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de Paris. Abbon a laissé encore : 1° Epistola ad Desidirum episcopum, qui se trouve dans le t. 3 de la Biblioth. Patr. ; 2° un Recueil de Sermons, dont cinq seulement ont été publiés par les soins de d’Archery, dans le 9e t. de son Spicilegium. Celui qui a pour objet les progrès du christianisme est sans contredit le chef-d’œuvre de cet auteur ; il s’y montre très-instruit dans l’histoire de l’Église, et l’on y trouve une déclamation vraiment pathétique contre les usurpateurs des biens ecclésiastiques. (Voy. Goslin, note 4.) M. Guizot dans sa collection des documents relatifs à l’histoire de France a donné la traduction française du poëme du Siège de Paris. R-t.


ABBON, moine, ensuite abbé de Fleury ou de Saint-Benoit-sur-Loire (en latin Abbo Floriacensis), né à Orléans dans le milieu du 100e siècle, fut poëte, historien et mathématicien. Dès son enfance, son père, Lètus, et sa mère, Ermengarde, l’envoyèrent à l’abbaye de Fleury pour y étudier sous Gunbolus et Christianus, savants professeurs de ce monastère. À un zèle ardent et à un travail excessif, Abbon joignait un jugement sain et le plus grand amour pour les lettres ; aussi fut-il en état de les enseigner de bonne heure, ayant fait profession et reçu l’habit religieux. Voulant encore posséder les hautes sciences, il demanda la permission de voyager pour étudier dans les écoles les plus célèbres, et alla successivement de Paris a Reims pour se former dans la dialectique ; de là, à Orléans, où il apprit la musique. Son abbé lui donna l’ordre d’aller en Angleterre pour y instruire les religieux bénédictins de l’abbaye de Ramsey ; au bout de deux ans, sur la fin de 987, il revint à Fleury, dont il fut nomme abbé l’année suivante. Alors, tout entier aux devoirs de sa place, il ne s’occupa qu’à l’étude de l’Écriture sainte et aux ouvrages des Pères. Dans un voyage qu’Abbon fit en Gascogne pour rétablir l’ordre dans l’abbaye de la Réole, qui dépendait de celle de Fleury, il s’éleva une émeute violente ; un Gascon lui porta dans côté gauche un coup de lance dont il mourut le même jour, 13 novembre 1004. Abbon avait assité à trois conciles, et fait deux voyages à Rome en qualité d’envoyé du roi Robert, sous les papes Jean XV, en 986, et Grégoire V, eu 996, qui lui donnèrent des témoignages de leur estime. Ses contemporaines avaient la plus haute idée de ses lumières et de son érudition. Fulbert de Chartres l’appelle, dans une de ses épîtres : Summa philosophia abbas, et omni divina et seculari auctoritate tocus Francium magister famotissimus. Ses principaux ouvrages sont : 1° des lettres qu’on trouve à la suite du codex Canonum Vetus, Paris, 1687, au nombre de quatorze ; la treizième n’est pas d’Abbon, mais d’Albert, abbé de Mici. La dixième est un traité philosophique du serment : c’est la plus curieuse et la mieux écrite ; 2° l’Apologétique d’Abbon contre Arnulphe, évêque d’Orléans, qu’on trouve à la suite de ses lettres ; 3° un Recueil de Canons, adressé aux rois Hugues et Robert son fils, que le P. Mabillon a inséré dans les Analecia, t. 2 ; 4° un Recueil de sentences de la Bible et Des Pères, publié avec des notes de D. Mabillon 5° Abrégé des vies de 94 papes, tiré de l’histoire d’Anastase le bibliothécaire ; Mayence, 1663, in-4o Quoique le titre annonce l’abrégé de l’histoire de 94 papes, le manuscrit sur lequel l’ouvrage a été imprimé par les soins de P. Busée ne parle que de 37, et finit à Grégoire III, successeur de Constantin. À la suite de cet ouvrage, on trouve celui de Luitprand, diacre de Pavie, sur la même matière. 6° Quelques lettres dispersées dans diverses collections, entre autres dans le t. 1er des Miscellanca de Bahire, Paris, 1678, in-8o. Aimoin, disciple d’Abbon, a écrit la vie de son maître, et y a insérée quelques fragments de ses écrits. On trouve le tout dans le t. 8° des Acta sanctorum ordinis Benedicti. R-t.


ABBOT (George), archevêque protestant de Cantorbéry, célèbre dans un temps où les controverses religieuses, mélées aux querelles politiques commençaient à remuer vivement l’Angleterre. Né d’un tisserand, à Quilfort, en 1562, il fut élevé successivement dans l’école de sa ville natale, qui avait pour fondateur Édouard VI, puis dans le collège de Bailleul à Oxford. Il était docteir en théologle et l’un des plus fameux prédicateure de l’église anglicane, lorsque le roi Jacques Ier, après l’avoir fait doyen de Winchester, en 1599, le nomma, en 1604, un des huit théologiens chargés par ce prince de traduire le Nouveau Testament. Élu en 1605, pour la troisième fois vice-chancelier de l’université d’Oxford, Abbot perdit, en 1608, dans la personne de celui qui en était le chancelier, le plus puissant et le plus chéri de ses protecteurs, Thomas Sackville, comte de Dorset, grand trésorier d’Angleterre. Il trouva sur-le-champ un nouvel appui dans le trésorier d’Écosse, George Hume, comte de Dunbar, qui le sollicita d’être son chapelain, et l’emmena à Édimbourg, où ce lord avait à remplir depuis deux ans la pénible mission de réunir l’Église d’Écosse à celle d’Angleterre. Le roi, cruellement tourmenté par l’esprit et le pouvoir du presbytérianisme dans ces contrées, attachait la plus grande importance à y rétablir l’épiscopat. Déca le comte de Dunbar semblait y avoir remporté un grand avantage, en obtenant de l’assemblée générale un acte qui ordonnait la restitution de tous les biens des évêques et de leurs siéges ; mais les zélés du parti venaient de faire éclater une résistance nouvelle et si vigoureuse, que, loin d’espérer de gagner encore du terrain sur eux, on craignait de perdre tout celui que l’on avait tenu pour acquis. Lord Dunbar s’abandonna aux conseils d’Abbot, et toute cette résistance fut domptée, toute opposition abattue par l’esprit, l’habileté, et surtout la modération d’Abbot ; modération, au reste, qui lui coûtait peu quand il mesurait les droits de l’épiscopat, et qu’il oubliait complètement lorsqu’il se ralliait avec les presbytériens à la haine du papisme. Quoi qu’il en soit, il servit peut-être mieux la cause des évêques par son indifférence ; qu’il ne l’eût fait par son zèle. Le résultat de sa négociation fut un acte émané du kirk ou de l’Église d’Écosse et ratifié par le parlement écossais, por-