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qu’elle comptait jusqu’à quatre cents religieux. Outre les indigènes ou syriens, il s’y trouvait des Grecs, des Latins et des Égyptiens. Il les divisa en plusieurs chœurs, qui, se succédant les uns aux autres, célébraient sans interruption l’office divin, chaque nation en sa langue. C’est le premier exemple d’une pareille pratique. Cet institut de psalmodie perpétuelle se répandit dans tout l’Orient. Alexandre revint lui-même, avec plusieurs de ses disciples, à Constantinople, où il fonda, près de l’église de St-Mennas, un monastère ou il y eut bientôt trois cents religieux, qui se relevaient jour et nuit pour psalmodier en différentes langues. De là ils furent appelés ἀϰοιμήται, acémètes (hommes qui ne se couchent point). St. Alexandre mourut en 430, dans un monastère qu’il était allé construire sur les bords du Pont-Euxin. G-y.


ALEXANDRE, évêque de Lincoln, au 12e siècle, neveu de Roger, évêque de Salisbury, était né en Normandie. Il fut élève sur le siége épiscopal l’an 1123. Ce prélat aimait la magnificence, et, un an avant de mourir, St. Bernard lui adressa une lettre ou il l’exhortait à ne pas se laisser éblouir par l’éclat des grandeurs mondaines. Alexandre, selon l’usage des barons et de quelques évêques de son temps, dépensa des sommes considérables pour construire des châteaux : il en avait jusqu’à trois qui étaient des forteresses imposantes ; ce qui fit craindre au roi Étienne qu’ils ne fussent destinés à soutenir les prétentions de l’impératrice Mathilde qui lui disputait la couronne, et le détermina à s’en emparer. Après quelque résistance, le château de Newark se rendit, et l’évêque fut emprisonné pendant quelques mois. L’an 1142, il alla à Rome, et revint en Angleterre avec la qualité de légat et le pouvoir d’assembler un synode pour régler les affaires de l’Église. Il fit un second voyage à Rome, vint en France l’an 1147, et mourut, à son retour, dans son pays natal. Alexandre fit aussi bâtir deux monastères ; et, la cathédrale de Lincoln ayant été brûlée. il en fit construire une autre, qu’il mit à l’abri d’un semblable accident, au moyen d’un toit de pierre. C’est un des édifices les plus remarquables de l’Angleterre. D-t.


ALEXANDRE Newiski ou Newskoi, saint et héros moscovite, était fils du grand-duc Yaroslaf, et naquit en 1218. À cette époque, la Russie était pressée de tous côtés par de nombreux ennemis, et particulièrement au midi par les hordes tatares. Afin d’être plus à portée de leur résister, Yaroslaf quitta Novogorod, lieu de sa résidence, et laissa ses deux fils, Fédor et Alexandre, pour y commander en son absence. À la mort de Fédor, Alexandre eut seul le pouvoir. Il épousa une princesse de la province de Polotzk, et défendit avec beaucoup de vigueur son gouvernement contre les ennemis. Il établit une ligue de forts, le long de la rivière Shelonia, jusqu’au lac Ilmen, pour résister aux incursions des Tshudes, ou Esthoniens. En 1239, tandis que Yaroslaf était engagé dans la guerre contre les Tatars, une armée combinée de Suédois. de Danois et de Chevaliers de l’ordre teutonique, entreprit une expédition contre Novogorod, et débarqua sur les bords de la Néva. Fiers de leurs forces, ils prirent envers Alexandre le ton de la supériorité, et lui enjoignèrent de se soumettre ; mais ce prince courageux préféra courir les chances d’une bataille. Elle fut sanglante, et Alexandre mit les ennemis en fuite, après avoir tué beaucoup de monde, et blessé, dit-on, de sa propre main, le roi de Suède. La descriptions de cette bataille, l’un des événements les plus remarquables de l’histoire de Russie, est ornée d’une foule de circonstances qui sont probablement des fictions d’un siècle et d’un pays peu éclairés. Ce fut du nom de la Néva, près de laquelle l’action eut lieu. qu’Alexandre reçut le surnom honorable qui lui fut alors donné. Il passa le reste de sa vie à défendre son pays avec une valeur extraordinaire, défit les Tatars en divers engagements, et affranchit la Russie du tribut que lui avaient imposé les successeurs de Gengis-Kan. Alexandre mourut à Gorodetz, près de Novogorod, et la reconnaissance de ses compatriotes l’éleva au rang des saints. Pierre Ier sut habilement profiter de la vénération que ce héros avait inspirée aux Russes, et bâtit, non loin de Petersbourg, un très-beau monastère, au lieu même ou Alexandre avait remporte sa plus glorieuse victoire ; il institua de plus, sous le nom de St. Alexandre Newskoi, un ordre de chevalerie qui brille maintenant d’un grand éclat. D-t.


ALEXANDRE Ier, roi d’Écosse, fils de Malcom III, succéda à son frère Edgar, en 1107. L’impétuosité de son caractère lui fit donner le surnom de Farouche. Avant de parvenir au trône, il avait tellement su cacher ses mauvaises qualités, qu’aussitôt qu’il les dévoila, elles surprirent et mécontentèrent tout à la fois ses sujets. Le nord du royaume fut bientôt rempli d’insurgents ; mais Alexandre les défit successivement, et assura sa puissance par la mort de leurs principaux chefs. Revenu dans le midi de ses États, il reçut un jour les plaintes d’une veuve qui lui dénonça le jeune comte de Mearns, comme ayant fait mettre à mort, sans jugement, deux de ses vassaux, l’un époux, l’autre fils de cette femme. Alexandre fit pendre le coupable en sa présence. Des assassins s’étant introduits dans sa chambre à coucher pendant la nuit, il saisit ses armes, tua six de ses agresseurs, et parvint à s’échapper. Après avoir rétabli l’ordre dans son royaume, il rendit une visite à Henri Ier, roi d’Angleterre, à qui il fut utile, en terminant une querelle élevée entre ce prince et les Irlandais. Le reste de son règne fut paisible. Il mourut sans avoir été marié, en 1124, après un règne de 17 ans, et eut pour successeur David, son frère puîné. G-t.


ALEXANDRE II, roi d’Écosse, fils de Guillaume le Lion, naquit en 1198, et succéda à son père à l’âge de seize ans. Il eut bientôt une guerre à soutenir contre Jean, roi d’Angleterre, et fit une irruption dans cette contrée. De son côté, Jean pénétra en Écosse, et y commit de grands dégâts. Dans une seconde expédition, Alexandre prit Carlisle, et pénétra jusqu’à Richmond. L’année suivante, il vint à Londres, sur l’invitation du prince français, Louis,