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ABB

Amsterdam 1723, 4 vol. in-12. Cet ouvrage, dans lequel Abbadie entreprend de réfuter sur plusieurs points l’Explication de l’Apocalypse de Bossuet, prouve que l’âge avait un peu affaibli ses organes quand il le composa ; 3o Réflexions sur la présence réelle du corps de Jésus-Christ dans l’eucharistie, en forme de lettres, la Haye, 1685, in-12, édition désavouée par l’auteur, à cause des fautes d’impressions dont elle fourmille : celle de 1713, publiée a Rotterdam dans une collection de traités sur l’eucharistie, est plus correcte ; 4o Sermons, Discours ; Panégyriques, prononcés et imprimés en différentes occasions ; 5o Défense de la nation britannique, où les droits de Dieu, de la nature et de la société sont établis au sujet de la révolution d’Angleterre, contre l’auteur de l’Avis important aux réfugiés (Bayle), Londres, 1692, in-8o, rare ; seconde édition, la Haye, 1695, in-12 ; 6o Histoire de la grande conspiration d’Angleterre avec le détail des diverses entreprise : contre le roi et la nation, qui ont précédé le dernier attentat, Londres, 1696, in-8o, ouvrage très-rare, composé par ordre du roi Guillaume, sur les pièces originales. On trouve dans le 15e volume de la Bibliothèque anglaise le projet d’une édition générale de ses œuvres, en 4 volumes in-4o, que sa mort l’empêcha d’exécuter. Elle devait contenir une nouvelle manière de prouver l’immortalité de l’âme, et des notes sur le Commentaire philosophique de Bayle ; il ne s’en est rien trouvé parmi ses papiers, parce que de profond méditatif composait quelquefois ses ouvrages dans sa tête, et ne les écrivait qu’à mesure qu’il les livrait à l’impression. — Abbadie, chanoine de Comminges, a donné une Dissertation touchant le temps auquel la religion chrétienne a été établie dans les Gaules, Toulouse, 1703, in-12. Il soutient qu’elle y fut prêchée avant le milieu du second siècle. T-d.


ABBAS, fils d’Abdel-Mothaleb, oncle paternel de Mahomet, fit d’abord la guerre à son neveu, l’accusant d’imposture et d’ambition. Mais le sort des armes lui fut contraire, et il tomba dans les mains de Mahomet, au célèbre combat de Bedr, l’an 2 de l’hégire (623-4 de J.-C.), Mahomet exigea de lui une rançon considérable. Abbas se plaignit de la dureté de son neveu qui voulait le réduire à la mendicité ; mais Mahomet, averti qu’il avait de l’argent caché, lui dit : « Où sont les bourses d’or que vous avez donné à garder à votre mère lorsque vous quittâtes la Mecque ? » Et aussitôt il lui déclara qu’une révélation l’avait instruit de ce secret. Abbas, ne doutant plus alors de la vocation de son neveu, lui remit la somme, embrassa sa religion et en fut un zélé défenseur. Sept ans après, au combat d’Honain, les soldats de Mahomet étaient près de fuir, et le prophète lui-même, attaqué de toutes parts, allait succomber. Abbas, aussi intrépide qu’éloquent, les anime par son exemple et ses discours, les ramène au combat et revient triomphant. Cette belle action jointe à beaucoup d’autres, à sa piété et a son zèle, lui mérita la vénération des musulmans et des califes Omar et Othman, qui descendaient toujours de cheval pour le saluer lorsqu’ils le rencontraient. Abbas mourut l’an 52 de l’hégire (632-3 de J.-C.). Il laissa un fils nommé Abd-allah, qui fut un des plus célèbres docteurs musulmans. La dynastie des Abbassides, la plus illustre qui ait régné sur les Arabes, tirait son origine d’Abbas. Elle détrôna les Ommiades, conserva le califat durant cinq siècles (752-1258), et fut renversée par les Mongols. J-n.


ABBAS Ier, surnommé le Grand, cinquième schah, ou roi de la dynastie des Sophis, qui avait pris possession du trône en 1501, n’attendit pas la mort de son père (Mohammed-Khoda-Bendel) ni celle de ses frères pour se faire reconnaître solennellement souverain du Khoraçan, province dont l’administration lui était confiée. Cette céremonie eut lieu à Hérat, le 3 mohharrem 996 (3 déc. 1587), c’est-à-dire deux ans avant son installation sur le trône de Perse ; car ce ne fut qu’en 998 (1589-90) qu’il monta sur ce trône, abandonné par son faible père, et souillé du sang de ses de dex frères aînés. Aussitôt il quitta Qazwyn, qui avait été jusqu’alors la capitale de la Perse sous les Sophis, ses prédécesseurs, et fixa le siége de l’empire à Ispahan. Il débuta par faire la paix avec les Ottomans, ces éternels ennemis des Persans ; et, malgré cette paix, son règne fut très-agité. Dès le commencement, les Usbeks s’étant emparés de Hérat, l’année qui suivit l’inauguration d’Abbas dans le Khoraçan, cette province fut longtemps livrée aux plus affreux brigandages, et il serait difficile de dire combien de fois elle fut prise, saccagée et évacuée par ces nomades. Les gouverneurs du Farsistone, du Kerman et d’Yezd levèrent l’étendard de la révolte, et l’on ne parvint à la réduire qu’en l’an 1000 (1301-2). La conquête du Guylan suivit de près cette expédition. Les malheureux Guylaniens furent vengés par les Usbeks qui, sous la conduite de leur sultan, nommé Tilym, mirent l’armée persane en pleine déroute, et en firent un horrible carnage. Abbas trouva quelque dédommagement du côte du Mazenderan, dont la conquête pourtant lui coûta trois années, de 1005 à 1007 de l’hégire (1596-1599). L’expédition du Mazenderan éloigna Abbas du pays des Usbeks, et leur donna la facilité, de tenter une nouvelle invasion dans le Khoraçan, d’où ils furent encore chassés. Tandis que le monarque persan se mesurait avec ces audacieux ennemis, son général, Allah-Veyrdy-Kan, réunissait à la Perse le Bahhréin et le Laristan. Ce fut vers cette époque, si glorieuse pour ses armes, qu’il empoisonna sa vie et imprima à sa mémoire un opprobre ineffaçable, par un de ces actes de cruauté si ordinaires chez les Persans. Ssefy-Mirza, son fils aîné, eut le malheur de lui inspirer quelques soupçons. À l’instant même l’ordre fut donne de faire périr ce jeune prince, et Ssefy-Mirza n’existait plus lorsque sont père reconnut qu’il s’était trompé. Livre aux regrets les plus douloureux, il porta pendant dix jours un bandeau sur les yeux pour ne point voir la lumière, et pendant le même temps ne mangea qu’autant qu’il était nécessaire pour ne pas périr de besoin. Il porta le deuil pendant un an, et affecta tout le reste de sa