gendre, lui succéda. J-n.


ALQUIÉ (François-Savinien d’), écrivain du 17e siècle, est auteur des ouvrages suivants : 1° les Mémoires du voyage de Ghiron François, marquis de Ville, au Levant, ou l’Histoire du siége de Candie, en 1669, Amsterdam, 1671, 2 vol. in-12. L’auteur a rédigés on ouvrage sur les mémoires de J.-B. Rostagne, témoin oculaire, et sur quelques autres relations. 2° Les Délices de la France, 1669, 2 vol. in-12 ; ouvrage mal exécuté, peu exact, dont on a donné une nouvelle édition. moins incorrecte, à Leyde, 1728, 3 vol., in-8o. 3° L’État de l’empire d’Allemagne, traduit du latin de Severinus de Mozambane