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sont à Bologne, dans les salles et sur les plafonds de l’institut. Il les a peintes de concert avec Pellegrino-Pellagrini dit Tibaldi, vers 1550. Ces fresques représentent différents sujets de l’Odyssé. Elles ont de la vérité, de la noblesse et de la grâce. Antoine Buratti les a gravées, et l’on y a joint la vie des deux auteurs par Zanotti, Venise, 1756, in-fol. Niccolo mourut en 1571, laissant après lui la gloire de son nom dignement soutenu par son petit-fils Hercule, et son arrière-petit-fils Pierre-Paul dell’ Abbate. Le musée français possède un tableau de Niccolo, représentant le mariage mystérieux de Ste. Catherine d’Alexandrie. Sur le devant est un buste d’homme, présumé le donataire. Les tableaux de ce maître sont rares en Italie. A-d.


ABBATE ou DE ABBATI (Balde-Angelo), médecin sur lequel on n’a que des renseignements incomplets, était de Gubbio et vivait à la fin du 16e siècle. Il pratiqua son art dans sa ville natale, puis a Pésaro, où le duc d’Urbin le fixa, du moins quelque temps, par le titre de son premier médecin. Il avait des connaissances étendues en histoire naturelle, et se montra un bon observateur dans l’ouvrage suivant : de admirabili Viperœ Natura, et de mirifis ejusdem Facullatibus, Urbin, 1589, in-4o, fig., édit. très-rare (Voy. la Biblioth. curieuse de Dav. Clément, t. 1°) ; il y a des exemplaires avec la date de 1591. Cette monographie de la vipère se trouve encore, après plus de deux siècles, au niveau de la science. Elle a été réimprimée à Nuremberg, 1603, in-4o, et à la Haye, 1660, in-12. Les curieux en recherchent toutes les éditions. On cite encore de ce médecin : Opus prœclarum concertationum discussarum de rebus, verbis et sententiis controversis ex omnibus fere scriptoribus, libri 15, Pésaro, 1595, in-4o W-s.


ABBA-THULLE, rupack de l’île Conrouraa, et le chef le plus puissant de l’archipel des îles Pelew, naquit vers 1740, avec des dispositions naturelles qui méritaient de briller sur un plus vaste théâtre. Dès sa jeunesse, il avait la réputation du plus vaillant guerrier qui eût existe dans ces îles, et n’était pas moins remarquable par sa justice et sa magnanimité. Il avertissait ses ennemis trois jours avant de les attaquer, et se prêtait à tous les accommodements honorables. Les prisonniers de guerre étaient seuls traités sévèrement ; il s’en méfiait, croyant a cette maxime transmise par ses ancêtres : qu’un prisonnier est plus à craindre que cinq ennemi…. Vénéré de ses peuples, il professait dans toutes les circonstances les sentiments les plus nobles ; il avait le mensonge en horreur, et savait se rendre aux avis de ses conseillers. Il donnait tous les jours audience a ses sujets avec une extrême affabilité. Sa physionomie exprimait la sagesse et la bienveillance ; il était aussi gai, aussi spirituel que fameux guerrier et habile homme d’État. On pourrait l’appeler, a plus d’un titre, le Pierre le Grand de l’Océanie, car il s’était livré à tous les arts de son pays pour les encourager, et il excellait dans plusieurs. Cependant sans le naufrage du paquebot l’Antilope, commandé par le capitaine Henri Wilson (voy. Wilson) qui se perdit, en 1783, sur les îles Pelew, l’Europe n aurait pas connu le beau caractère d’Abba-Thulle. Il exerça envers les Anglais la plus touchante hospitalité ; mais ceux-cl, l’ayant soupçonne de vouloir les retenir, tramèrent un détestable complot, et désignèrent leur bienfaiteur et ses frères pour leurs premières victimes. Heureusement la bonne intelligence se rétablit ; les naufragés construisirent un petit bâtiment, et aidèrent leurs hôtes à combattre des peuplades ennemies. Avant son départ, le capitaine Wilson fut décoré du bracelet, ordre chevaleresque des îles Pelew. Abbba-Thulle avait cinq femmes et plusieurs enfants ; les Anglais connurent sa fille Erre-Bess et ses fils Qui-Bill et Lee-Boo (Libou). Le second s’embarqua pour l’Angleterre, à la demande de son père, qui voulait lui faire acquérir des connaissances utiles à son peuple ; il mourut à Londres, de la petite vérole, le 27 décembre 1784. La conduite que tint Abba-Thulle avec les Anglais fait, le plus grand honneur sa mémoire ; mais il ne fut pas assez sage pour prévoir les désastres que les armes à feu devaient causer dans ses îles. Des mousquets et des munitions lui furent laissés par Wilson ; il en reçut encore, en 1791, de la part de la compagnie des Indes, par le commandant Mac-Cluer, dont les compagnons prirent parti dans ses guerres. Lorsque le capitaine américain Delano visita les îles. Pelew pour la seconde fois, en 1793, les armes à feu y avaient occasionné les plus grands ravages. Abba-Thulle était mort ; son fils Qui-Bill, d’un caractère faible, n’avait pu conserver la couronne, malgré les valeureux efforts des guerriers fidèles à la mémoire de son père. Son oncle Rara-Kook, premier général d’Abba-Thulle, avait usurpé l’autorité suprême et l’exerçait avec tyrannie. Il fut bientôt assassiné, et plusieurs rupacks lui succédèrent au milieu des troubles. Le nom d’Abba-Thulle parait être devenu un titre attaché à la dignité suprême dans les iles Pelew Le chef qui l’honora par ses talents et son caractère rappelle Taméah-Méah et Finow, rois des îles Sandwich et de Tongatabou ; dont le génie se développa dans des circonstances à peu près semblables. Il a été appelé Abba-Thulle le Grand par le navigateur Delano. B-v-e.


ABBATUCCI (Jacques-Pierre), général français, naquit dans l’île de Corse en 1726. Après avoir fait de bonnes études à Padoue, il embrassa l’état militaire. La Corse était aors en guerre avec les Génois, dont elle cherchait à secouer le joug ; mais les chefs de l’insurrection étaient divisés. Abbatucci, d’abord en rivalité avec le fameux Pascal Paoli, finit par se réunir à lui, et devint son lieutenant. Lorsqu’en 1768, la république de Gènes, fatiguée d’une lutte opiniâtre, céda l’île de Corse a la France, Abbatucci combattit encore pour l’indépendance de sa patrie, et contribua vaillamment aux succès que Paoli obtint contre le marquis de Chauvelin ; mais lorsque les Français, commandés par le comte de Vaux, eurent détruit l’armée corse, Abbatucci fit sa soumission, et reçut de Louis XV les épaulettes de lieutenant-colonel. Sous le gouvernement du comte de Marbœuf, il fut imnpliqué dans un procés