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ALI

les Ottomans furent complètement battus, et Ali-Coumourgi expira deux jours après cette défaite, de la suite des blessures qu’il avait reçus en cherchant à rallier les fuyards S-y.


ALI-EFFENDI, né à Philipopolis, en Bulgarie, florissait sous le règne du sultan Sélim Ier, et publia une bonne Histoire des quatre sultants Mahomet II, Bajazet II, Sélim et Soliman. On remarque dans cet ouvrage, devenu très-rare, un grand amour de la vérité, beaucoup d’éloignement pour la flatterie, et surtout une modération envers les chrétiens, peu commune aux historiens de sa nation. Ali-Effendi fut secrétaire de la trésorerie nous le deferdar Fuher-Pacha. S-y.


ALI-PACHA, capitan-pacha sous le règne du sultan Sélim ll, commandait la flotte ottomane dans l’expédition de l’île de Chypre, l’an 978 de l’hégire (1570 de J.-C.), et tint la mer pendant que le grand vizir Mustapha assiégeait les Vénitiens dans Nicosie, et ensuite dans Famagouste. L’année suivante ayant amené la chute de cette dernière place, et la réduction de l’ile entière, Ali-Pacha pourvut à la sûreté de sa nouvelle conquête, et alla ravager ensuite les iles de Candie, de Zante et de Céphalonie, appartenant alors aux Vénitiens ; il s’empara aussi de Dulcigno, d’Antivari et de Budoa, en Dalmatie ; mais il échoua devant Cattaro. Cependant Sélim, ayant eu avis de la ligue formée entre les princes chrétiens contre les Turcs, ordonna à son amiral de porter la guerre chez les confédérés. Ali-Pacha remit en mer avec une flotte de deux cent quatre-vingts galères, et ravagea les côtes de Dalmatie, d’Istrie et celles d’Italie avec tant de fureur, que les Vénitiens tremblèrent pour leur capitale. Ali quitta enfin la mer Adriatique et fit voile pour le golfe de Lépante. Là il apprend que la flotte chrétienne, armée par les Vénitiens, les Espagnols et les princes d’Italie, s’avançait sous le commandement de don Juan d’Autriche. Il assemble aussitôt un conseil de guerre pour déliberer s’il faut accepter ou refuser la bataille. Tous ses lieutenants soutinrent qu’il n’y avait aucune nécessité d’en venir à une action décisive ; mais l’ardent amiral fut d’avis de combattre sans délai. Il sortit du golfe avec toute sa flotte, rencontra les galères chrétiennes entre Lépante et Patras. La fut livrée, le 7 octobre 1571, la bataille la plus mémorable dont ces mers eussent été le théâtre depuis la journée d’Actium. Ali-Pacha soutint avec intrépidité un combat inégal ; pendant quelques heures il retint la victoire en suspens, et, ayant aperçu la galère amirale des chrétiens, il fondit sur elle avec tant d’impétuosité, que les proues de l’une et de l’autre se brisèrent et tombèrent dans la mer. Ce combat entre les deux amicaux fut terrible ; enfin la galère d’Ali fut emportée à l’abordage, le pacha fut tué, et sa tête exposée au bout d’une pique, comme un signal de la victoire. Ce spectacle et les cris de joie qui s’élevèrent dans toute la flotte chrétienne firent perdre courage au reste des galères turques ; la plupart furent prises ou coulées à fond, ou brûlées. S-y.


ALI (Khodja) fut proclamé dey d’Alger par les soldats, après l’assassinat d’Achmet-Pacha, en novembre 1808 (Voy. Achmet.) Il avait été, pendant plusieurs années, desservant d’une mosquée, ce qui n’explique guère son élévation soudaine à la suite d’un révolution opérée par des militaires. Du reste, cette révolution ne fut suivie d’aucun des désordres que produisent de tels changements dans un gouvernement despotique : elle avait commencé à dix heures du matin, et à midi les consuls des puissances étrangères se présentaient déjà au palais pour rendre leurs devoirs au nouveau dey. Ali ne jouit que quelques jours de sa nouvelle dignité, et il paya de sa tête la faveur passagère qui l’avait porté au pouvoir. Il avait choisi pour ministres des hommes obscurs et ignorants qui s’étaient empressés de partager les dépouilles des ministres congédies, au lieu de les déposer au trésor publie, selon l’usage. Z.


ALI, nabab d’Aoude et vizir de l’empereur mogol Sehah-Alem, naquit en 1781 et devint le fils adoptif de Assef-Eddaulah, nabab d’Aoude. Assef n’avait pas d’enfants légitimes, et l’on doute qu’il en eût de naturels. Il avait l’habitude, lorsqu’il rencontrait une femme enceinte dont l’extérieur lui plaisait, de l’inviter à venir faire ses couches dans son palais. C’est ce qui arriva à la mère du vizir Ali, qui était d’une condition obscure. La gentillesse d’Ali lui gagna si bien l’affection du vieux nabab, qu’il adopta cet enfant ; et qu’il lui fit donner une éducation digue d’un prince destiné au trône. Ali fut marié à treize ans. Pour se former une idée de la splendeur dont fut entourée sa jeunesse, il faudrait lire le récit de ses noces fait par Forbes dans ses Mémoires. Lorsqu’Ali fut reconnu par Assef-Edaulah comme son successeur au trône, la famille du vieux nabab manifesta une grande opposition. Cependant, à la mort de ce dernier, en 1797, Ali fut soutenu par le gouvernement anglais et placé sur le trône. D’après la loi de Mahomet, un enfant adoptif à droit à tous les privilèges d’un enfant légitime. Mais peu après être monté sur le trône, le nabab montra un caractère actif, turbulent, et rompit son traité avec le gouvernement anglais. En conséquence il fut dépose par lord Teignmouth, le 21 janvier 1798, et remplacé par Saader-Ali, frère du vieux nabab. On lui assigna une pension de deux lacks de roupies ; mais on jugea nécessaire de le faire demeurer près de la présidence, pour qu’il fût sous l’œil du gouvernement. Il vint à Bénarès, ou Cherry, président de la compagnie, avait été envoyé afin de prendre les mesures convenables. Ce résident l’ayant engagé à déjeuner, il se présenta avec une suite nombreuse et armée. On avait recommandé à Cherry de se tenir sur ses gardes, mais il dédaigna ce soin. Le prince se plaignit beaucoup de la manière dont la compagnie se conduisait avec lui ; puis, à un signe qu’il fit, plusieurs de ses domestiques se jetèrent sur Cherry. qu’ils massacrèrent ainsi que Graham, dont il était accompagné. Ils coururent de là chez un autre Européen, M. Davis, dans l’intention de le massacrer aussi ; mais celui-ci avait été prévenu et put se défendre jusqu’à ce que