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deux pièces, sans que personne, avant l’abbé d’Allainval ou Coquelet, se fût avisé d’en revendiquer pour lui l’honneur. Une autre difficulté se présente encore : quand on a débuté par deux comédies restées au théâtre, et qu’on est doué d’une assez grande fécondité pour en produire deux la même année, il est bien malaisé de se défendre d’en composer d’autres ; c’est là cependant ce qu’il faut admettre pour dépouiller de ces deux pièces Baron qui s’en est constamment déclaré l’auteur, et pour les donner à d’Alègre qui, selon toute apparence, ne s’en souciait guère. En effet, l’éditeur de son roman de Moncade dit « que d’Alègre a publié plusieurs ouvrages, « mais qu’il n’a jamais voulu qu’aucun parut « sous son nom, le titre d’auteur n’étant pas de son « goût. » D’Alègre mourut à Paris au mois de décembre 1736. On connait de lui : 1o Gulistan, ou l’Empire des roses ; Traité des mœurs des rois, Paris, 1704, in-12. L’ouvrage de Saadi (voy. ce nom) contient sept traités. D’Alègre n’a traduit que le premier, relatif aux mœurs des rois ; mais il y a joint plusieurs morceaux tirés des auteurs arabes, persans et turcs (Journal des Savants, 1705 ). 2o Histoire de Moncade, dont les principales aventures se sont passées au Mexique, ib., 1736, 2 part., in-12, roman très-médiocre. La seconde partie contient une nouvelle espagnole, intitulée le Marquis de Leyra, dont l’auteur est inconnu. 3o L’Art d’aimer, poëme, ibid. (1737 ), in-12. W-s.


ALEMAGNA (Giusto d’), peintre, est auteur d’une fresque que l’on voit encore sur un mur du couvent de Santa-Maria di Castello, à Gênes, et qui représente une Annonciation. Le travail en est soigné et fini, comme celui d’une miniature. L’ange Gabriel, quoique d’un style un peu gothique, est dans une attitude qui ne manque pas d’élégance. La peinture porte cette inscription : Justus de Alemania pinxit ; 1541. On donne communément, en Italie, le nom d’Alemagna à ce peintre ; mais nous croyons qu’il s’appelait seulement Juste, et qu’il était né Allemand. À cette époque, on ne signait que son nom de baptême ; on y joignait quelquefois celui de son pays. Les dominicains de Ste-Marie ont fait couvrir cette fresque d’une glace épaisse, qui la garantit de l’air de la mer et des injures du temps. A-d.


ALEMAN (Louis), cardinal, né en 1390, d’une famille noble du Bugey. Entré dans les ordres, il parvint par degrés à l’archevêché d’Arles. En 1422, le pape Martin V l’envoya à Sienne pour diriger la translation du concile de Pavie dans cette ville ; peu après, Aleman fut chargé de réformer la police dans la Romagne. Louis III, roi de Naples et comte de Provence, avait un grand respect pour Aleman. À sa considération, il confirma les privilèges que la ville d’Arles avait obtenus sous les règnes précédents. Le pape l’honora, en 1426, de la dignité de cardinal, et le fit camerlingue de l’Église. Après la mort de Martin V, Aleman se brouilla avec le pape Eugène, au sujet du concile de Bâle que le cardinal présidait. Dans ce concile, Eugène fut déposé, et l’on élut à sa place Amédée VIII, duc de Savoie, qui prit le nom de Félix V. Eugnène, de son côté, excommunia le cardinal, et le déclara indigne de posséder aucun rang dans l’Église ; mais lorsque Félix eut cédé la tiare à Nicolas V, légitime successeur d’Eugène, le nouveau pape rendit à Aleman toutes ses dignités, et l’envoya, décoré du titre de légat, dans la basse Allemague. À son retour, Aleman se retira dans son diocèse, où il s’occupa à rétablir la discipline dans le clergé, et à instruire le peuple. Il mourut à Salon, en 1450, à l’âge de 60 ans. lin 1527, le pape Clément VII béatifia cet archevêque, dont le corps fut alors transporté dans la ville d’Arles. D-t.


ALEMAN (Matthieu), né à Séville, vers le milieu du 16e siècle, fut employé comme un des surintendants et contrôleurs des finances, par le roi Philippe II qui, se liant difficilement à une seule personne, divisait souvent entre plusieurs hommes les attributions d’un seul ministère. Ayant servi plusieurs années avec honneur, l’amour du repos et des lettres lui fit demander sa démission qu’il obtint. On ignore l’année de sa mort, mais on présume qu’il vécut encore pendant une partie du règne de Philippe III. On est également peu informé des motifs qui le firent aller au Mexique, ou il était en 1600, époque à laquelle il y publia son Ortografia Castellan, in-4o, ouvrage rare aujourd’hui, et qui jouit de quelque réputation., Aleman avait publié à Séville, en 1601, in-4o, une Vie de St. Antoine de Padoue, en espagnol, accompagnée d’un Encomiasticon in cumdem, en vers latins qui ne manquent pas d’élégance. Ce livre a été réimprime à Valence, en 1608, in-8o. l’ouvrage qui l’a fait le mieux connaître est celui qui a pour titre : la Vida y hechos del Picaro Guzman de Alfarache, imprimé pour la première fois à Madrid, en 1599, in-4o. Quoique ce roman ne soit pas comparable à celui de Don Quichotte, il peut en être regardé comme le précurseur. Son succès fut prodigieux ; en peu d’années, il eut six éditions espagnoles, et fut traduit, en italien et en français. voici l’indication des traductions françaises : 1o Guzman d’Alfarache faict en français, par G. Chappuis, Paris, 1600, in-12 ; 2o le Gueux, ou la Vie de Guzman d’Alfarche (traduit par Chapelain), 1632, deux parties in-8o ; la Vie deguzman d’Alfarache traduite par Gabriel Bremond, 1696, 3 vol. in-12, 1709, 5 vol. in-12 ; le traducteur retrancha quelques aventures et en ajouta d’autres ; 4o Aventures de Guzman d’Alfarache, par le Sage. C’est une imitation plutôt qu’une traduction de l’ouvrage d’Aleman ; elle parut d’abord en 1733, puis en 1772, 2 vol., et ce n’est qu’un abrégé de l’ouvrage de le Sage qui a été publié (par Alletz), sous le titre d’Aventures plaisantes de Guzman d’Alfrache, 1772, 2 vol, in-12 ; 1783, 2 vol. in-18. C-s-a.


ALEMAND (Louis-Augustin), né à Grenoble en 1643, après avoir abjuré la religion protestante, se fit recevoir docteur en médecine à la faculté d’Aix, dans l’espoir d’obtenir un brevet de médecin du roi sur les vaisseaux. Ses démarches ayant été vaines, il se rendit à Paris. Pélisson et le P. Bouhours furent amis d’Alemand, qui perdit l’amitié du dernier en obtenant, de l’abbé de la Chambre, le manuscrit