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dont il saisit les chefs, St-Christol et Dominique Allier. après avoir fait sous Bonaparte les brillantes campagnes d’Italie, en 1796, et 1797, il suivit ce général en Égypte. Il fit toute cette guerre dans l’état-major de Kléber, et se distingua notamment à la bataille d’Héliopolis, où il reçut deux blessures. Revenu en Europe, le chef du gouvernement parut ce rappeler qu’Almeras avait été l’ami et le confident de Kléber, et le tint éloigné des événements en lui donnant le commandement de l’ile d’Elbe. Almeras occupa ce poste obscur jusqu’au commencement de 1809, où il passa à l’armée d’Italie pour y commander une brigade sous le vice-roi, qu’il quitta bientôt pour aller à la grande armée sur les rives du Danube. Il fut blessé grièvement à Wagram. Dès lors il ne cessa de combattre sous les yeux, de Napoléon, qui avait. beaucoup d’estime pour sa valeur. Il fut encore blessé à la terrible bataille de la Moskowa, et nomme lieutenant général le mois suivant (6 octobre 1812). Fait prisonnier dans la retraite, il fut conduit jusqu’aux confins de la Crimée et ne revint en France qu’après la chute de Napoléon. Il fut créé chevalier de St-Louis le 30 août 1814, et se retira dans sa ville natale, qu’il n’avait pas revue depuis son enfance. Ce ne fut qu’en 1823 que, s’étant présente au duc d’Angoulême lors du passage de ce prince à Lyon, et lui ayant offert ses services pour la guerre d’Espagne, il en reçut le commandement de la ville de Bordeaux, qui convenait mieux à son âge et à sa santé que tant de fatigues et de blessures avaient rendue fort mauvaise. Il est mort dans cette ville, le 7 janvier 1828. Le général Lamarque, à cette époque, publia dans les journaux un éloge historique d’Almeras, qui avait été son compagnon d’armes et son ami. M-d j.


ALMICI (Pierre-Camille), prêtre de l’Oratoire, naquit, à Brescia, d’une famille noble et aisée, le 2 novembre 1714. Il étudia, dès sa jeunesse, la théologie et les langues grecque et hébraïque dans lesquelles il devint très-savant. Le texte des saintes Écritures fut le principal objet de ses travaux, et il y joignit une connaissance approfondie des Pères grecs et latins : mais il embrassa aussi dans ses études la chronologie, l’histoire, tant sacrée que profane, les antiquités, la critique, la diplomatique, la science liturgique : rien enfin n’était étranger à l’étendue et à l’activité de on esprit. Il était aussi accessible que savant, et on le consultait dans sa patrie comme un oracle : il y mourut, le 30 décembre 1779, âge de 63 ans. On a de lui des Réflexions critiques sur le livre de Febronio. intitulé : de Statu Ecclesiæ, et legitima potestate romani Pontificis ; quelques dissertations, et autres opuscules, parmi lesquels on en distingue un sur la Manière d’écrire les vies des hommes illustres, avec un appendice sur celle d’écrire sa propre vie : il a de plus laisse des ouvrages, qui sont restés inédits, entre autres, des Observations sur les Italiens et les Français comparés entre eux ; des Méditations sur la vie et sur les écrits de Fr. Paolo Sapi, etc. (Voy. son éloge historique, dans la Nouvelle Collection d’opuscules donnée par Mandelli, vol. 38, art. 8. G-é.

ALMODOVAR (le duc d’). Après avoir été ministre d’Espagne en Russie, ambassadeur en Portugal, puis en Angleterre, à l’époque de la rupture qui précéda la guerre d’Amérique, il vint occuper à Madrid une place honorifique, qui lui laissait des loisirs : il les employa à cultiver les lettres, et publia d’abord, en 1781, une espèce de journal, sous le titre de Decada epistolen, où se trouvent, sur la France littéraire, des détails curieux, au moins pour les Espagnols de ce temps-là. Il entreprit ensuite, sous le nom de Malode Luque, la traduction de l’ouvrage de Raynal, qui, proscrit en Espagne, y était presque inconnu ; il y fit des corrections, des additions, des suppressions, et l’Histoire philosophique et politique des deux Indes devint ainsi un ouvrage utile, que le saint-office lui-même ne put trouver dangereux. Le duc d’Almodovar est mort à Madrid, en 1791. B-g.


ALMON (Jean), écrivain politique et libraire de Londres, s’est rendu célèbre dans son pays, moins par les ouvrages qu’il a composés que par ceux qu’il a publiés sans en être l’auteur. Né à Liverpool en 1738, il s’établit ai Londres en 1759. À la mort de George II, en 1760, il publia un Examen du règne de George II, qui eut quelque succès ; en 1761, il publia un Examen de l’administration de M. Pitt. Après la mort de ce ministre, Almon publia un volume d’Anecdotes de la vie du comte de Chatam, qui a été souvent réimprimé ; il a donné depuis un recueil d’Anecdotes biographiques, littéraires et politiques, des personnages les plus distingués de son temps, en 3 vol. in-8o ; mais ce ne sont pas là les productions qui ont attire plus particulièrement l’attention publique sur ce libraire ; de bonne heure il s’était montre le partisan des whigss les plus exagérés ; il se rangea constamment du parti de tous les écrivains qui attaquaient l’administration. Lorsque le fameux Wilkes commença ses attaques contre le ministère du lord Bute, qui ont eu des suites si éclatantes et si sérieuses, Almon lui offrit ses presses et sa plume. Il publia, à cette occasion, un pamphlet sur les Jurés et sur les Libelles, pour lequel on lui intenta une action criminelle au tribunal du banc du roi ; mais il n’y eut pas de jugement contre lui. On se rappelle les fameuses Lettres de Junius, qui ont paru en 1770. La hardiesse des idées, l’élégance et l’énergie du style, et la curiosité qui s’est attachée sans succès jusqu’ici à en découvrir le véritable auteur, ont excité et excitent encore un vif intérêt. Almon n’en était pas l’éditeur ; il n’en fut pas moins cité à la cour du banc du roi, pour avoir vendu des exemplaires de la Lettre de Junius au roi, et condamné à payer une amende de 10 marcs, et à donner des cautions de sa bonne conduite pendant deux ans. En 1774, Almon forma l’établissement d’un ouvrage périodique, sur un plan nouveau, qui se continue encore avec succès : c’est le Parliamentary Register (journal parlementaire), destiné uniquement à rendre compte de tous les débats des deux chambres. C’est une source de documents précieux pour l’histoire politique de l’Angleterre moderne. Il a publié, avant sa mort, une nouvelle édition des Lettres