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quelque bonheur dans l’exercice de ses devoirs. À cette époque, les troubles politiques agitaient encore la Russie ; le pauvre curé de Warley fut rappelé deux fois dans sa patrie pour monter sur le trône, et préféra toujours son presbytère a l’empire qu’on lui offrait. Ce noble désintéressement ne fut point récompensé : dans les troubles qui désolèrent l’Angleterre et qui finirent par conduire un roi à l’échafaud, Alphery fut persécuté par le parti républicain, qui aurait dû montrer plus de respect pour un homme qui dédaignait une couronne. Il fut chassé de sa cure avec sa femme et ses enfants en bas âge ; on jeta ses meubles dans la rue, et pendant une semaine, il vécut, ainsi que sa famille, à l’abri d’une tente qu’il se fit lui-même sous les arbres du cimetière, en face du presbytère dont on l’avait banni. Lorsque Charles II rentra dans son royaume, Alphery rentra dans sa cure ; mais il était alors accablé par l’âge ; il ne pouvait plus veiller aux soins de son troupeau, et il se fit remplacer par un vicaire ; retiré à Harmmesmith, chez un de ses fils, il y vécut ignoré, et termina une vie, beaucoup moins remarquable par les événements, que par la singularité de sa destinée. M-d.


ALPHONSE Ier, roi d’Oviédo et des Asturies, fils de don Pedro, duc de Biscaye, descendait du roi Recarède, et se distingua dans la carrière des armes, nous les derniers rois visigoths. Les Sarrasins ayant subjugué l’Espagne, en 713, il se réfugia en Biscaye, décidé à défendre l’indépendance de cette province contre les vainqueurs. Instruit bientôt des succès qu’avaient obtenus les chrétiens dans les Asturies, Alphonse se joignit à Pélage, à la tête d’un parti de Basques attachés à sa fortune, et devint le compagnon et le lieutenant de ce héros, qui lui fit épouser sa fille Hermesinde. C’est de ce mariage que sont sortis tous les rois chrétiens qui ont régné pendant plusieurs siècles en Espagne. Favila, fils de Pélage, étant mort sans enfants, Alphonse, qui méritait le trône par ses vertus et ses services ; fut élu roi des Asturies, en 739. La royauté était, en quelque sorte, élective. Alphonse profita de la division des Maures pour étendre sa domination. Il pénétra en Galice, en 743 ; prit Lugo, Tuy et Orensé : Astorga et Léon tombèrent aussi en son pouvoir ; mais, faute de troupes, il ne put garder toutes ses conquêtes. Pendant un règne de 18 ans, ce prince ne cessa de faire aux Maures une guerre active et cruelle. Il porta ses armes jusqu’à Ségovie et à Salamanque, faisant un désert des plaintes qui étaient ouvertes à l’ennemi, et se retirant ensuite dans les rochers des Asturies et de la Galice. Ce prince faisait la guerre en dévastateur, selon l’usage de son siècle, et ôtait ainsi aux musulmans les moyens de subsister dans un pays désolé, qu’il fallait traverser pour attaquer les chrétiens dans leurs montagnes. Alphonse mourut en 757, à Cangas, âgé de 64 ans, après avoir soumis le pays de Rioja, et s’être rendu maître d’une partie de la Biscaye. Actif, courageux et habile à se servir des circonstances, il fut le premier fondateur du royaume de Léon. Le zèle qu’il montra pour la religion chrétienne lui fit donner le surnom de Catholique ; il réforma aussi les mœurs, rétablit les évêques dans leurs siéges, et fut regretté de ses sujets, qui firent passer le sceptre à son fils Froila. B-p.


ALPHONSE II, 9e roi des Asturies, surnommé le Chaste, non, comme le prétendent quelques historiens, parce qu’il refusa aux Maures le tribut de cent jeunes filles, fait douteux, mais parce que, pour remplir un vœu aussi indiscret qu’impolitique dans un monarque, il vécut avec la reine, sa femme, dans une continence absolue. Alphonse ne succéda point à Froila, son père, assassiné en 768. Écarté alors du trône par l’usurpateur Mauregat, son oncle, il n’y monta qu’en 791, après l’abdication de Bermude, ayant été appelé alors par la noblesse du royaume, qui le proclama de nouveau. Il fixa son séjour à Oviédo : il rétablit et embellit cette ville, que ses prédécesseurs avaient abandonnée. Les Maures, maîtres alors de presque toute la péninsule. se répandirent dans la Galice. Alphonse les attaqua et les défit près de Lugo. Profitant de leurs guerres intestines pour agrandir ses États, il passa le Duéro en 797, et porta ses armes au delà de ce fleuve. Les Maures d’Aragon ayant fait une irruption en Biscaye, Alphonse vint les attaquer, et obtint des succès décisifs. Malgré les victoires de ce prince, et son administration paternelle, on forma contre lui une conspiration, dont on ne trouve les motifs ni les détails dans aucun historien ; on sait seulement que les conjurés l’enlevèrent dans sa tente, en 802, pour l’enfermer dans le monastère d’Obélia, situé au milieu des rochers de la Galice ; et que, par une révolution encore plus prompte, quelques sujets fidèles, ayant Teudis à leur tête, volèrent à son secours, et le ramenèrent triomphant à Oviedo. Alphonse ne se vengea de ses ennemis que par des bienfaits. Il eut encore a combattre les troupes d’Abderame II ; mais la victoire l’accompagna pendant tout le cours de son règne. Ce prince, n’ayant point d’enfants, et se voyant accable d’années, assembla, en 835, les grands du royaume, et demanda qu’il lui fut permis de jouir d’un repos auquel le condamnaient ses infirmités et son grand age. Il désigna pour son successeur don Ramire, son cousin, fils de Bermuda le Diacre, qui gouvernait alors la Galice. Son choix ayant été approuvé. il remit à ce prince les rênes du gouvernement, et vécut encore sept ans simple citoyen, observant aussi exactement les lois qu’il les avait fait observer lui-même. Alphonse mourut à Oviédo en 842, après un règne de 53 ans. Il fut l’ami et l’allié de Charlemagne. auquel il avait envoyé une ambassade en 797, et ce prince attaqua les Maures de la Catalogne, tandis qu’Alphonse combattit ceux de l’Aragon. B-p.


ALPHONSE III, roi de Léon et des Asturies, dit le Grand, n’avait que dix-huit ans lorsqu’il succéda, en 866, à son père Ordogno. À peine avait-il reçu à Oviédo, sa capitale, le serment de ses sujets, que Froila, comte du Galice, lui disputa la couronne, et le força d’aller chercher un asile en Biscaye. L’usurpateur se fit couronner : mais s’étant attiré bientôt la haine générale par sa conduite