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est la mot lanterne. Loisel dit que « cette énigme se pourroit esgaler aux meilleurs poëmes latins qui ayent été faicts de ce siècle[1]. » Aleaume mourut en 1596, après avoir exercé pendant plus de vingt ans les fonctions de lieutenant général d’Orléans. Il avait épousé Marguerite Brulart, sœur du premier seigneur de Genlis. L-m-x.


ALEGAMBE (Philippe), jésuite, né à Bruxelles le 22 janvier 1592., n’avait point encore achevé ses études lorsqu’il passa en Espagne pour être attaché au duc d’Ossone, qu’il accompagna en Sicile. Après avoir pris l’habit de jésuite à Palerme, il alla étudier la théologie à Rome, et fut ensuite envoyé à Gratz, pour y enseigner la philosophie. Il parcourut ensuite l’Europe avec le jeune prince d’Eggemberg, dont il était gouverneur, et se fixa enfin à Rome, où il fut nommé préfet de la maison professe des jésuites ; il mourut en cette ville, le 6 septembre 1651, à 60 ans. Alegambe est connu par une Bibliothèque des Écrivains jésuites. Cet ouvrage, dont Ribadineira avait déjà donné une ébauche, fut imprimé à Anvers, en 1643, in-fol. Il est remarquable par son exactitude, quoique l’on y trouve quelques traces de partialité pour l’ordre des jésuites ; il a été réimprimé, avec les additions de Sotwel, à Rome, 1676, petit in-fol. Alegambe a écrit, en outre, spécialement la vie de plusieurs religieux de la même société : 1° Vita J. Cardini, Rome, 1640. in-12 ; 2° Mortes illustres et Gesta eorum de societ. Jesu qui, in odium fidei, ab hœreticis cvel aliis occisi sunt, Rome, 1657, in-fol. ; 3" Heroes et victimæ charitatis societatis Jesu, Rome, 1658, in-4o. C’est la liste des jésuites qui ont sacrifié leur vie pour secourir les pestiférés. Le P. Alegambe était allé jusqu’en 1647 ; Jean Nadasi, qui publia cet ouvrage, le continua jusqu’en 1657. D-g.


ALÈGRE (Yves, baron d’), d’une ancienne maison de l’Auvergne, suivit Charles VIII à, la conquête du royaume de Naples, en 1495. Ce prince le fit gouverneur de la Basilicate, et Louis XII lui donna ensuite le gouvernement du duché de Milan. Compagnon d’armes du chevalier Bayard, et de Gaston de Foix, duc de Nemours, il accompagna ce dernier dans son expédition contre le pape Jules II, et fut fait gouverneur de Bologne, en 1512. La même année, il décida la victoire à la bataille de Ravennes, où Bayard et Gaston allaient être enveloppés par les Espagnols, s’ils n’avaient été secourus par d’Alegre. Au moment où il se signalait par un si beau dévouement, il apprend que son fils vient d’être tué en combattant à côte du duc de Nemours. Déjà il avait perdu, quelque temps auparavant, un autre fils ; il ne put survivre à cette seconde perte : « Je vous suis, « mes enfants, » s’écria-t-il d’une voix douloureuse ! et, se précipitant au milieu des bataillons ennemis, il trouve la mort qu’il cherchait. C’était un des plus vertueux et des plus habiles capitaines de son temps. Gilbert, comte de Montpensier, ne perdit le royaume de Naples que pour n’avoir pas suivi ses conseils. On lui a reproché trop d’opiniâtreté dans ses projets, et c’est en grande partie à ce défaut qu’on attribua la défaite de Cérignole ; mais ses talents étaient si généralement reconnus, et les troupes avaient tant de confiance en lui, qu’il serait parvenu au commandement en chef, si la mort ne l’eût trop tôt arrêté dans sa brillante carrière. Les d’Alègre se firent remarquer dans le 16e siècle, par plusieurs meurtres, dont ils furent auteurs ou victimes. Ces faits, peu dignes de l’histoire, ont encore été aggravée par quelques biographes, qui en ont fait une famille d’Atrée et de Thyeste. Celui de ces faits qu’on peut considérer comme le plus authentique est l’assassinat d’Antoine d’Alègre, par son cousin Duprat, baron de Viteaux, qui le prit en traître au moment ou il sortait du Louvre, en 1571. B-p.


ALÈGRE (Yves, marquis d’), maréchal de France, se distingua à la bataille de Fleurus, en 1690, servit ensuite en Allemagne jusqu’à la paix de Riswick, et, après s’être signalé à la journée de Nimègue, défendit Bonn contre les alliés. Il fut fait prisonnier en Flandre, lorsque les lignes de Tirlemont furent forcées. On le conduisit en Hollande (1705), où Louis XIV lui envoya de pleins pouvoirs pour traiter avec cette république ; rentré en France après la conclusion de la paix, il reprit son service militaire, en 1712, au siége de Douai, s’empara ensuite de Bouchain, lit, l’année suivante, la campagne d’Allemagne, couvrit l’armée qui força le camp des impériaux près de Fribourg, et reçut, en 1724, le bâton de maréchal de France. Envoyé en Bretagne pour y commander en chef, il présida l’assemblée des états de cette province, en qualité de commissaire du roi, et mourut à Paris, en 1733, à 80 ans. B-p.


ALÈGRE (... d’), littérateur sur lequel on n’a presque aucun renseignement. Dans son Examen critique des dictionnaires, Barbier assure que cet écrivain était gentilhomme. Cependant on ne le voit pas figurer dans le Dictionnaire de la Noblesse par la Chanaye-Desbois ; et l’on a fait des recherches inutiles pour s’assurer s’il descendait de l’ancienne famille d’Alègre en Auvergne. C’est avec la même légèreté que, d’après une Lettre sur Baron et mademoiselle Lecouvreur, 1730, in-B", attribué par les uns à l’abbé d’Allainval, et par les autres à l’avocat Coquelet, Barbier le déclare le principal auteur de l’Homme à bonnes fortunes et de la Coquette, deux comédies qu’il enlève d’un trait de plume à Baron pour les donner à d’Alègre, comme on avait déjà tenté de lui enlever l’Adrienne et les Adelphes pour les donner au P. de la Rue. Mais l’homme à bonnes fortunes fut représenté pour la première fois le 30 janvier 1686 et la Coquette le 28 décembre de la même année ; comme il n’est guère vraisemblable que ces pièces fussent l’ouvrage d’un homme à peine initié dans les intrigues du monde, il faudra supposer que l’auteur avait au moins trente ans : ainsi d’Alègre serait né vers 1656 ; et par conséquent il aurait vécu cinquante ans après la représentation des

  1. « Loys Aleaume, savant et bon juge, composa un long poëme héroïque auquel il donna ce titre : Obscura Claritas, après l’avoir tou leu, avec plaisir, on trouvoit que cet énigme n’estoit qu’une lanterne » Discours ou Traité des Devises, pris et compilé des cahiers de feu François d’Amboise, par Adrise d’Amboise, Paris, 16?? (88 ??), p. 10.