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fut chargé du commandement de la capitale. Alarmé de ces désastres, Beinga-Della fit armer à Syriam une flottille qu’il confia, en janvier 1754, à Apporaza. Les Français et les Anglais, qui avaient des factoteries au Pégou, prirent, suivant l’usage, des partis opposés ; les premiers favorisèrent les Pégouans, et les seconds les Birmans, mais tous d’une manière clandestine et dans des vues mercantiles. La flottille ne put remonter que lentement l’Irraouaddy, et quand elle arriva devant la forteresse d’Ava, on lui opposa la plus vive résistance. Sommé de se rendre, Schemhuan répondit fièrement qu’il se défendrait jusqu’à la dernière extrémité. Cependant Alompra avait réuni 10,000 hommes et une flotte. Apporaza préféra une bataille décisive à un siége incertain, et vint offrir le combat ; mais il fut vaincu et contraint de regagner le Pégou. Les habitants de ce pays voulurent continuer la guerre, et, sous prétexte d’une conspiration formée par le vieux roi Douipdi, ils égorgèrent celui-ci (13 octobre 1754), ainsi que tous les Birmans qu’ils purent atteindre. Aussitôt les compatriotes de ces derniers coururent aux armes ; les représailles furent terribles ; il ne resta plus de Pégouans sur leur territoire. Le fils du roi légitime, qui venait de subir un si triste sort, s’était mis à la tête d’une troupe de Quois, nation vaillante de l’est de l’empire ; il vint se réunir à Alompra ; mais celui ci lui fit si bien sentir le danger des prétentions de sa naissance, qu’il le réduisit à chercher un asile chez les Siamois ; plus de 1,000 Quois furent massacrés. Rien ne contraria dès lors l’ambition du chef de Manchabou ; il devint celui de toute sa nation. La guerre entre les Birmans et les Pégouans se continua avec des succès variés : les Français et les Anglais établis à Syriam et à Negrais se trouvèrent forcés d’y prendre part, et, en tachant de ménager leurs intérêts, ils finirent par les compromettre. Le 21 avril 1755, une grande victoire fut remportée sur Apporaza à Synyangong, et Alompra établit son camp sur la place même où il fonda la ville de Rangoun, dont le nom signifie hostilités cessées ou victoire complète. Les vaincus se renfermèrent dans les remparts de Syriam et de Pégou, leur capitale. Au mois de juin, le vainqueur fut forcé d’aller apaiser quelques troubles dans les parties septentrionales de son empire, envahies par les Quois et les Siamois. En juillet 1756, il s’empara de la factorerie française de Syriam et prit sa forteresse par escalade. Tous les Français devinrent ses prisonniers ; et le fameux Dupleix ayant envoyé des secours aux Français et aux Pégouans, la frégate la Galathée, trompée par une lettre que M. Bruno, chef de la factorerie détruite, fut forcé d’écrire, s’avança avec confiance et fut échouée par la trahison de son pilote birman, à l’entrée de Rangoun. Les lettres trouvées à bord prouvèrent qu’elle portait des secours à Beinga-Della. Les officiers, une partie de l’équipage et les membres de la factoterie furent mis à mort, et l’on voit encore aujourd’hui une petite pyramide et une croix sur leur tombe, auprès de la ville de Rangoun. Après la saison des pluies, Alompra mit le siége devant Pégou, dernière place de ses ennemis, et qui renfermait la famille royale. Au bout de quelques mois, le blocus produisit la famine ; Beinga-Delle demanda la paix en se reconnaissant vassal de son concurrent, et offrit sa fille au vainqueur comme gage d’amitié. Elle était, ainsi qu’Apporaza, dans le camp d’Alompra, lorsque les Pégouauns s’aperçurent qu’au milieu de ces apparences amicales, les assiégeants essayaient de s’emparer de leur ville par stratagème, afin de ne pas remplir les conditions du traité. Aussitôt la trêve fut rompue, la guerre recommença avec fureur ; mais avec elle les horreurs de la famine reparurent. Alors Beinga-Detta, trahissant ses sujets et ses défenseurs, traita pour lui-même, obtint la vie sauve, et livra sa capitale, qui fut abandonnée au pillage en 1757. Alompra soumit Martaban et tout le Pégou oriental jusqu’aux frontières de Siam ; puis, ayant appris la révolte des Cassayens, au nord, il quitta Rangoun et s’arrêta quelque temps à Manchabou, devenu la capitale de ses États, pour en régler l’administration. Il s’avançait enfin vers Munnipoura, capitale du Cassay, lorsqu’une nouvelle révolte le rappela au Pégou, qu’il fit promptement rentrer dans l’obéissance. Ce fut à cette époque (octobre 1750) que, par suite de quelques intrigues et de soupçons fort incertains, les colons anglais de l’île de Negrais éprouvèrent un sort aussi affreux que les français de Syriam : la plupart furent massacrés par surprise. La conquête de Tavoy acheva la soumission du Pégou ; celle de Mergny et de Tenasserim sur les Siamois eut pour but de punir ces peuples, qu’Alompra accusait d’avoir fomenté la discorde chez lui et recueilli ses ennemis fugitifs. Il résolut de les attaquer au cœur de leur royaume, et parut bientôt devant leur capitale. Depuis deux jours les lignes de circonvallation étaient formées, lorsqu’il donna subitement l’ordre de lever le siége. Attaque d’une maladie scrofuleuse, il sentit sa fin approcher, et voulut se hâter de mettre ordre aux affaires de l’empire. Il marcha droit vers Manchabou ; mais son mal s’accrut rapidement et la mort l’atteignit à deux journées de Martaban, le 15 mai 1760. D’une taille élevée, d’un tempérament robuste, avec des traits grossiers, un teint noir et un caractère vindicatif, et sévère jusqu’à la cruauté, Alompra fut un de ces personnages prédestinés que la Providence choisit à de longs intervalles pour exécuter ses décrets en les élevant au-dessus des autres hommes. Il affermit son empire et sa dynastie sur des bases solides, et eut pour successeur son fils aîné Namdodji-Prou. ─ On a publié en 1818, à Paris, un ouvrage intitulé l’Usurpateur, ou Testament historique d’Alompra, empereur des Birmans. C’est un écrit allégorique sur le règne de Napoléon. B-v-e.


ALOPA (Laurent-Francisci de), imprimeur du 15e siècle. Dans l’index des Annal. typograph., t. 5, p. 474, Panzer distingue Laurent de Venise, de Laurent-Francisci de Alopa et d’un autre Laurent-Francisci de Venetiis, tous trois imprimeurs dans le même temps à Florence ; mais il est évident que c’est le même personnage. Si la version latine des œuvres de Platon par Ficin, sortie des presses d’Alopa