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est, comme le croit Panzer, de 1484, c’est à cette date qu’il faut placer l’établissement de son atelier typographique à Florence. Comme la plupart des imprimeurs contemporains, Alopa joignait à la connaissance du latin celle du grec. On assure même qu’il était très-savant dans ces deux langues. M. Peignot, dans son Dictionn. de bibliogie, t. 1, p. 13, dit que les éditions d’Alopa sont les premières dans lesquelles on trouve des lettres capitales à la tête des chapitres. Il est vrai qu’après Alopa plusieurs imprimeurs conservèrent l’usage de laisser en blanc la place de ces lettres, qui était remplie par les enlumineurs ; mais il existe un assez grand nombre d’éditions antérieures à 1484, où l’on voit des capitales gravées et imprimées avec le texte. (Voy. l’Index librorum, etc., du P. Laire, t.2, p. 410.) Alopa a publié, de 1494 à 1496, cinq éditions imprimées en lettres majuscules grecques, dont le célèbre J. lascars (voy. ce nom), qui ne dédaignait pas de lui servir de correcteur, avait retrouvé la forme d’après d’anciennes médailles. Ces cinq éditions, dont on ne peut trop louer l’élégance des caractères et la beauté du papier. sont : 1° anthologie, 1494, in-4o ; les hymnes de Callimaque, même année, in-4o ; les Sentences (Gnomæ monsotichæ) avec le poëme de Musée, sans date, in-4o[1] ; les quatre tragédies d’Euripide : Médée, Hippolyte, Alceste et Andromaque, sans date, petit in-4o, et l’Argonautique de Rhodes, 1496. in-4o. Cette suite, dont il existe des exemplaires sur vélin, sera toujours un des plus précieux ornements d’une bibliothèque. En 1496 Alopa donna une édition du commentaire de Ficino sur les Dialogues de Platon. in-fol. ; et M. Van-Praët prouve que c’est à cette même époque qu’il faut rapporter celle de la traduction latine par Ficino de l’opuscule de St. Denys l’Aréopagite : de mystica Theologia et de divinis Nominibus, sans date. in-4o. (Catal des livres sur vélin, t. 1, p. 620). l’édition des poésies italiennes de Benivieni, Florence, 1500, in-fol., porte le nom de Laurent Alopa, qui s’était associé pour cette impression avec Ant. Tubini et André Ghyrlandi. Onn n’a retrouvé jusqu’ici aucun autre ouvrage sous le nom de cet imprimeur, ou sorti de ses — Antoine Francisci ou de Francescho de Venise, de la même famille qu’Alopa, imprimait à Florence de 1487 à 1492. W-s.


ALOPEUS (le baron Maximilien d’), diplomate russe, né le 21 janvier 1748, à Wilbourg en Finlande, ou son père était archidiacre, fit ses études à Abo. puis à Goettingue, et fut destiné à l’état ecclésiastique ; mais ayant été remarqué du comte Panin, alors ambassadeur de Russie à Stockholm, il devint son secrétaire, et l’ayant suivi à Pétersbourg, lorsque ce grand seigneur fut nommé chancelier, il obtint par sa protection la place de directeur de la chancellerie de l’empire. Envoyé ensuite vers le prince-évêque de Lubeck, et accrédité auprès du cercle de basse Saxe, il reçut de l’impératrice Catherine, en 1790, une preuve de confiance bien plus remarquable, le titre de ministre plénipotentiaire auprès de la cour de Berlin. Alopeus prit d’abord un tel ascendant sur Frédéric-Guillaume. que, lorsque ce prince se mit à la tête de l’armée qu’il destinait à l’invasion de la France (1792), le ministre russe eut la permission de l’accompagner, bien qu’il eût été décide que le ministre de l’empereur d’Allemagne seul aurait cet avantage. Alopeus suivit le monarque prussien jusqu’en Champagne, et ne s’éloigna de son quartier général que lorsque la retraite fut décidée. Revenu alors à Berlin avec le monarque prussien, il y déploya, dans les circonstances difficiles où se trouvait l’Europe, une grande habileté. Lorsque la Prusse se fut séparé de la coalition par le traité de Bâle (1793, il fit au nom de sa souveraine des représentations très-énergiques, et fut plusieurs fois sur le point de quitter Berlin. Il s’éloigna réellement de cette capitale en janvier 1796, époque à laquelle il reçut le titre de conseiller d’État. Il alla ensuite résider, comme envoyé de Russie, auprès du cercle de basse Saxe, puis auprès de la diète de Ratisbonne, et en 1802 à la cour de Prusse, où la Russie avait de plus en plus besoin de son habileté et de son expérience. On comprend tout l’importance de sa mission à l’époque du traité de Presbourg, et surtout lors de la rupture avec la France en 1807. Il suivit alors Frédéric-Guillaume à Kœnigsberg, et reçut peu de temps après de sa cour une mission extraordinaire pour l’Angleterre. Se trouvant à Londres à l’époque du traité de Tilsitt, il fit d’inutiles efforts auprès du ministère anglais, qui ne voulait pas accepter la médiation de la Russie si on ne lui donnait connaissance des articles secrets de ce traite[2], Cette mission est la dernière qu’ait remplie Alopeus. Après l’évacuation de l’Allemagne par les Français, il revint encore résider à Berlin, et reçut un petit plus tard de son souverain le titre de baron de la noblesse de Finlande. En 1820, il donna sa démission du service de Russie et alla se fixer à Francfort-sur-le-Mein. C’est dans cette ville qu’il est mort, le 16 mai 1822. Par deux mariages successifs, dont il n’est resté qu’une fille. Alopeus s’était allié aux familles les plus distinguées. Ce diplomate a laissé des mémoires manuscrits qui seraient très-précieux pour l’histoire, mais dont il est probable que l’intérêt des cours ne permettra pas l’impression. M-d j.


ALOPEUS (le comte David d’), frère du précédent, naquit à Wibourg en 1769, et fut élevé à l’école militaire de Stuttgard. Il entra dans la carrière diplomatique sous les auspices de son frère. Envoyé comme ministre de Russie à la cour de Suède, en 1809, dans des circonstances extrêmement difficiles, il y déploya beaucoup d’habileté sans obtenir des résultats bien satisfaisants. Il s’agissait de faire adhérer le jeune roi Gustave IV au système continental,

  1. Cette édition de Musée, dit M. Van-Praët, parut concurremment avec celle d’Alde, regardée à tort comme la première. Elle l’emporte sur celle de Venise pour la correction, ayant été faite d’après un meilleur manuscrit. Catal. des livres sur vélin, t. 2, p. 42.
  2. On ne peut pas douter que le ministère anglais n’eut été très promptement informé de ces articles secrets, dont la connaissance importait tant à sa politique (Voy. l’art. Alexandre