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la pratique de la médecine ; mais il s’écarta de l’objet de cette institution, en se livrant aux rêveries de l’astrologie et de la philosophie hermétique. On a de lui un traité de chimie, des dissertations sur la poudre d’Algaroto et la composition de la thériaque. C. et A-n.


ALLÉGRI (Grégoire), compositeur de musique, né à Rome, embrassa l’état ecclésiastique. Élève de Nanini, et admis, en 1629, comme chanteur, dans la chapelle du pape, il obtint une grande réputation comme compositeur de musique sacrée. Parmi ses productions, on distingue un Miserere qu’on exécutât pendant la semaine sainte, à la chapelle Sixtine, et auquel on attachait tant d’importance, qu’il était défendu de le copier, sous peine d’excommunication. Cette défense fut éludée par Mozart, qui, l’ayant entendu chanter deux fois, le retint, et en présenta une copie conforme au manuscrit. Ce fameux Miserere fut envoyé, en 1773, par le pape, au roi George III ; des 1771, il avait été gravé à Londres, et l’a été à Paris, en 1810, dans la Collection des classiques, recueillie par M. Choron. Allégri était de la famille du Corrége ; il mourut le 16 février 1640. Doué d’une grande piété, il visitait souvent les prisons pour y pratiquer des œuvres de charité. P-x.


ALLEIN (Richard), ecclésiastique anglais, né en 1611, à Ditchet, était presbytérien, mais d’un caractère paisible, et ennemi de l’intolérance religieuse ; ce qui n’empêcha pas qu’il ne fut persécute et dépouillé de sa cure. On a de lui des sermons, et quelques ouvrages de piété, qui ont été souvent réimprimés ; les principaux sont : 1° Vindiciæ pictatis, 1664 et 1669 ; 2° le Ciel ouvert, etc., 1665 ; 3° la Crainte religieuse (Godly Fear), in-8o, 1674 ; 4° une Notice sur Joseph Allein. Richard Allein mourut en 1681, âgé de 64 ans. — Un autre Allein (Joseph), parent de Richard, est auteur de plusieurs ouvrages de religion très-estimés des presbytériens. X-n.


ALLEMAND (le comte Zacharie-Jacques-Théodore), vice-amiral, naquit au Port-Louis en 1762. Son père, lieutenant de vaisseau et chevalier de St-Louis, le fit embarquer comme mousse des l’âge de douze ans, et à dix-sept il fut nommé volontaire de la marine. Le jeune Allemand passa en cette qualité sur le vaisseaux le Sévère, qui faisait partie de l’escadre du bailli de Suffren, et il assista aux sept combats livres à l’armée anglaise, dans le dernier desquels il reçut trois blessures graves. L’amiral le récompensa en le nommant lieutenant de frégate. De 1781 à 1787, époque à laquelle il devint sous-lieutenant de vaisseau, Allemand fit trois campagnes dans l’Inde sur le vaisseau l’Annibal, les flûtes la Baleine et l’Outarde. Il embrassa avec toute la chaleur de son caractère la muse de la révolution en 1789, et après diverses campagnes à St-Domingue, à la Nouvelle-Angleterre, dans l’océan et aux iles du Vent, il fut nommé lieutenant de vaisseau en 1792, et commanda la corvette le Sans-Souci, avec laquelle il fit plusieurs croisières dans la Manche. À la fin de la même année il fut promu au grade de capitaine de vaisseau, et du commandement de la frégate la Carmagnole. Il s’empara d’un grand nombre de bâtiments du commerce anglais et de la frégate la Tamise, à la suite d’un combat des plus opiniâtres. En 1795, il l’ut nomme chef de division, et passa dans ce grade sur le Duquesne. Pendant les trois années qu’il commanda ce vaisseau, il participa à deux combats généraux, et contribua à la prise d’un riche convoi anglais, qui fut introduit à Cadix. Le contre-amiral Richery, sous lequel il commandait en second dans la campagne de Terre-Neuve, mit sous ses ordres deux vaisseaux et une frégate, avec lesquels il alla détruire les établissements anglais sur la cote du Labrador, et captura un convoi qui se rendait à Québec. En 1799, commandant le vaisseau le Tyrannicide, il fit la campagne de la Méditerranée et celle de l’océan dans l’armée navale de Bruix. Allemand commandait le vaisseau l’Aigle lors de l’expédition contre St-Domingue en 1801. Le général Leclerc le chargea de l’attaque de St-Marc, qu’il réduisit en peu de temps. Il reçut ensuite la mission de faire la guerre à Toussaint Louverture, et l’on mit sous ses ordres deux bataillons avec deux cents hommes de cavalerie. Après avoir forcé les noirs à se retirer, il rentra au Cap-Français, ramenant un grand nombre d’habitants auxquels il avait sauvé la vie. En 1803, le vaisseau l’Aigle ayant besoin de réparations, Allemand fut expédié pour la France. Les deux demoiselles B"nézech, dont le père était mort a St-Domingue, ainsi que quelques autres passagers, furent embarquées sur ce vaisseau. À son arrivée à Brest, le préfet maritime adressa au ministre de la marine une plainte contre le capitaine Allemand, relativement à la conduite qu’il avait tenue à l’égard de ses officiers et de ses passagers. Il était accuse d’avoir traite son état-major avec une dureté sans exemple, d’avoir vexé quelques-uns de ses passagers, d’avoir ouvert le portefeuille de Bénézech et pris lecture de ses papiers, enfin d’avoir outrage ses filles par des propos et des manières que l’humanité et la décence réprouvaient également. Une enquête ayant été ordonnée pour éclaircir ces faits, il en résulta qu’Allemand avait manqué d’égards, et même de justice, envers ses subordonnés et ses passagers. Quant aux faits relatifs aux demoiselles Bénézech, la commission se contenta de la simple dénégation de l’inculpé. En 1804, Allemand passa au commandement du Magnanime, et contribua à la prise de la Dominique. Lors de l’institution de la Légion d’honneur, il fut nommé chevalier, et peu de temps après officier de cet ordre. Promu au grade de contre-amiral au mois de janvier 1805, il prit le commandement de l’escadre de Rochefort, tint la mer pendant six mois, combattit et prit le vaisseau anglais le Calcutta, s’empara d’un grand nombre de bâtiments du commerce, de quelques bâtiments armés, qu’il conduisit aux Canaries, et rentra victorieux à Brest Dans la campagne suivante, il fit encore beaucoup de prises, et l’on estime à 18 millions les pertes qu’il lit éprouver au commerce anglais. En 1808, commandant en second l’armée navale de Toulon,