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paroissiens contre le schisme, et il parvint à les répandre dans tout le diocèse. Rentré dans sa famille, après trois ans d’exil, il y resta jusqu’au concordat de 1802. Nommé curé de Vercel, il y mourut le 4 février 1825, regretté pour sa charité, sa piété et sa tolérance. On a de lui : 1° Le Manuel des catholiques, ou recueil de divers chrétiens familiers sur la religion ; 2° les Impies modernes ; 3° Le Dernier Prône d’un prêtre du Jura. Ces trois ouvrages ont été imprimés en Suisse de 1794 à 1796, in-8o. Le premier fut réimprimé à Besançon, en 1802. W-s.


ALIX DE SAVOIE. Voyez Adélaïde.


ALKEMADE (Cornelius van), savant antiquaire hollandais, né en 1654, publia un grand nombre d’ouvrages pleins de recherches, malgré les soins qu’exigeait son emploi de premier commis des convois et licences de Rotterdam. Il débuta, en 1689 par une dissertation sur les tournois, dans laquelle il traite des cérémonies usitées à la cour de Hollande, sous les premiers comtes. La troisième édition de cet ouvrage, publiée en 1740 sous le titre de Verhandeling over’t Kamprecht, par Pierre van der Schelling, gendre de l’auteur, a été augmentée d’une dissertation sur l’origine, les progrès et la cessations des tournois et combats singuliers. Alkemade fut ensuite l’éditeur de la chronique rimée de Melis Stoke, intitulée : Hollandsche Jaarbaken of Rym-Kronyk van M. Stoke, Leyde, 1699, in-fol., contenant l’histoire de la Hollande jusqu’en 1337, avec les portraits de tous ses comtes, gravés d’après les anciens tableaux des carmélites de Harlem. On au après, ce laborieux savant publia Munstpiegel der Graven van Holland, etc., Delft, 1700, in-fol. C’est un recueil chronologique des monnaies frappées sous le règne des comtes, depuis Floris III jusqu’à Philippe II. Dans sa préface, l’auteur traite des privilèges monétaires sous l’ancien gouvernement. L’ouvrage qu’Alkemade mit au jour ensuite concerne les coutumes pratiquées dans les inhumations : Inleiding tot het ceremonieel der Bargraafnissen en der Wapenkunde, Delft, 1743, in-8o, ce n’est, selon l’auteur lui-même, qu’une esquisse destinée à engager les amateurs à des recherches plus profondes. Alkemade rendit encore un plus grand service à ses compatriotes, en publiant ses Nederlandsche Displechtigheden, 1732, 3 vol. in-8o ; ouvrage extrêmement curieux, tant à cause des recherches auxquelles l’auteur s’y livre sur les usages des anciens Hollandais dans la vie civile, que par le grand nombre de figures dont il est orné : ce livre instructif, qu’Alkemade n’a pas eu le temps d’achever, a été complété et publié par son gendre. Il écrivit aussi : Jonker Fransern Oorlog ; c’est un récit curieux de tout ce qui s’est passé dans la guerre singulière entre le parti des Hocksen et celui des Kabbeljauwsen, à Rotterdam, pendant les années 1488 et 4489. Il contribua aussi beaucoup aux deux éditions corrigées de Katwijke Oudheden de Paris. Alkemade termina sa carrière littéraire par une description de la ville de Brill, Rotterdam, 1729, in-fol., et il mourut en en 1737, à l’âge de 83 ans. Il est du petit nombre des antiquaires qui ont su présenter sous des formes intéressantes les résultats de leurs travaux. D-g.


ALKENDI. Voyez Alchindus.


ALKMAR (Henri d’) a passé pour l’auteur d’un poëme en vieux langage allemand, très-fameux en Allemagne, et dont le titre est Reineke de Voss, ou Rainier le Renard. C’est une espèce d’apologie d’une contexture particulière, contenant une critique, souvent très-plaisante et pleine de sel, des divers états de la société, tels qu’ils étaient dans le moyen âge, pendant le régime féodal. Tout ce qu’on sait d’Alkmar, c’est qu’il vivait vers l’an 1470, et qu’il lut gouverneur d’un duc de Lorraine. En 1498, parut à Lubeck la première édition que l’on connaisse en vers rimes du Reineke : elle fut réimprimée fort souvent à Rostock, à Francfort, à Hambourg. C’est dans la préface de cette édition que se nomme H. d’Alkmar ; et, comme elle a passé longtemps en Allemagne pour la plus ancienne, ce personnage a passé aussi pour l’auteur du poème. Cependant il se trouve, dans la bibliothèque de la ville de Lubeck, un exemplaire d’un ouvrage du même titre, et presque du même contenu, mais moins étendu et en prose, imprimé à Delft, en 1485 ; on a même découvert une édition plus ancienne, faite à Goudes ou Tergow, chez Gérard Leew, en 1479. Ces deux anciens Reineke sont entièrement semblables, et écrits, en dialecte hollandais, ou flamand, qui diffère peu du dialecte frison, wesphalien et bas-saxon. Il parait donc qu’Alkmar a simplement versifié et étendu les fictions de ces anciens Reineke. En effet, il dit lui-même, dans la préface citée, « qu’il a traduit le présent livre du welche et du français. » On ne sait trop ce qu’il entend par la langue welche ; mais comme il désigne le français, son témoignage est d’accord avec les fait connus, et avec l’opinion exposée par Legrand d’Aussy, dans les Notices et Extraits des manuscrits de la bibliothèque du roi (t. 5, p. 249), savoir : « que le poéme du Renard est d’origine française, et que le premier auteur de cette facétie fut Pierre de St-Cloud, qui écrivit au commencement du 15e siècle un Renard en prose ; que le poème rimé du même nom (le Nouveau Renard), que publia Jaquemars Gélée ou Giellée, à Lille, vers la fin du même siècle, n’en est qu’une imitation. » On doit cependant observer qu’il se trouve plusieurs traits semblables à ceux du Reineke dans les poëtes allemands du 12e et du 13e siècle, d’où l’on pourrait inférer que le fonds primitif de l’apologue est d’origine allemande, et plus ancien que l’ouvrage de Pierre de St-Cloud. Cet apologue a toujours eu une grande vogue en Allemagne ; mais il n’a pas obtenu autant de succès en France, où il a cependant été traduit. Entre les nombreuses éditions allemandes, on distingue celle du grammairien Gotsched, avec une introduction, une interprétation et des planches. Le célèbre Goethe n’a pas dédaigné de rajeunir le texte, et de le paraphraser en hexamètres. Le poëme de Reineke a d’ailleurs été traduit dans la plupart des langues, en latin, en italien, en danois, en suédois, en anglais ; on cite une édition en anglais, des