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leur talent de leurs ouvrages, c’est-à-dire ce qu’ils ont fait de ce qu’ils auraient pu faire dans des circonstances plus heureuses. De son temps, le plus mauvais goût régnait dans l’école française, et y était en possession des récompenses et des éloges. Un homme qui, comme Allegrain, se sentait capable de suivre une meilleure route, qui voulait penser et travailler d’après lui-même, devait éprouver bien des difficultés, et il en éprouva en effet, quoiqu’il eut épousé la sœur de Pigal, dont la réputation aujourd’hui réduite à sa juste valeur, était alors très-imposante. Allegrain fut cependant reçu a l’Académie, sur une figure de Narcisse. Cette statue n’est pas admirable, connue on le dit dans quelques biographies, où, ne donnant sur l’art aucune idée fixe, on ne fait que répéter les opinions contemporaines, si souvent indignes de la postérité ; mais elle est supérieure à la plupart des sculptures du temps. Allegrain travailla ensuite pour madame Du Barry, qui fit placer dans son jardin de Luciennes plusieurs statues de cet artiste. On vanta beaucoup sa Vénus entrant au bain, et surtout sa Diane, pour laquelle alors on épuisa toutes les formules d’éloges. Ces deux statues sont aujourd’hui placées dans la galerie du Luxembourg : elles prouvent qu’Allegrain aurait été digne de paraitre à une époque où l’affectation et les systèmes ont fait place à l’étude de la belle nature, dirigée par celle des chefs-d’œuvre antiques. Allegrain mourut le 17 avril 1795, à l’âge de 85 ans, ne laissant ni enfants ni élèves. D-t.


ALLÈGRE (Antoine), chanoine de Clermont, natif de la Tour, en Auvergne, a traduit de l’espagnol, d’Antoine de Guevare, évêque de Mondonedo, et confesseur de Charles-Quint : 1° le Mépris de la Cour, et la Louange de la Vie rustique, Lyon, Dolet, 1545, in-8o, édition recherchée des curieux ; et Paris, 1551, in-16 ; 2° Décade contenant les Vies de dix empereurs (Trajan, Adrien, Antonin le Pieux, Commode, Pertinax, Julien, Sevère, Caracalla, Héliogabale, Alexandre Sévère), Paris, Vascosan, 1556, in-4o, et 1567, in-8o ; cette dernière édition se joint au Plutarque d’Amyot, du même imprimeur. Cette Décade, imitée plutôt que traduite de Guevara, se trouve dans les éditions de Plutarque données par Brottier, Vauvilliers et M. Clavier, 25 vol. in-8o. A. B-t.


ALLEGRETTI (Jacques), de Forli, poëte latin et astrologue, au 14e siècle. Il fonda une académie à Rimini, où il s’était rendu pour enseigner les belles-lettres à Charles Malatesta, qui devint ensuite seigneur de cette ville. Coluccio Salutato ; dans une lettre en vers où il le détournait de l’astrologie, et dont l’abbé Méhus a parlé dans Sa Vie d’Ambroise le Camaldule, p. 308, loue son talent pour la poésie latine : ses ouvrages sont restés manuscrits. Il mourut vers 1400. Marchesi a écrit sa vie dans ses Vitæ illustrium Foroliviensium. G-é.


ALLEGRETTI (Allegretto Degli) a écrit, en italien, un journal de Sienne : Diarii Sanesi, de 1450 à 1496, publié par Muratori, Scripor, rerum italic., vol. 13. On voit, dans son journal, qu’il fut lui-même acteur dans plusieurs des faits qu’il raconte ; qu’en 1482. il fut fait membre du conseil du peuple, et, l’année suivante, l’un des conseillers de toute la république. L’Ugurgieri s’est donc trompé dans ses Pompe Sanesi, en disant que cet auteur florissait en 1440. Muratori avoue, dans la préface qu’il a mise à ses Diarii, qu’ils contiennent des particularités minutieuses et souvent frivoles. G-é.


ALLEGRI. Voyez Corrège.


ALLEGRI (Alexandre), l’un des poëtes italiens qui se distinguèrent le plus, vers la fin du 16e siècle, dans le genre burlesque, genre plus estimé en Italie qu’en France, et qui, à la vérité, n’est pas tout à fait le même dans ces deux pays. Allegri était né à Florence, et, dans sa jeunesse, il suivit le métier des armes : il s’attacha ensuite à quelques grands ; mais ses goûts paisibles lui firent enfin donner la précieuse à l’état ecclésiastique. C’est ce qu’il dit lui-même dans un seul vers, qui est le dernier d’un de ses sonnet :

Che voi sapete.
Scolare, cortugian, soldato e prete.

Il joignait, à beaucoup de connaissances, un esprit toujours vif et agréable ; les charmes de sa conversation attiraient dans sa maison, située à Florence, sur la place de Ste-Marie-Nouvelle, un cercle nombreux d’hommes de lettres et de savants. Ses Rime piacevoli n’ont été imprimées qu’après sa mort ; la 1re partie à Vérone, 1603 ; la 2e, ibid., 1607 ; la 3e, à Florence, 1608, et la 4e à Vérone, 1613. La plupart des pièces de vers y sont précédée : de morceaux de prose qui ne sont pas moins facétieux ni moins bizarres. Le tout est ordinairement relié dans u le même volume avec les trois Lettere di ser Poi Pedante, adressées au Bembo, à Boccace et à Pétrarque, Bologne, 1613, et avec la Fantastica Visione di Parri du Pozzolatico, adressée au Dante, Lucques, même année 1613 ; pièces satiriques, où l’auteur tourne les pédants en ridicule, en affectant leur langage. Ce volume, petit in-8o, est très-rare, et recherché des curieux. On a réimprimé les Rime piacevoli en 1754, à Amsterdam, in-8o, avec de fort mauvais caractères ; mais cette édition à l’avantage de présenter une notice sur la vie de l’auteur. Il était resté de lui beaucoup de poésies manuscrites entre les mains de sa famille ; cette famille s’étant éteinte, les manuscrits se sont perdus. Il avait aussi composé une tragédie intitulée : Idoménés roi de Crète ; le sujet était la mort du fils de ce roi immolé par son propre père ; le savant Carlo Dati, à qui il l’avait lue, en faisait de très-grands éloges. Le recueil de poëtes latins publie à Florence, en 1719, contient plusieurs pièces de notre Allegri, qui prouvent beaucoup de talent pour la poésie latine. Elles sont dans le genre héroïque, et l’on ne s’y aperçoit nullement du ton habituel de son esprit, tel qu’il parait dans toutes ses poésies toscanes. G-é.


ALLEGRI (Jérôme), célèbre chimiste de Vérone, au milieu du 16e siècle, y présida longtemps l’académie des Alethophiles, consacrée à découvrir les erreurs populaires qui pouvaient se glisser dans