Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/467

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
451
ALE

brisa ensuite les os à coups de massue, pour faire croire que le prince était mort d’une chute. Alexis n’avait régné que 6 mois ; il prouva, pendant un court intervalle, qu’il n’avait aucune des qualités nécessaires aux souverains. L-S-e.


ALEXIS V, empereur de Constantinople, surnommé, Murzuphle, à cause de l’épaisseur de ses sourcils, était de l’illustre famille des Ducas. Son caractère ambitieux et perfide lui fit entrevoir la possibilité de monter sur le trône chancelant de Constantinople, où se succédaient rapidement les faibles empereurs du nom de l’Ange. Alexis IV venait d’y être replacé avec son père Isaac, par les chefs latins de la 4e croisade. Murzuphle chercha à s’insinuer dans l’esprit du jeune empereur, pour être mieux à portée de le perdre, en profitant de ses fautes. Alexis, placé entre ses avides protecteurs et ses sujets turbulents, dont la haine pour les Latins égalait l’imprudence et la lâcheté, avait lui-même trop de faiblesse et d’indécision pour se tirer d’un pas aussi difficile ; Murzuphle se déclara ouvertement contre les croisés, et engagea Alexis à les irriter par des trahisons ou par des attaques imprévues, que le perfide confident faisait échouer secrètement, et dont il se servait pour décrier l’empereur auprès des Grecs mécontents. Un incendie terrible, qui dévora Constantinople pendant huit jours, en 1203, et dont les Latins furent la première cause, porta l’irritation à son comble ; le 25 janvier 1204, le peuple s’ameuta et força le sénat à déposer l’empereur, et à élire un jeune homme nomme Canabe. Alexis, effrayé, fit, par le conseil de Murzuphle, demander en secret du secours aux croisés ; mais Murzuphle profita de cette démarche pour répandre une alarme générale ; et, lorsque la nuit fut venue, il se rendit au palais, épouvanta l’empereur, afin de le déterminer à sortir par une secrète issue, ou l’attendaient des satellites qui saisirent ce prince, et le jetèrent dans un cachot. Le lendemain, Murzuphle se fit couronner ; Canabe, lui fut livré. Maitre du trône, Alexis Murzuphle songea d’abord à se défaire d’Alexi, et de son père. (Voy. Alexis IV.) Ces malheureux princes perdirent la vie ; cependant ils laissèrent des vengeurs inquiétants Murzuphle employa toute son adresse pour se rendre les croisés favorables ; mais ses ruses furent inutiles ; les chefs latins reçurent ses propositions avec indignation et se préparèrent à attaquer Constantinople, que Murzuphle ne songea plus qu’à bien défendre ; il en fit réparer les foritications ; et, pour se procurer l’argent qui lui manquait, il força à des restitutions tous ceux qui, sous les règnes des l’Ange, avaient commis des dilapidations. Peu sur cependant de l’affection et du courage des Grecs, il tenta encore d’entamer une négociation avec le doge Dandolo. Celui-ci propos des conditions que Murzuphle rejeta ; l’une d’elles était la soumission des grecs à la communion latine. Tout accommodement devenaient impossible, les chefs latins convinrent entre eux du partage de l’empire d’Orient, et le 9 avril 1204, ils livrèrent le premier assaut. Les Grecs, animés par Murzuphle, et rassurés par la force de leur mirailles, soutinrent vigoureusement l’attaque, et repoussèrent les croisés ; après quelques jours d’incertitude et de découragement, ceux-ci donnèrent un assaut plus furieux encore, et s’emparèrent des murs et des principaux quartiers. Murzuphle, réfugié au palais Bucoléon, s’y barricada ; mais, au milieu de la nuit, il s’évada, et sortit de la capitale, emportant avec lui ce que le palais contenait de plus précieux, et accompagné d’Euphrosine, femme du vieil Alexis III, et de sa fille Eudocie, que Murzuphle avait épousée, quoiqu’il fut déjà marié deux lois sans avoir été veuf. Il ne s’éloigna de Constantinople que de quatre journées, et tâcha de se former un parti dans la Thrace, où son beau-père Alexis s’était réfugié pareillement. La nécessite rapprocha ces deux misérables ; après quelques pourparlers, auxquels la défiance et la trahison présidaient, Murzuphle se rendit avec ses troupes à Mosynople, dont Alexis était maître. Ce dernier fit à son gendre et à sa fille un accueil bienveillant ; mais, quelques jours après, il les invita à venir prendre le bain, et Murzuphle fut à peine entré, que des soldats se jetèrent sur lui, et lui arrachèrent les yeux, malgré les cris d’Eudocie, qui accablait son père d’imprécation. Murzuphle, abandonné des siens, erra pendant quelque temps, et se disposait à passer en Asie, lorsqu’il fut arrêté et conduit devant Baudouin Ier, empereur français d’Orient, qui le fit juger par ses barons comme coupable du meurtre de son souverain. Murzuphle se défendit avec audace : il n’en fut pas moins condamné être précipite du haut de la colonne que le grand Théodose avait fait élever sur la place du Taurus, à Constantinople. Cet événement eut lieu en 1204. L-S-e.


ALEXIS (le Faux), imposteur, qui, sous le règne d’Isaac l’Ange, en 1191, profita de quelques traits de ressemblance avec Alexis II, et voulut se faire passer pour le fils de Manuel Comnène. (Voy. Alexis II.) Le mépris que s’attirait Isaac pouvait un moment accréditer cette fable, et le faux Alexis la débita avec assurance à la cour d’Azeddin, sultan d’Iconium, dont il sollicita le secours. Le mahométan le lui promit d’abord ; mais, détrompé par l’ambassadeur d’Isaac, il se contenta de permettre au rebelle faire des levées dans ses États. Le faux Alexis rassembla 8,000 hommes, se fit proclamer empereur à la tête de cette petite armée, et vint porter le ravage dans les paus voisins du Méandre. La faiblesse de la cour de Constantinople lui laissa remporter quelques avantages, et son parti grossissait de jour en jour ; mais ses soldats indisciplinés, et la plupart musulmans, commettaient d’affreux ravages, et ne respectaient pas les temples chrétiens. Un prêtre d’Asie indigné de tant de sacrilèges, pénétra dans la chambre d’Alexis, un jour que cet imposteur était assoupi par les fumées du vin ; et, ayant saisi une épée suspendue au chevet du lit, il lui coupa la tête, ce qui mit fin à la rébellion. L-S-e.


ALEXIS-MICHAÉLOWITZ, czar de Russie., et fils du czar Michel Féodorowitz, naquit en 1630. A la mort de son père, en 1646, il fut couronné par les soins de son gouverneur Morosou, qui devint son premier ministre, obtint sa confiance, et essaya