Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/397

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
381
ALE

de Concilio habendo, qu’il ne put achever, et dont il n’avait écrit que quatre livres, fut cependant utile après sa mort : on le consulta souvent avec fruit au concile de Trente. On conservait de lui, dans la bibliothèque du Vatican, un autre manuscrit plus précieux, et que Mazzuchelli regarde même comme ce qu’Aléandre a laissé de plus important. Il contient des lettres, et d’autres écrits relatifs à ses nonciatures et à ses légations, contre l’hérésie de Luther. Le mérite de ces lettres est suffisamment prouvé par l’usage que le cardinal Pallavicino en a fait dans son Histoire du concile de Trente : les premiers livres sont en grande partie tirés de ces lettres et instructions, que le cardinal a soin de citer en marge ; et, pour mieux animer son récit, il met souvent ce qu’il en a tiré dans la bouche d’Aléandre lui-même. André Victorelli a écrit la vie d’Aléandre dans le recueil de celles des pontifes romains et des cardinaux, par Chacon et Cabrera, Rome, 1630, 2 vol. in-fol., et Rome, 1677, 1 vol. in-fol. G-é.


ALÉANDRE (Jérôme), qu’on appelle le Jeune, pour le distinguer du cardinal, était fils d’un neveu de ce dernier, qu’on nomme ordinairement l’Ancien. Il naquit, comme lui, à la Motte, en 1574, et fit ses études à Padoue, où il se fit connaître, des l’âge de dix-neuf ans, par des poésies latines et italiennes ; ce qui l’a fait mettre, par Baillet, au nombre des enfants célèbres par leurs études. Il n’en suivait pas avec moins d’ardeur celle du droit, et il n’avait que vingt-six ans quand il publia un commentaire sur l’ancien jurisconsulte Caïus. Il était aussi très-versé dans les antiquités. S’étant rendu a Rome, le cardinal Octave Bandini le prit pour secrétaire ; Aléandre remplit pendant vingt ans cette place. Urbain VIII l’enleva au cardinal Bandini, pour l’attacher au cardinal Fr. Barberini, son neveu, avec lequel il l’envoya en France. La faible santé d’Aléandre, qui avait résiste aux fatigues du voyage, ne put résister de même à la bonne chère qu’il fit, soit à Paris, soit à Rome, après son retour, avec des amis qui étaient dans l’usage de se rassembler tous les trois jours, et de se donner chacun à son tour de bons repas. Le dérangement total de son estomac fut suivi d’une longue maladie, qui l’enleva le 9 mars 1629, à l’âge de 55 ans. Le cardinal Barberini lui fit faire des funérailles magnifiques, auxquelles assista l’académie des Umoristi, dont il était membre, et dont il avait même été président. Ce furent des académiciens qui portèrent le corps sur leurs épaules, jusqu’à sa sépulture, à St-Laurent, hors des murs, où le cardinal lui fit ériger un tombeau avec son buste, et une épitaphe honorable. Plusieurs écrivains de son temps ont fait de grands éloges de son savoir, de ses talents et de l’élégance de son style. Fontanini, dans son Aminta difeso, et dans sa Bibliothèque italienne, semble avoir renchéri sur ces louanges. les principaux ouvrages d’Aléandre le Jeune sont : 1° Psalmi pænitentiales, versibus elegiacis expressi, Tarvisii, 1593, in-4o. 2° Caii, veteris jurisconsulti, inslititionum Fragmenta cum commentario, Venitiis, 1600, in-4o. 3° Explicatioo antiquæ tabulœ marmoreæ, solis effgie, symbolisque exculptœ, etc., Romæ, 1616, in-4o. Cet ouvrage, réimprimé plusieurs fois, et inséré dans le Thesaurus Antiquit. roman. de Grævius, est celui dans lequel l’auteur a montré l’érudition la plus étendue et la plus solide. 4° Carmina varia, imprimés avec ceux des trois Amalthée, dont il était neveu par sa mère, et dont il fit lui-même imprimer les œuvres. Venise, 1627, in-8o, (Voy. Amlthée.) 5° Le Lagrime di Penitenza, ad imitazione de sette Salmi penitenziali, Rome, 1623, in-8o. L’auteur assure, dans sa dédicace, qu’il avait compose cet ouvrage à seize ans. Le Quadrio en loue beaucoup le mérite poétique et le style. 6° Difesa dell’Adone, poema del Cav. Marino, etc., Venise, 1629 et 1630. Voyez les titres des ses autres ouvrages dans le P. Niceron, t. 24, et dans Mazzuchelli, Scrittori italiani, t. 1, part. 1. Enfin Aléandre a laissé un assez grand nombre de manuscrits, qui étaient conservés à Rome, dans la bibliothèque du, cardinal Barberini, et dont Fontanini (Aminta difeso) avait promis de donner une édition : en voici les titres : Commentarius in legem de Servitutibus ; Observationes vuriœ ; Commentarius ad vetus kalendarium Romanum sub Valente imperatore scriptum ; Epistolarum latinarum centuriæ plures ; Poemata latina varia ; Anacreonticorum liber ; Dissertationes ; Italicorum carminum volumen ; de Domo Moeenica libri duo. G-é.


ALEAUME (Louis), en latin Alcalmus. lieutenant général au bailliage et présidial d’Orléans, naquit à Verneuil en 1525 au sein d’une famille riche et considérée. Après avoir fait ses études en droit à Paris, il plaida plusieurs causes avec distinction. « Il « eust été grand avocat, dit Loisel, s’il se fust assujetty « au barreau ; mais il estoit homme de livres et « de liberté, se contentant de son bien et de sa place « de substitut au parquet de messieurs les gens « du roy[1]. » Il se rendit recommandable, comme magistrat, par sa science et son intégrité, « et exerça « l’estat de lieutenant général d’Orléans avec beaucoup « d’honneur et de plaisir, s’adonnant aux bonnes « lettres et singulièrement à la poésie latine dont il estoit « très-bon ouvrier. » Les pièces qu’il a composées en ce genre se trouvent dans le premier volume des Deliciœ poetarum gallorum, etc., collect. Ranutio Ghero (Grutero), Francfort, 1609. Son fils, Gilles Aleaume, héritier de sa charge et de ses vertus[2], avait d’abord publié ces poésies en un volume in-8o[3] devenu rare. Scévole de Ste-Marthe a donne une place dans ses éloges à Louis Aleaume. Il dit que tous les hommes lettrés lisent les vers de cet auteur ; et que, doué d’un génie heureux, il a su répandre de l’intérêt sur les matières les plus arides, et traite les sujets les plus ingrats avec une grande fécondité de verve. Il déploya surtout ce genre de talent dans un long poëme intitulé Obscura Claritas, que ses contemporains appelèrent une énigme, et dont le sujet

  1. Dialogue des avocats du parlement de Paris, à la suite des Lettres sur la profession de l’avocat, par Camus, 4e édition, donnée par M. Dupin, t. 1, p. 304.
  2. « Simul dignitatis et virtutis hœres. » (Scœvol. Sammarthani Élogior., lib. 4., p. 425, in-4o.)
  3. Jugements des savants, par Baillet, in-4o, t. 5, p. 14.