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ramener à la religion catholique, il se laissa lui-même ébranler sur sa propre croyance. Il était chanoine de la métropole d’Édimbroug. Le prévôt, mécontent de la manière dont il censurait le clergé, le fit mettre en prison. Alas trouva le moyen d’en sortir, et il profita de sa liberté pour aller faire profession du luthérianisme en Allemagne (1532). Lorsque Henri VIII se fut constitué en état de schisme, Ales revint à Londres en 1535, et y enseigna publiquement, sous la protection de l’archevêque Cranmer. La disparition de ce prélat l’obligea de retourner en Allemagne, et il devint professeur de théologie à Francfort-sur-l’Oder en 1540. Choqué ensuite de ce que les magistrats refusaient d’établir une peine contre les fornicateurs, il se retira en 1542 à Leipsick, où il remplit les mêmes fonctions jusqu’à sa mort, arrivée le 17 mars 1565. Ales était grand ami de Mélanchthon ; il assista avec lui, en 1554, aux conférences de Marbourg, ou il s’agissait d’apaiser les querelles théologiques de la Prusse, et, l’année suivante, à celle de Brandebourg, convoquées pour faire cesser les discussions excitées par les disciples d’Osiander. L’électeur de Brandebourg l’avait député, en 1541, aux conférences de Worms, où le cardinal Granvelle, qui y présidait pour Charles-Quint, ne voulut pas lui permettre de disputer. Ales a composé un grand nombre d’ouvrages qui firent du bruit dans le temps. Ce sont des commentaires sur les Psaumes, sur l’Évangile de St-Jean, sur l’Épitre aux Romains ; les deux à Timothée, celle à Tite ; des traités de controverse sur Jésus-Christ considéré comme unique médiateur, contre Osiander ; sur la Trinité, contre Valentin Gentilis ; sur la divinité de Jésus-Christ, contre Servet ; une Réponse aux trente-deux articles des docteurs de Louvain, etc. ─ Un autre Ales (Jean) naquit à Oxford, en 1584 ; d’abord calviniste, il se fit catholique, et fut regardé comme un bon théologien. Il composa plusieurs écrits remarquables par une sage tolérance, entre autres, un traité du schisme, et mourut en 1656, à 72 ans. T-d.


ALES (Pierre-Alexandre d’), vicomte de Corbet, issu d’une ancienne famille de Touraine, naquit le 18 avril 1715. À l’âge de dix-huit ans, il fut reçu dans les mousquetaires, et se trouva l’année suivante au siége de Kehl ; il passa ensuite comme officier dans un régiment de la marine, où il resta jusqu’en 1741, époque à laquelle des infirmités le forcèrent à demander sa retraite. Les maréchaux de France le choisirent pour leur lieutenant et juge du point d’honneur dans le blaisois, la Sologne et le Dunois. Des travaux littéraires et les soins de l’agriculture occupèrent ses loisirs. Il embrassa avec quelque chaleur les doctrines des économistes. Un assez grand nombre d’écrits anonymes sont sortis de sa plume. Le principal à pour titre : de l’Origine du mal, ou Examen des principales difficultés de Bayle sur cette matière, Paris, Duchesne, 1758, 2 vol. in-12. Ce traité n’est pas seulement une réfutation solide des doctrines de Bayle sur le mal physique et le mal moral, extraites de ses écrits, c’est aussi un bon résumé des différentes opinions émises sur ce sujet par les philosophes les plus distingués, tels que Malebranche, Leibnitz, etc., et même par quelques écrivains que l’auteur ne place pas à une assez grande distance des premiers, tels que Crousay, Leclerc, Jaquelot, etc. Il venge la Providence des torts apparents dont on l’accuse, et rend à la liberté morale de l’homme toute la spontanéité d’action dont on voulait la dépouiller. La méthode qu’il adopte n’est pas toujours bien suivie dans ses déductions, sa métaphysique est quelquefois enveloppée de nuages ; mais au reste, on doit s’étonner qu’un livre aussi estimable n’ait pas conservé le succès qu’il parait avoir obtenu lors de sa publication. On attribue au vicomte d’Alès une Dissertation sur les antiquités d’Irlande 1749, in-12, qui a paru sous le nom de Fits-Patrich. À ce sujet il est bon de faire connaître que la famille d’Alès se vantait de descendre d’une des plus illustres tribus de cette île. Alès de Corbet avait lu dans plusieurs séances de l’Académie d’Angers, dont il était membre, des mémoires sur l’origine de la noblesse d’armes ; il les fit imprimer en 1759, Avigon in-12, sous le titre de Recherches historiques sur l’ancienne gendarmerie française. Quoiqu’on pût désirer que le sujet fût plus approfondi, ces recherches ne manquent pas d’intérêt et peuvent servir de supllément à l’histoire de la milice française. On attribue aussi à cet écrivain : 1° Examen des principes du gouvernement qu’a voulu établir l’auteur des Observations sur le refus de Châtelet de reconnaître la chambre royale (sans date), 1753, in-12 ; 2° Nouvelles Observations sur les deux systèmes de la noblesse commerçante ou militaire, Amsterdam (Paris), 1758, in-12 ; 3° Origine de la noblesse française, Paris, Desprez, 1766, in-12. On ignore l’époque de la mort du vicomte d’Alés. ─ Pierre d’Alès, comte de Corbet, père du précédent, eut onze enfants dont trois seulement lui survécurent. Après la mort de sa femme, il embrassa l’état ecclésiastique et fut pourvu d’un cannonicat au chapitre de la cathédrale de Blois. Il engagea avec le célèbre généalogiste d’Hozier une discussion relative à sa famille dans l’Armorial général. Un des écrits qu’il publia à ec sujet est initulé : Mémoires critique sur un des plus considérables articles de l’Armorial général de M. d’Hozier de Serigny, 1756, in-12. La France littéraire de 1769 l’attribue par au vicomte son fils. ─ Alès de Corbet (Geneviève), depuis dame du Lude. Sa fille a fait paraître l’abrégé de la vie de M. Lepelletier, mort à Orléans en odeur de sainteté en 1765, Orléans, 1790, in-12. L-m-x.


ALESIO (Matthieu-Pierre), peintre et graveur, né à Rome, fut élève de Michel-Ange, et eut assez de génie pour bien saisir la manière de ce grand artiste. Jeune encore, il alla en Espagne pour y exercer ses talents : il commença par faire un grand nombre de dessins, dont il grava plusieurs à l’eau-forte. S’étant fixé à Séville, il peignit à fresque, dans la cathédrale de cette vile un St. Christophe, figure gigantesque, dont les jambes ont, dans leur plus grande largeur, plus de 4 pieds. Cette figure excita l’admiration générale ; finie avec soin dans toutes ses parties, elle offre un très grand caractère,