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serait plus flexible, et il se trompe. Après de vaines négociations, le pape s’était déterminé à rendre une bulle contre les quatre articles, et la mort seule en empêcha la publication. Cette conduite a été blâmée par la plupart des historiens français. Alexandre s’était fait plus d’honneur, dit l’un d’eux, en condamnant précédemment le péché philosophique, par un décret de 1690. Alexandre VIII secourut, avec de grandes sommes d’argent, les Vénitiens et l’empereur Léopold, dans leur guerre contre les Turcs. Son pontificat a duré trop peu pour fournir beaucoup d’événements à l’histoire. Il n’occupa le saint-siége que 16 mois, et mourut le 1er février 1691, dans la 82e année de son âge. Dans ses derniers moments il assembla sa famille et ses amis pour leur exposer les motifs de toute sa conduite. Il avait du savoir, de l’éloquence, de l’habileté dans l’administration. Sa figure était noble, ses manières engageantes, sa conversation agréable, avec un peu de penchant à la raillerie. Il fut assez libéral envers les pauvres et beaucoup trop envers ses proches, qu’il se hâtait d’enrichir, à cause de son grand âge. « Il est déjà vingt-trois heures et demi ! » s’écriait-il quelquefois. Il distribua en mourant à ses neveux tout ce qu’il avait amassé d’argent, ce qui, fit dire à Pasquin « qu’il aurait mieux valu pour l’Église être sa nièce que sa fille. » Ce pontife eut pour successeur Innocent XII. D-s.


ALEXANDRE (Saint), patriarche de Constantinople, ne l’an 241, l’ut nomme évêque de Byzance en 317. Constantin étant entre dans cette ville (324), après la seconde victoire qu’il avait remportée sur Licinius, des philosophes païens se plaignirent près de lui de ce qu’il abolissait le culte observé par ses prédécesseurs pour introduire une religion nouvelle. Ils demandèrent à avoir une conférence publique avec l’évêque Alexandre, qui, quoique peu exercé dans les subtilités de la dialectique, y consentit, à la prière de l’empereur. Le saint évêque, se confiant en son maître. dit à celui qu’ils avaient chargé de porter la parole pour eux tous : « Au nom de Jésus-Christ, je vous commande de vous taire. « Aussitôt, dit Sozomene, il devint muet, comme si une force invisible lui eût fermé la bouche. On jugea, ajoute cet historien. que ce n’était point un petit miracle que d’avoir fait taire un philosophe. L’année suivante, (325), Alexandre assista au concile de Nicée, convoqué contre Arius. Peu après, Constantin, frappé d’étonnement à la vue de la situation merveilleuse de Byzance, résolut de l’agrandir et d’y établir une résidence digne de lui. La nouvelle ville, appelée Constantinople, fut solennellement dédiée en 330. Parmi les constructions, on remarqua surtout les basiliques que l’empereur fit pourvoir de livres, d’ornements, avec une magnificence vraiment impériale. Alexandre eut une part très-active à ces grands changements. Pendant les dernières années de son épiscopat, son zèle fut soumis à une rude épreuve. Les ariens, ayant obtenu l’autorisation de Constantin, convoquèrent (336) un concile à Constantinople. Le saint prélat fit inutilement tous ses efforts pour empêcher la tenue de cette assemblée. On employa les prières, les instances et les menaces pour s’engager à laisser entrer Arius dans son église patriarcale et à communiquer avec lui. Constantin, qu’Arius avait trompé par une profession de foi conçue en termes artificieux, fit venir Alexandre pour l’engager à céder. Quoique alors âgé de quatre-vingt-quatorze ans, l’évêque répondit avec une fermeté respectueuse aux sollicitations du prince. Les ariens, n’ayant pu vaincre sa constance, prirent la résolution de faire entrer Arius de force dans l’église cathédrale. Ils y conduisaient comme en triomphe leur chef ; étant arrivés près de la colonne de porphyre élevée sur la place de Constantin, Arius éprouva un besoin naturel. On le fit entrer dans un lieu retiré ; comme il n’en sortait point, on ouvrit, et on le trouva mort, avant perdu beaucoup de sang. (Voy. Arius.) La nouvelle de cet événement se répandit aussitôt dans la ville, et Constantin résolut de s’attacher plus fermement à la foi de Nicée. Alexandre mourut en 340, à l’âge de 98 ans. G-y.


ALEXANDRE (Saint), patriarche d’Alexandrie, succéda, en 313, à St. Achillas. Arius, qui avait eu des prétentions sur ce siége, devint furieux de la préférence donnée à Alexandre, et, ne pouvant l’attaquer sur ses mœurs, il le calomnia sur sa doctrine, en enseignant lui-même une doctrine nouvelle et toute contraire. Le saint évêque, touche des progrès de l’erreur, n’y opposa d’abord que des voies de douceur, d’exhortation et de persuasion, dans l’espoir de le ramener par sa modération, qui fut même blâmée· par quelques catholiques zélés ; mais, n’ayant pu rien gagner sur son esprit, il le cita devant une assemblée du clergé d’Alexandrie, et, sur le refus de l’hérésiarque de renoncer à ses erreurs, il l’excommunia avec ses sectateurs. Cette sentence fut confirmée par près de cent évêques, dans le concile d’Alexandrie, en 320, dont il notifia le jugement au pape St. Sylvestre, et à tous les évêques catholiques, par une lettre circulaire. Le célèbre Osius, chargé par l’empereur Constantin d’aller prendre des informations sur les lieux, approuva sa conduite. St. Alexandre assista au concile général de Nicée, où il se fit accompagner par St. Athanase, qui n’était encore que diacre, et il mourut, le 26 février 326, après avoir désigne Athanase pour son successeur. On trouve dans Theodoret sa lettre adressée à Alexandre de Byzance, contre les évêques qui avaient reçu Arius à leur communion, après qu’il avait été excommunieé au concile d’Alexandrie. Socrate nous a conservé la circulaire dont il a été fait mention, et Cotelier a publié, dans ses notes sur les constitutions apostoliques, une troisième épître de ce saint prélat. T-d.


ALEXANDRE (Saint), fondateur des acémètes, né vers le milieu du 4e siècle, dans l’Asie Mineure, remplit pendant quelque temps une charge à la cour impériale d’Orient. Dégoûté du monde, il distribua ses biens aux pauvres, quitta la cour, Constantinople, et vint se réfugier dans les déserts de la Syrie. Ayant fondé un monastère sur les bords de l’Euphrate, il vit sa communauté s’accroître tellement,