Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/427

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
411
ALE

l’an 328 avant J.-C. Alexandre le Grand se préparait a entrer dans Pliyrcanie, lorsqu’on lui annonça la mort de son oncle ; il en fit porter le deuil à son armée. C-r.


ALEXANDRE, troisième fils de Cassandre, roi de Macédoine, disputa le trône à Antipater, son frère, après la mort de Philippe son aîné. Antipater, croyant que Thessalonice, leur mère, favorisait les prétentions de son frère, les fit mourir de la manière la plus barbare ; et, comme il était soutenu par Lysimaque, son beau-père, Alexandre eut recours à Pyrrhus, roi d’Épire, et à Démétrius, fils d’Antigone. Le premier vint sur-le-champ, et, après s’être fait payer sa protection par la cession de quelques provinces, il força Antipater à en venir à un accommodement avec son frère. Il ne se fut pas plutôt retiré, que Démétrius arriva. Alexandre, embarrassé de sa présence, chercha, dit-on, à le faire assassiner, et Démétrius le prévint, en le faisant tuer lui-même, ainsi que toute sa suite, l’an 195 avant J.-C. Alexandre avait épousé Lysandra, fille de Ptolémée Lagus, et d’Eurydice. Après l’avoir ainsi assassiné, Démétrius réunit l’armée macédonienne à la sienne, et se fit proclamer roi de Macédoine. C-r.


ALEXANDRE (Balas), roi de Syrie, se disant fils d’Antiochus Epiphanes, n’était, selon les historiens les plus dignes de foi, qu’un aventurier et un fourbe, étranger à la race des Séleucides. La politique et la haine se servirent de lui pour renverser Démétrius Soter, roi de Syrie, qui s’était rendu odieux à ses sujets et aux rois ses voisins. Démétrius avait contre lui, non-seulement les rois de Cappadoce, de Pergame et d’Égypte, mais encore le sénat romain, et surtout un certain Héraclide, frère de Timarque, gouverneur de Babylone, qu’il avait exilé à Rhodes. Cet homme audacieux et rusé se concerta secrètement avec les ennemis de Démétrius, pour lui susciter un adversaire dangereux ; il choisit à Rhodes un jeune homme d’une extraction basse, nommé Balas ; et, après lui avoir appris à jouer le rôle auquel il le destinait, il le fit passer pour fils d’Antiochus Epiphanes, et réclama ses droits à la couronne de Syrie. Il conduisit Balas à Rome avec Laodice, véritable fille d’Antiochus, qui, s’étant laissé gagner, servit à donner à l’imposture un air de vraisemblance. Le sénat, charmé de trouver une occasion de se venger de Démétrius, reconnut Balas pour fils d’Antiochus, lui permit, par un décret, de faire valoir ses droits, et recommanda aux alliés du peuple romain de l’aider dans cette entreprise. Polybe, qui alors se trouvait à Rome, assure que toute la ville était convaincue de l’imposture de Balas, et que la surprise fut extrême lors de la publication du décret en faveur de cet aventurier. Précédé en Syrie par les ordres du sénat, l’imposteur fut joint bientôt par des troupes nombreuses, que lui envoyèrent successivement Ariarathe, Ptolémée et Attale. Lorsqu’il se fut rendu maître de Ptolémaïde, les Syriens mécontents vinrent encore grossir son armée. Démétrius marcha contre lui, et gagna la première bataille ; mais l’imposteur reçut de nouveaux secours, et, soutenu par les Romains et par Jonathas, grand prêtre des Juifs, il marche lui-même contre Démétrius. Dans une seconde bataille, l’an 151 avant J.-C., il lui arracha la couronne et la vie, et resta maître du royaume syrien. L’heureux imposteur envoya aussitôt une ambassade à Ptolémée, roi d’Égypte, pour lui demander en mariage sa fille Cléopâtre, qui lui fut accordée. Enivré alors de tant de succès, il ne songea plus qu’à satisfaire son penchant pour l’oisiveté, le luxe et la débauche, laissant tout le poids des affaires à son favori Ammonius, homme ombrageux et féroce, qui fit gémir les Syriens sous un despotisme cruel. Le fils de Démétrius profita alors de l’indignation publique pour rallier une foule de mécontents. Il se mit en devoir de marcher contre l’usurpateur, qui, effrayé de la défection des-Syriens, se hâta d’appeler à son secours Ptolémée, son beau-père. Ce prince s’avança en Syrie avec une armée puissante ; mais, arrivé à Ptolémaïde, il s’empara de cette place et de plusieurs autres, et se déclara contre son gendre, qu’il accusa d’avoir attenté à sa vie. Les historiens sont partagés sur cette circonstance. Les uns croient à la réalité de ce complot ; d’autres assurent que Ptolémée ne fut dirigé que par l’ambitieux projet de réunir sur sa tête les couronnes de Syrie et d’Égypte. Quoi qu’il en soit, s’étant uni au jeune Démétrius, il fit épouser à son nouvel allié sa fille Cléopâtre, qui abandonna sans peine l’imposteur Balas, contre lequel les habitants d’Antioche se révoltèrent. Ce dernier était en Cilicie, lorsqu’il apprit à la fois l’infidélité de son épouse, la perfidie de Ptolémée, et la révolte d’Antioche. Il assembla à la hâte une armée, et s’avança vers la capitale ; mais il fut vaincu, détrôné et ensuite poignardé par un chef arabe, auprès duquel il était allé chercher un asile, et sa tête fut envoyée à Démétrius : il avait régné 1 ans. L’auteur du 1er livre des Machabées paraît croire qu’Alexandre Balas était réellement le fils d’Antiochus IV, et Polybe, qui pense le contraire, était l’ami de Démétrius Soter, ainsi qu’il l’a dit lui-même. Au reste, il est sûr qu’Alexandre Balas n’était pas sans mérite. Il aimait les lettres, et s’entretenait fréquemment avec les savants et les philosophes : ce qui doit, au moins, faire supposer qu’Héraclide, avant de le mettre en scène, avait soigneusement veillé a son éducation. B-p.


ALEXANDRE II, roi de Syrie, surnommé Zabinas, mot qui, en syriaque, signifie esclave acheté, n’était qu’un imposteur, fils d’un fripier d’Alexandrie, que Ptolémée Physcon, roi d’Égypte, suscita contre Démétrius Nicanor, roi de Syrie, en haine de ce prince qu’il voulait détrôner. Zabinas, soutenu par le roi d’Égypte, eut l’adresse de se faire passer pour fils d’Alexandre Balas, dont il réclama l’héritage. Tout favorisait son imposture, son âge, sa taille, ses traits, et le gouvernement tyrannique de Démétrius. Dès qu’Alexandre parut en Syrie, les peuples, qui désiraient un changement, se déclarèrent en sa faveur, sans approfondir ses droits, dont le plus réel fut une victoire qu’il remporta près de Damas sur Démétrius, qui se réfugie à Tyr, où il fut assassiné, l’imposteur monta sur le trône, l’an 126 avant J.-C., aux acclamations des peuples, et s’empara d’une