Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/482

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
466
ALH

à l’Église, il leva l’excommunication lancés contre lui (Voy. Frédéric.) Algrin mourut en 1237[1], le 28 septembre, jour auquel il est fait mention de ce prélat dans les nécrologes des Églises d’Amiens et de Besançon. Il est auteur de sermons sur les évangiles et les épitres de l’année, dont on conservé deux manuscrits à la bibliothèque royale, et d’un commentaire sur le Cantique des cantiques, imprimé par Badius, à Paris, en 1521, in-fol. Trithème parle de ce commentaire avec éloge. Algrin est oublié dans la continuation de l’Histoire littéraire de France. W-s.


ALHAZEN, astronome arabe, dont les noms sont : Abou-Ali-Al-Haçan-Ben-Alhaçan, était natif de Bassora. Il se vanta un jour de construire dans le Nil une machine qui mettrait les habitants à l’abri des inondations, et du trop grand décroissement des eaux de ce fleuve. Ce mot fut rapporté à Hakem Bi-Amrillah, calife fathémite, qui, malgré ses extravagantes, protégeait les savants et les rassemblait à sa cour, il fit venir Alhazen, sortit à sa rencontre lorsqu’il fut près du Caire, le combla de bienfaits, lui fournit des ouvriers, et le mit en état de remplir sa parole ; mais lorsqu’Alhazen cut parcouru l’Égypte, et reconnu le cours du Nil, il vit l’impossibilité d’exécuter ce projet, qu’un orgueil irréfléchis lui avait fait concevoir, et il retourna au Caire, couvert de honte. Comme il craignait la colère de Hakem, il feignit d’être fou, et continua de jouer ce rôle jusqu’à la mort de ce prince. N’ayant aucun moyen d’existence, il employait les moments qu’il dérobait à la composition de ses ouvrages à copier des livres qu’il vendait, et il passa ainsi le reste de sa vie, se contentant de peu, et travaillant beaucoup. Il mourut au Caire, l’au 430 de l’hégire (1038 de J.-C.). Alhazen a composé un grand nombre d’ouvrages, dont Casiri nous a conservé la liste (Bibl. arab.-hisp., t. 1, p. 415). et dont une partie existe manuscrite, dans la bibliothèque Bodleienne et dans celle de Leyde. Son traité d’optique, très-connu en Europe a été traduit et publié par Risner sous ce titre : Alhazen ou Allaken opticæ Thesaurus. libri 7, primum editi. Ejusdem liber de Crépusculis et nubium Ascensionibus, cum commentaris Risnerii. Basil. episc., 1572, in-fol. Le traité des crépuscules avait été déjà donné, par Gérard de Crémone, en 1512. La doctrine d’Alhazen sur les crépuscules, l’atmosphère et la réfraction astronomique, est particulièrement louée par les savants, qui prétendent qu’elle a beaucoup servi à Képlet. J-n.


ALHOY (Louis), né à Angers en 1755, professa les humanités dans divers collèges de la congrégation de l’oratoire, à laquelle il appartenait. L’abbé Sicard ayant été proscrit au 18 fructidor (4 septembre 1797), Alhoy le remplaça dans la direction de l’institut des sourds-muets jusqu’en 1800. Il devint ensuite membre de la commission administrative des hospices de Paris, et fut nommé, en 1815, principal du collège ed St-Germain-en-Laye. Après avoir été pendant plusieurs années professeur de belles-lettres au collège de Vendôme, il est mort à Paris en 1826. On a de lui : 1o Discours sur l’éducation des sourds-muets, Paris, 1800, in-8o. 2o Les Hospices, poëme, ibid., 1800, in-8o, L’auteur a su tirer le parti le plus avantageux de ce sujet difficile, qu’il se proposait de traiter dans toute son étendue. Son poême devait avoir quatre chants, mais le premier seulement a paru. On y trouve des détails intéressants et même exprimés avec verve et facilité. Le Moniteur du 22 fructidor an 12 (9 septembre 1804) en a donné une analyse. 3o Promenades poétiques dans les hospices et les hôpitaux de Paris, ibid., 1826, in-8o. P-rt.


ALI, ou ALY BEN ABY-THALEB, le dernier des quatre califes successeurs immédiats de Mahomet. Élevé dans la maison du prophète. dont il était le cousin, il devint son confident ; et l’un de ses plus zélés sectateurs. De son côté, Mahomet le combla de bienfaits. Lorsqu’il annonça à ses proches la religion qui lui était révélée, il leur demanda qui d’entre eux serait son vizir personnelle répondait : « C’est moi, prophète de Dieu, dit Ali, qui veux être ton vizir ; je partagerai tes travaux ; j’arracherai les yeux de les commis ; je leur briserai les dents, et leur fendrai la poitrine. » De nombreux exploits réalisèrent bientôt cette promesse. Au siége de Khaihar, Abou-Bekr et Omar avaient posé deux fois l’étendard sur la brèche, et deux fois ils avaient été repoussés : « Demain. leur dit Mahomet, je confierai l’étendard aux mains d’un brave, ami de Dieu, et de l’apôtre qu’il aime, d’un guerrier intrépide qui ne sait point tourner le dos à l’ennemi. » Le lendemain, l’étendard fut confié à Ali, qui monta aussitôt sur la brèche où il le planta. Il étendit à ses pieds l’illustre Marhab, poursuivit les Juifs, et entra avec eux dans le château dont il se rendit maître. Mahomet, sur le point de marcher vers la Syrie, confia le gouvernement à Ali, qui ne tarda pas à gémir de rester inactif, tandis que les autres musulmans moissonneraient de nouveaux lauriers : « Quoi ! lui dit le prophète, refuseriez-vous de remplir auprès de moi la place qu’occupait Aaron auprès de Moise ? » Ali se tut et obéit. Au retour de l’expédition de Syrie, il fut chargé de prêcher aux habitants du Yémen la doctrine du Coran. Le bruit de ses exploits l’avait déjà devancé, et il conquit en peu de temps. soit par les armes. soit par la persuasion, cette belle partie de l’Arabie. Tous ces services déterminèrent Mahomet à lui donner sa fille bien-aimée, et semblaient devoir lui assurer le califat à la mort du prophète ; mais sa jeunesse, la haine de Aïchah (voy. ce nom), et les intrigues de ses ennemis, l’éloignèrent du trône, jusqu’en 656, époque à laquelle il succéda à Otsman, dont on croit qu’il avait dirigé les meurtriers. À peine en possession d’une autorité mal affermie. il priva Moawyah et ses alliés des gouvernements qu’ils avaient ; il refusa même à Zobéir et à Thalhah, deux principaux Arabes de son parti, les gouvernements de Bassora et de Koufah qu’ils lui

  1. C’est par erreur que quelques biographes, et entre autres, Fabricius (Bibl. med. et infim. latin., t. 1er au mot Abbatis-Villus, Jean de), placent la mort d’algrin à l’année 1237.