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accompagna son ami dans son inspection des échelles du Levant. De retour à Paris, il reçut une légère. indemnité, et fut reporté sur les états du ministère avec son traitement de 1,800 francs. Alors il s’occupa de classer et de décrire sa collection de médailles grecques, la plus belle qu’aucun particulier ait jamais formée. Il se proposait de la publier, et dans ce but il en avait déjà fait graver quelques planches, lorsqu’il mourut à Paris, au mois de novembre 1827, à l’âge de 61 ans. Il légua, par son testament, au cabinet du roi. la tessère syrienne dont il avait précédemment donné la description, et une médaille en or de Persée, roi de Macédoine, regardée jusqu’ici comme unique. Il fonda en outre un prix de 400 francs pour l’ouvrage de numismatique publié chaque année et jugé le meilleur par l’académie des inscriptions. On a d’Allier quelques opuscules pleins d’érudition qu’il composa pour les sociétés littéraires dont il était membre[1] : Essai sur l’explication d’une tessère antique portant deux dates, et Conjectures sur l’ère de Bérythe, en Phénicie ; Paris, 1820, in-4o. 2° Notice sur la courtisane Sapho, née à Erésoi dans l’ile de Lesbos, lue à la société asiatique ; ibid., 1822, in-8o. l’auteur en a donné lui-même l’analyse dans la Biographie universelle. (Voy. Sapho) 3° Mémoire sur une médaille-anecdote de Polémon Ier, roi de Pont, insérée dans le recueil de la société d’émulation de Cambray, année 1825. Il en a été tiré des exemplaires à part. 4° Quelques articles de numismates, dans le dernier volume de la Biographie universelle. La description du cabinet de médailles d’Allier a été publiée par M. Dumersan, avec des notes archéologiques, Paris, 1829, in-4o, 16 pl. Diverses notices peu exactes sur ce numismate se trouvent dans le Moniteur du 20 décembre 1827 ; dans la Revue encyclopédique, par M. Solange Bodin t. 36. p. 837 ; et dans le Bulletin des sciences historiques, février 1828, par M. Champollion, qui la désavoue. Allier avait désiré que sa collection ne fût pas divisée et ne sortit pas de France : ses vœux n’ont été exaucés qu’en partie. Elle contenait plus de cinq mille pièces, dont trois cent vingt-cinq en or, et il n’y en avait que vingt et une de fausses. On y trouvait une quarantaine de villes nouvelles pour la géographie numismatique. Elle a été vendue 80,000 francs à M. Rollin, changeur au Palais-Royal et la bibliothèque du roi en a acheté de lui pour environ 20,000. A-T et W-s.


ALLIONI (Charles), médecin piémontais et professeur de botanique a l’université de Turin, naquit en 1725, et mourut en 1804, dans sa 79e année. Ses vastes connaissances l’avaient fait agréger à beaucoup de sociétés savantes, telles que l’institut de Bologne, les sociétés royales de Montpellier, de Londres, de Goettingue, de Madrid, etc. Il est auteur de plusieurs bons ouvrages sur la botanique. la médecine et l’histoire naturelle, dont voici la liste : 1° Pedemontii stirpium rariorum Sepcimen primum ; Augustæ Taurinorum, 1755, in-4o, avec 12 planches ; cet ouvrage contient la description et les figures de 30 plantes nouvelles, ou très-peu connues, dont la plupart sont indigènes des montagnes du Piémont. 2" Oryctographiæ Pedemontanæ Specimen, Parisiis, 1757, in-8o ; l’auteur décrit dans cet ouvrage les fossiles qu’il avait observés dans le Piémont, et donne une idée de ses connaissances dans la géologie et l’oryctographie. 3° Tracatio de miliarium origine, progressu, natura et curatione ; Augustæ Taurinorum, 1758, in-8o ; ouvrage de médecine fort estimé. 4° Stirpium præcipuarum littoris et agri Nicæensis Enumeratio methodica, cum elencho aliquot animalium ejusdem maris ; Parisiis, 1757, in-8o ; cet ouvrage est souvent cité par les naturalistes, sous le titre abrégé d’Enumeratio stirpium Nicæensis. La plus grande partie des matériaux qui le composent avait été rassemblée par Jean Giudice, botaniste de Nice, et ami d’Allioni. Celui-ci, dépositaire des papiers de Giudice. après sa mort, les a mis en ordre et a rangé les plantes suivant la méthode de Ludwig. Il rapporte, pour chaque espèce, la dénomination, ou la phrase de divers auteurs, surtout de G. Bauhin. de Tournefortet de Linné. Les animaux, dont il traite à la fin du volurne, se réduisent à quelques espèces de sèches, d’étoiles de mer, d’oursins et de crabes. Ce livre est une esquisse de la Flore de Nice, qui diffère peu de celle de la Provence. 3“ Synopsis methodica horti Taurinensis, Taurini, 1762, in-4o. C’est le tableau méthodique de toutes les plantes qui étaient cultivées dans le jardin de botanique de Turin : elles sont divisées en treize classes. La méthode d’Allioni ne diffère de celle de Rivin que parce qu’il ne considère pas la régularité ou l’irrégularité de la corolle. Les sections qui divisent les classes sont tirées du système sexuel de Linné. 6" Flora Pedemontana, sive Enumeratio methodica stirpium indigenarum Pedemontii ; Augustæ Taurinorum, 1785, 3 vol. in-fol. Dans les deux premiers volumes, l’auteur donne la notice et les synonymes de 2,800 plantes, distribuées en douze classes, qui sont fondées sur la forme de la corolle ou le nombre des pétales ; les sections sont établies, en général, sur la considération du fruit, sous le rapport du nombre, de la forme et de la structure ; le troisième volume contient un abrégé des éléments de botanique, et 92 planches, renfermant les figures de 237 espèces : elles sont bien dessinées et exactes. Les dessins originaux sont déposés au musée de Turin ; à chaque espèce, Allioni indique le lieu natal, la nature du sol, et le nom vulgaire qu’on lui donne dans les divers idiomes des provinces du Piémont. Il cite avec reconnaissance tous les botanistes qui lui ont communiqué leurs travaux, ou qui l’ont aidé dans ses recherches ; possédant toutes les parties de la physique moderne, il traite de la matière médicale en savant médecin, mais d’une manière qui lui est particulière ; ce qu’il dit des propriétés des plantes est le résultat de l’expérience d’un praticien éclairé et d’un grand observateur. La Flore du Piémont est, de tous les ouvrages d’Allioni, le plus important par son sujet, et le plus considérable

  1. Il était de l’académie de Marseille et de la société d’émulation de Cambray. Membre souscripteur de la société asiatique de Paris depuis 1821, il s’en était retiré en 1836. A-t.