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lumière, Londres, 1710, in-8o ; 2° Éclair de lumière descendant des cieux, et du relèvement de la chute de l’homme par son péché (sans nom de lieu), 1711, in-8o ; 3° Plan de la justice de Dieu sur la terre dans ces derniers jours, pour découvrir sur la nuit des peuples de la terre la corruption qui se trouve dans leurs ténèbres, 1714, in-8o ; 4° Quand vous aurez saccagé, vous serez saccagés, car la lumière est apparue dans les ténèbres pour les détruire, 1714, in-8o. Ce sont des lettres signées Allut, Marion, Fatio et Portalès. Il est très-rare de trouver ces quatre volumes réunis : les deux derniers ont été traduits en latin par Nicolas Patio. On cite encore de Jean Allut : Avertissements prophétiques d’Èlie Marion, etc., Londres, 1707, in-8o, et Cri d’alarme ou Avertissement aux nations qu’ils sortent de Babylon (des ténèbres pour entrer dans le repos de Christ), 1712, in-8o. Ce volume ne doit pas être moins rare que les précédents ; et si les bibliographes ne l’ont pas encore cité, ce n’est sans doute que parce qu’ils ne l’ont pas connu. W-s.


ALLUT (Antoine), né à Montpellier en 1743, fut conduit très-jeune à Paris avec sa sœur Suzanne, qui, depuis, sous le nom de madame Verdier, acquit par ses poésies bucoliques une réputation que les vieilles et les nouvelles renommées dans ce genre n’ont point effacée. Le frère et la sœur participèrent pour ainsi dire aux mêmes études, et leur attachement s’accrut tellement avec l’âge, que, lorsque M. Verdier, riche négociant de la ville d’Uzès, eut obtenu la main de Suzanne, ce fut une raison déterminante pour qu’Allut établit sa résidence dans la même ville, quoique ses goûts et ses travaux dans les sciences, appréciés déjà par d’Alembert et Diderot, l’eussent porté à préférer le séjour de la capitale. Il exerça la profession d’avocat à Uzès jusqu’à la révolution, en embrassa les principes avec chaleur, devint, en 1790, procureur de la commune, et fut député à la première législature par le département du Gard. Il se fit peu remarquer dans cette assemblée. Déjà il sentait que le mouvement imprimé au corps social avait été trop violent, et il ne fut point appelé à la convention nationale. S’étant prononcé en faveur du parti de la Gironde dans son département, il fut traduit au tribunal révolutionnaire de Paris, et condamné à mort, comme fédéraliste, et pour avoir approuvé les écrits liberticide du traître Rabaut-St-Étienne. Ce jugement fut exécute le 25 juin 1794. La fin déplorable d’Allut inspira une élégie touchante à madame Verdier. À peine âgé de vingt ans, il avait fourni plusieurs articles à l’Encyclopédie, entre autres celui qui est intitulé Glaces coulées[1]. ─ Scipion Allut, cousin du précédent, né aussi à Montpellier, a publié, sous le voile de l’anonyme, de Nouveaux mélanges de poésie grecque, auxquels on a joint deux morceaux de littérature anglaise, Paris, 1779, in-8o. Ce recueil comprend la traduction de plusieurs idylles de Théocrite, Moschus et Bion ; de la Batrachomyomachie ; des poèmes de Musée, de Coluthes et de Tryphiodore, et de deux fragments de Hume et de Goldsmith. C’est par erreur que Brunet (Manuel du libraire) attribue ces Nouveaux mélanges à Trochereau de la Berlière. Allut ne put mettre la dernière main à la traduction qu’il avait enrreprise des lettres de lord Chesterfield. Il mourut en 1786. L-m-x.


ALLUTIUS, prince des Celtibériens. Voyez Scipion l’Africain.


ALLWOERDEN (Henri de), l’un des biographes de Servet, né à Stade, dans le duché de Brême, étudia la théologie à l’académie de Helmstadt, sous la direction du savant Mosheim. En terminant ses cours, il pria son professeur de lui indiquer le sujet de la dissertation qu’il devait soutenir, suivant l’usage des universités d’Allemagne. Mosheim, qui dans sa jeunesse avait fait de grandes recherches sur les livres condamnés au feu, dont il se proposait d’écrire l’histoire (voy. Peignot, Biographie des hommes vivants), lui remit ses matériaux sur Servet. Allwoerden les mit en ordre et les publia sous ce titre : Historia Michaelis Serveti, Helmstadt, 1728, in-4o, précédé du portrait de Servet. Cet ouvrage, devenu rare, est très-recherché des curieux ; on en trouve l’extrait dans les Acta erudi. Lipsiens., 1728, et dans la Bibliothéque raisonnée des ouvrages des savants, I, 328. Mosheim en a donné une traduction allemande avec des additions, Helmstadt, 1748, et un supplément en 1730, in-4o. (Voy. Mosheim.) W-s.


ALMAGRO (Diégo d’), gouverneur du Chili, et marquis du Pérou, était d’une extraction si basse, qu’il ne connaissait pas même sa famille. Il prit son nom du village espagnol où il naquit, vers 1463. Sobre infatigable, et doué de beaucoup de patience et d’audace, il passa de bonne heure en Amérique, dans la vue de s’enrichir. Après y avoir suivi la carrière des armes, il s’associa à Pizarre, en 1520, pour faire la conquête du Pérou. Ce ne fut néanmoins que douze ans après, que, mettant à la voile de Panama, il amena quelques renforts à Pizarre, pour le seconder dans cette grande entreprise. Almagro dispersa plusieurs corps d’indiens, et partagea la gloire des premiers conquérants du Pérou. En récompense de ses services, Charles-Quint lui accorda, en 1534, le titre d’adelentado, ou gouverneur. La juridiction d’Almagro comprenait deux cents lieues de terrain, au sud des provinces du ressort de Pizarre, et s’étendait même sur le Chili, qui n’était pas encore acquis aux Espagnols. Chargé de soumettre toute cette contrée, Almagro se mit en marche avec 15,000 Indiens auxiliaires, et 600 aventuriers espagnols, que sa réputation de courage et de prodigalité attira sous ses drapeaux. Il pénétra le premier dans ce pays inconnu, et combattit avec succès des tribus belliqueuses et indépendantes ; mais. ayant eu connaissance du soulèvement général des Péruviens, et croyant que Pizarre succomberait. il revint sur ses pas, en 1536, moins pour empêcher les Indiens de reprendre la ville de Cusco, que pour en chasser les frères de Pizarre : il prétendait que cette capitale faisait partie du gouvernement que lui avait conféré Charles-Quint.

  1. Encyclopédie, in-fol, t. 17, au mot Verrerie