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mieux versés et plus curieux de l’histoire tant ancienne que moderne. Il s’était livré à des recherches sur nos origines et sur les langues gauloise et française. Les ouvrages qu’il composa sur ce sujet n’ont pas été publiés. L’un de ces traités à pour titre : de l’origine des François, et ancienne extraction d’iceux ; des purs Gaulois seulement et non d’ailleurs. On connait de lui : 1o  Traicté des noble et des vertus dont ils sont formés, etc., avec une histoire et description généalogique de l’illustre et ancienne maison de Coucy. Paris, 1577, in-4o. 2o  Généalogie de la très-illustre maison de Lamarck, de laquelle est issu le comte de Maulévrier, Paris, 1584, in-fol. 3o  Des Maréchaux de France et principale charge d’iceux, Sedan, 1594, in-4o. 4o  Des Affaires d’Estat, de finance, du prince, de la noblesse, Paris, 1597, in-8o, et Metz, même année, in-4o. Les continuateurs de la Bibliothèque historique de la France prétendent que le P. Lelong s’est trompé en attribuant à François de l’Allouette, bailli de Vertus, ces deux derniers ouvrages qui sont, disent-ils, du président de l’Allouette ; mais il est certain que le président et le bailli ne font qu’un. On trouve dans le premier livre du Traicté des nobles une indication qui confirme cette opinion : c’est que François de l’Allouette avait communiqué au chancelier de l’Hôpital le projet d’un corps de droit français dont la première, partie traitait de toutes les matières qui font l’objet du livre des Affaires d’Estat. Ses vues pour la rédaction de toutes les coutumes en une seule, et la bonne administration de la justice, décèlent un magistrat qui avait mesuré toute l’étendue de ses devoirs. 5o  Impostures d’impiété des fausses puissances et dominations attribuées à la lune et planètes, sur la naissance, vie, mœurs, etc., des hommes, Sedan, 1600, in-4o. 6o  Juris civilis Ramanorum et Gallorum nova et exquisita Traditio, Sedan, 1604, in-16. Lacroix du Maine lui attribue une Harangue ou Oraison funèbre pour deux excellents chevaliers, le maréchal Oudart du Biez, et le seigneur Jacques de Coucy son gendre, imprimée à Paris sous le nom de Jean Faluêl, 1578. Les mêmes continuateurs du P. Leltong pensent que Lacroix du Maine a attribué mal à propos ce discours à François de l’Allouette. On peut concilier ces deux opinions en se rangeant, avec la Monnoie, à l’avis des PP. Quétif et Échard, qui, dans la Bibliothèque des écrivains de St-Dominique, reconnaissent que l’Allouette avait fourni les matériaux de l’oraison funèbre, et que Jean Faluël les mit en œuvre. François de l’Allouette mourut à Sedan en 1608. L.-m-x.


ALLOUETTE (Ambroise et François-philippe l’). Voyez Lallouette.


ALLUT (Jean), pseudonyme adopté par un écrivain fanatique du 18e siècle, qui n’est pas encore bien connu. Les savants rédacteurs du Catalogue de la bibliothèque Casanate conjecturent que ce masque est commun à Élie Marion, ainsi qu’à Charles Portalès et Nicolas Fatio, ses associés ; mais Barbier, dans une note de son Dictionnaire des anonymes, 2e édition, n• 4609, a démontré que Marion est le seul qui s’en soit servi. Élie Marion était de Barre, gros bourg de la généralité de Montpellier. À l’époque de la révocation de l’édît de Nantes il se retira dans les Cévennes, dont il contribua beaucoup à soulever les habitants par ses prédications. Élu chef d’une petite troupe de camisards, il se défendit pied à pied dans des montagnes dont il connaissait tous les passages. Mais enfin, pressé de toutes parts, il se rendit, avec sa troupe au maréchal de Villars, le 9 octobre 1701. Sur sa demande, il fut conduit à Genève, escorté par quelques dragons. De Genève, Marion continua de correspondre avec les chefs des révoltés, et d’entretenir parmi les paysans le fanatisme qui leur faisait braver la mort. Se croyant dès cette époque inspiré du ciel, il écrivait : « Je puis protester devant Dieu que les inspirations qu’il lui a plu de nous envoyer ont été nos lois et nos guides ; et que, lorsqu’il nous est arrivé des disgrâces, c’était pour n’avoir pas obéi ponctuellement à ce qu’elles nous avaient commandés » Il rentra bientôt dans les Cévennes, espérant qu’on ne tarderait pas à recevoir des secours du rot d’Angleterre. Trompé dans cette attente, il profita d’une nouvelle amnistie accordée aux révoltes qui se soumettraient. pour se présenter au duc de Berwick, qui le fit reconduire à Genève. Ayant perdu tout espoir de rallumer la guerre dans les Cévennes, il se rendit à Londres en 1706, avec quelques autres fanatiques qui ne l’avaient point abandonné dans l’exil. À son arrivée, il loua, dans un des quartiers les moins fréquentés de Londres, un modeste appartement où il se mit a débiter, en présence de quelques auditeurs séduits d’avance, les folies qu’il donnait pour des inspirations. La foule accourut bientôt pour entendre le nouveau prophète. Obligé de choisir un plus grand théâtre, il s’associa trois autres fanatiques, Nicolas Fatio, Jean Daudé et Charles Portalès, dont il fit ses secrétaires. C’étaient eux qui étaient charges de recueillir les extravagances que Marion débitait dans ses extases. Malheureusement pour eux, le consistoire de l’Église française. ayant pris connaissance des prédications de Marion, déclara que la plupart de ses prédictions étaient fausses. puisqu’elles avaient été réfutées par l’évènement, et que ses discours n’étaient qu’un tissu de blasphèmes et de maximes opposées à l’esprit de la religion. Sur la plainte du consistoire, Marion, ainsi que deux de ses secrétaires, fut condamné au pilori. (Voy. Fatio.) On peut conjecturer avec assez de vraisemblance que ce fut à cette époque qu’il prit le nom de Jean Allut ou l’Éclaireur, sous lequel il a publié, lui ou ses secrétaires, plusieurs ouvrages remplis de fanatisme et d’inepties, mais qui, par cette raison la même, n’en sont recherchés qu’avec plus d’empressement par une certaine classe de curieux. Marion ou Allut habitait Londres en 1714 : on ignore ce qu’il est devenu depuis. Misson cite plusieurs fois ce fanatique dans son Théâtre sacré desCévennes. Il en est aussi question en divers endroits de l’Histoire des troubles des Cévennes, par Court de Gébelin. De tous les ouvrages imprimés sous le nom de Jean Allut, les plus recherchés sont : 1o  Discernement des ténèbres d’avec la lumière, afin d’exciter les hommes à chercher la