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dirigé pendant quatre ans, embrassa la vie monastique. Il fit le pèlerinage de la Mecque, séjourna quelque temps Damas, à Jérusalem, à Alexandrie, puis revint dans sa patrie. Algazeli fut l’un des chefs de la secte des ascharites ou orthodoxes, qui le fit surnommer Hodjïat-al-Islam, Zeïn-al-Din (preuve de la foi, ornement de la relgion). Parmi ses ouvrages, on cite : 1° Ihya Oloum al-Din, ou restauration des connaissances religieuses, très-célèbre en Orient ; 2° Makassid al-Falasifa, ou la tendance des philosophes, ouvrage dans lequel il traite de la logique, de la physique et de la métaphysique, et s’efforce de miner les systèmes des philosophes ; 3° Tehafot al-Falasifa, la destruction des philosophes, dirigé vers le même but. Ce dernier traité fut réfuté plus tard par Averroès dans son ouvrage intitulé Destructio destructionum philosophiæ Algazeli, et qui se trouve dans le 9e volume des livres d’Aristote. S’il faut en croire le rabbin Moïse de Narbonne, à qui l’on doit une traduction hébraïque et un commentaire du Makassid, ce sont ses propres doctrines, et non celles des philosophes, qu’il a exposées et réfutées dans cet ouvrage. Averroès, partage cette opinion : à ses yeux, les attaques d’Algazeli contre les philosophes n’étaient qu’une tactique pour gagner les orthodoxes. Léon l’Africain nous apprend que, malgré ces précautions et ces détours, l’Ihya Oloum al-Din, qui avait fonde sa réputation, fut condamné au feu, parce qu’il y censurait quelques points de la loi mahométane. Les manuscrits de la bibliothèque royale contiennent quelques-uns des traités d’Algazeli. D’autres, traduits en héreu, se trouvent dans la bibliothèque du savant Rossi. J-n.


ALGER, ou ALGERUS, pieux et savant prêtre de l’Église de Liége, dans le 12e siècle, refusa, par amour de l’étude et par goût pour la retraite, les offres avantageuses de plusieurs évêques d’Allemagne, qui, sur sa grande réputation, cherchèrent à l’attirer auprès d’eux. En 1121, il alla se renfermer à Cluny, où il mourut, environ dix ans après, dans la pratique exacte de toutes les observances monastiques. Nous avons de lui : 1° un Traité de la Miséricorde et de la Justice, mis au jour par D. Martène dans le 5e tome de ses Anecdotes. C’est un recueil de passages des livres des saints Pères, des canons et des lettres des papes, accompagné de courtes réflexions de l’auteur qui sont presque toujours justes. 2° Traité du sacrement du corps et du sang de notre Seigneur, divisé en 3 livres, publie par Érasme, en ( 1530, à Fribourg, inséré depuis dans la Bibliothèque des Pères. Il semble regarder la communion sous les deux espèces comme étant de l’essence du sacrement ; mais on le justifie d’avoir dit que le pain et le vin, une fois changés, ne sont plus sujets à corruption. la 3° Un opuscule sur le libre arbitre, rendu public par D. Bernard Pez, dans le 4e tome de ses Anecdotes. C’est, pour le temps, un petit chef-d’œuvre de précision et de netteté sur les matières les plus difficiles de la théologie, et qui contient plus de choses sue beaucoup d’in-folio scolastiques. Algérus avait composé plusieurs autres ouvrages qui ne nous sont point parvenus. On regrette surtout ses lettres, qui avaient pour objet des sujets très-importants, et son Histoire de l’Église de liége. T-d.


ALGHISI Galeazzo, architecte et géomètre du 16e siècle, né à Carpi, a publié un ouvrage sur les fortifications, en trois livres, imprimé avec un grand luxe typographique, à Venise, 1570, in-fol. Tibaldi a gravé, d’après lui, une estampe qui représente un grand palais royal, sous la date de 1566. Plusieurs auteurs ont mis à contribution les œuvres d’Alghisi, qui fut architecte du duc de Ferrare. K.


ALGHISI (Thomas), chirurgien de Florence. né le 17 septembre 1669, étudia l’anatomie sous le, célèbre Laurent Bellini, et s’appliqua particulièrement à la lithotomie. Le pape Clément XI l’eut en grande considération, à raison d’une opération de la pierre qu’il fit avec succès à l’un de ses officiers. Il mourut le 24 septembre 1713, par un accident (une arme à feu lui éclata entre les mains), regretté des savants, et n’ayant encore publié qu’un Traité de la lithotomie, en italien, Florence, 1707, in-4o. fig. ; Venise, 1708 ; et une lettre fort savante de vermi usciti per la verga, adressée à Vallisneri, des mains duquel il avait reçu le bonnet de docteur en l’université de Padoue. C. et A-n.


ALGISI, ou ALGHISI (Paris-Francesco), fameux compositeur de musique, né à Brescia, vers l’an 1666. Après avoir été organiste dans cette ville natale, il alla à Venise, ou il fit représenter, en 1690, deux opéras : l’Amor di Curzio per la patria, et il Trionfo della contienza. Ce dernier surtout eut un succès si brillant, qu’il fut repris l’année suivante ; honneur fort extraordinaire en Italie. La vie austère de ce musicien lui acquit dans sa patrie la réputation d’un saint. Il mourut le 29 mars 1733. P-x.


ALGRIN ou Halgrin (Jean), cardinal, connu aussi sous le nom de Jean d’Abeville, était né vers la fin du 12e siècle. Ayant reçu le grade de docteur à l’université de Paris, il y professa quelque temps la théologie. Nommé depuis prieur du monastère le St-Pierre d’Abbeville, il y fit fleurir l’étude des saintes lettres, et s’appliqua surtout à ranimer par son exemple le goût de la véritable éloquence évangélique La réputation d’Algrin franchit bientôt les limites de sa province. Élu doyen du chapitre d’Amiens, et en 1225 archevêque de Besançon, il fut appelé dès l’année suivante à Rome par le pape Honorius III, qui se proposait de l’élever à la dignité de patriarche de Constantinople. Mais, Honorius étant mort, Grégoire IX, son successeur, jugea que les talents d’Algrin pourraient être encore plus utiles à l’Église, et le créa cardinal et évêque de Sabine. Chargé de prêcher une nouvelle croisade contre les Sarrasins, il se rendit en 1228 à la cour de Jayme, roi d’Aragon. Son éloquence eut tout le succès qu’on en attendait ; et il revint à Rome, ramenant avec lui St. Raimond de Pennafort. (Voy. ce nom.) Il fut envoyé presque aussitôt vers l’empereur Frédéric II, qui s’avançait à la tête d’une armée victorieuse ; et, après avoir obtenu de ce prince la promesse solennelle de restituer tous les biens qu’il avait enlevés