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républicain, et ce fut alors qu’il entra dans les ordres, quoique le dévouement avec lequel il avait combattu pour la cause du roi contre la faction dominante ne lui laissât aucune espérance d’avancement dans la carrière ecclésiastique ; toujours fidèle aux mêmes principes, il signa le fameux décret rendu par l’université contre la ligue solennelle et contre le covenant. Il fut en conséquence chasse d’oxford, ainsi que tous les membres de l’université qui avaient signé le même acte. Pendant la persécution exercée contre les royalistes, Allestry trouva une retraite paisible chez plusieurs familles respectables, dont il mérita l’estime et l’amitié. Ses talents et ses principes inspirèrent une telle confiance aux partisans de la famille royale, qu’il fut employé dans des négociations secrètes pour remettre Charles II sur le trône. Après la restauration, Allestry revint à Oxford, où il prit le degré de docteur en théologie ; le roi le nomma prévôt du collège d’Éton, place lucrative, mais dont il employa les émoluments en bienfaits et en travaux utiles au collège. Il mourut en 1681, laissant quarante sermons, imprimés in-fol. À Oxford, en 1684, et une réputation de talents et de lumières, de courage et de vertu, qui a survécu à ses ouvrages. S-d.


ALLETZ (Pons-Augustin), né à Montpellier en 1703, est mort à Paris, le 7 mars 1785, à l’âge de 82 ans. Après avoir été quelque temps dans la congrégation de l’Oratoire, il exerça la profession d’avocat, qu’il abandonna bientôt pour s’adonner entièrement à la littérature. Ses nombreux travaux sont presque tous des compilations utiles : il en est même quelques-unes qui méritent d’être distinguées. Nous citerons : 1° Précis de l’histoire sacrée, par demandes et par réponses, 1747, 1781, 1805, in-12 ; 2° Modèles d’éloquences, ou les Traits brillants des orateurs français les plus célèbres, 1753, 1789, in-12 ; 3° Excerpta e Cornelio Tacito, 1756, in-12, ouvrage qui fut longtemps ad usum scholarum, et que l’on a reproduit dernièrement avec quelques changements, sans en faire honneur à Alletz, 4° Dictionnaire portatif des conciles, 1738, in-8o ; 5° l’Agronome, ou Dictionnaire portatif du cultivateur, 2 vol. in-8o, 1760, 1764, 1799, etc. ; 6° Selectæ Tabulæ ex libiris Metamorphoseon Ovidii Nasonis, 1762, in-12, très-souvent réimprimé ; 7° Abrégé de l’histoire grecque, 1703, 1774, in-12 ; cet ouvrage fut traduit en anglais, en 1769 ; en polonais, en 1773 ; en allemand, en 1776 ; 8° l’Esprit des Journalistes de Trévoux, 1771, 4 vol. in-12 ; 9° l’Esprit des Journalistes de Hollande les plus célèbres, 1777, 2 vol. in-12 ; 10° l’Albert moderne, ou Nouveaux secrets éprouvés et licites, 1768, 1769, 1781, in-12, réimprimés depuis en 2 vol. in-8o ; 11° Victoires mémorables des Français, 1754, 2 vol. in-12 ; 12° Histoire abrégé des Papes, depuis St. Pierre jusqu’à Clément VIII, 1776. 2 vol. in-12, ouvrage assez superficiel ; 13° Tableau de l’Histoire de France, 2 vol. in-12, 1766, 1769, 1784 ; 14° Cérémonial du sacre des rois de France, 1773, in-8o ; 15" les Ornements de la mémoire, ou les Traits brillant : du poëtes français les plus célèbres, 1749, in-12. Ce livre, réimprimé souvent, a été reproduit sous le titre de Petit Cours de littérature, 1801, in-8o. M. le Texier, qui publia l’ouvrage sous ce dernier titre et sous son nom, n’a eu d’autre mérite que de donner une édition extraordinairement incorrecte. Les libraires Capelle et Renand ont publié, en 1808, une nouvelle édition des Ornements de la mémoire, 1 vol. in-12, en tête duquel ou trouve la liste des ouvrages d’Alletz. Cette édition est préférable à toutes les autres, même à celles qui ont été publiées par Alletz lui-même, parce qu’elle est faite avec beaucoup de soin ; les citations y sont exactes, et les erreurs rectifiées. D-m-t.

ALLEY (Guillaume), prélat anglais du 16e siècle, né à Great-Wycomb, dans le comte de Buckingham. Son zèle pour la religion réformée l’obligea, sous le règne de la reine Marie, d’aller chercher un asile dans le nord de l’Angleterre ; là, il se livra, pour subsister, à la pratique de la médecine et à l’instruction de la jeunesse. L’avènement d’Élisabeth le rappela à Londres, où il se fit connaître par ses leçons de théologie. Il fut nommé évêque d’Exeter en 1560. Alley est auteur : 1° d’un recueil intitulé la Bibliothèque du Pauvre, en 2 vol. in-fol. : ce sont douze discours qu’il avait prononcés dans l’église de St-Paul, sur la première Épitre de St. Pierre ; 2° d’une grammaire hébraïque ; 3° de la traduction du Pentateuque, dans une version de la Bible entreprise par ordre de la reine Élisabeth, et de quelques autres écrits. Il mourut le 15 avril 1507. X-n.


ALLEYN (Édouard), le plus célèbre acteur du théâtre anglais, sous les règnes de la reine Élisabeth et du roi Jacques Ier, naquit à Londres le 1er septembre 1566. Son père avait une fortune aisée et pouvait lui donner une bonne éducation ; mais le goût du jeune Alleyn l’éloignait de toute occupation sérieuse : une mémoire facile et sûre, une élocution douce et coulante, un génie flexible, une figure agréable, un maintien et une taille avantageuses, étaient de grandes dispositions pour le théâtre. Il embrassa cette profession, et jouissait dès 1592 de la réputation d’un acteur distingue. Modulant sa voix et pliant ses gestes à toutes sortes de caractères, il avait l’art de dérober aux spectateurs les défauts des auteurs, d’exprimer les sentiments de ses personnages avec une vérité qui les faisait passer dans l’âme des spectateurs ; enfin il poussa, l’art dramatique à un degré de perfection inconnu jusqu’alors. Alleyn occupait les principaux rôles dans les pièces de Shakspeare et Ben Johnson : mais, comme on n’était pas alors dans l’usage d’imprimer les noms des acteurs à côté des personnages qu’ils representaient, on ne peut pas savoir au juste quels sont ceux que jouait Alley dans les pièces de ces deux grands poëtes. Alleyn n’est pas moins connu en Angleterre par le fondation qu’il fit du collège ou hôpital de Dulwich dans le comté Surrey, deux lieues de Londres, que par son rare talent de comédien. Son père lui avait laissé une assez belle fortune ; il était propriétaire d’un théâtre, ou il attirait un très-grand concours ; il était gardien de la ménagerie royale, ce qui lui procurait 600 livres sterling de revenu ; il eut trois femmes,