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ciphron vécut à peu pèrs à l’époque de Lucien. Au reste, sa vie nous est absolument inconnue ; la meilleure édition de ces lettres est celle qu’Ét. Bergier en a donnée, avec des notes très-savantes, Leipsick, 1709, 1715 ; et Utrecht, 1791, in-8o, et réimprimée, avec quelques additions, par les soins de M. Wagner, Leipsick, 1798 ; in-8o., 2° vol. Le savant Bast a trouvé quelques lettres inédites et des variantes très-importantes dans les manuscrits de la bibliothèque impériale, et il est à souhaiter qu’il donne une nouvelle édition de cet auteur dont l’ouvrage, sans être bien important, renferme des détails sur les mœurs des anciens Grecs, qu’on aurait de la peine à trouver ailleurs. Ces lettres ont été traduites en français, Paris, 1785, in-12, 3 vol., par l’abbé Richard, qui n’y a pas mis son nom. Cette édition est estimée ; Georges Berkeley a fait un livre intitulé : Alciphron, ou le Petit Philosophe ; c’est une apologie de la religion chrétienne. ─ Un autre Alciphron, philosophe de Magnésie, et dont Suidas fait mention, vivait au temps d’Alexandre le Grand. C-r.


ALCIPPUS, Spartiate, n’était pas moins distingué par sa bravoure que par sa sagesse. Ses ennemis l’accusèrent devant les éphores de vouloir changer les lois de la république, et le firent exiler ; non contents de cette vengeance, ils empêchèrent Damocreta son épouse, et ses deux filles, de le suivre, et confisquèrent tous ses biens. Les deux filles d’Alcippus furent néanmoins recherchées, à cause de la haute considération dont leur père avait joui : les ennemis d’Alcippus firent défendre qu’on les demandait en mariage. Alors Damocreta, poussée au désespoir, saisit l’occasion d’un jour de fête solennelle, où les femmes des principaux habitants se réunissaient pour des cérémonies religieuses : elle se rendit dans le temple avec ses filles, et mit le feu au bois qu’on y avait ramassé pour la cérémonie. Tout le monde étant accouru, elle égorgea ses deux filles, les jeta dans le feu et s’y précipita elle-même. Les Lacédémoniens jetèrent les corps de ces infortunes hors de leur territoire. Cet événement tragique arriva peu de temps avant la troisième guerre de Messène. C-r.


ALCMAN, lyrique grec, fils de Damante, naquit à Sardes, en Lydie, vers la 27e olympiade, sous le règne d’Ardys, bisaïeul de Crésus. Conduit fort jeune à Sparte, il y devint esclave ; mais, si l’on en croit Élien, les Muses le délivrèrent de la servitude. Agésis, son maître, charmé de ses talents, lui donna la liberté, et les Lacédémoniens lui accordèrent le droit de cité dans le bourg de Messoas. La vie de ce poëte s’écoula au sein des plaisirs de l’amour et des festins ; son âme n’était cependant pas incapable d’affections délicates et élevées : il brûla d’une flamme pure pour Mégalostrata, jeune et belle vierge aux blonds cheveux, poétesse à la voix harmonieuse, qui fut sa muse terrestre, l’inspiratrice de son génie. Les anciens considéraient Alcman comme le père du genre érotique. On lit dans Suidas qu’il bannit le premier de la poésie lyrique le vers hexamètre, dont la marche lente et régulière s’accordait mal avec la vivacité légère et inégale de la chanson ; ce fut pour le remplacer qu’il inventa, comme nous l’apprend Héphestion, un nouveau mètre qui, de son nom, fut appelé alcmaïque. Il avait composé dans le dialecte dorique, une pièce intitulé les Plongeuses, six livres de scolies à la louange de l’amour et du vin, et des Parthénies, ou éloges de jeune filles, et un poëme les Dioscures, mentionné par Pausanias. Ces poésies faisaient les délices des Spartiates ; il était défendu aux ilotes de les chanter ; Athénée et Plutarque nous en ont conservé quelques vers. La grâce aimable et naïve qui respire dans ces rares débris, la fraicheur charmante des peintures qui les colorent, les formes harmonieuses de l’art antique qui s’y retrouvent, font vivement regretter aux amis des beautés simples et naturelles la perte à peu prés totale des compositions de ce poëte. Ces fragments ont été publiés, en grec et en latin, par M. Étienne, à la suite de son édition de Pindare, 1560, in-16 ; et par Fulvius Ursinus, à la suite de son recueil intitulé : Carmina novem illustrium feminarum, notis illustrata, græce et latine, Antwerpiæ, 1568, in-8o. On les trouve aussi dans le Corpus poetarum græcorum, græce et latine, Genève, 1614, in-fol. Ces mêmes fragments ont été traduits en français, par Coupé, dans les Soirées littéraires ; et par M. Falconnet, dans le volume des Petits Poëtes grecs qui se trouve dans la collection du Panthéon littéraire. C. W-r.


ALCMÆON, fils de Mégaclès, de la famille des Alcmaeonides. Au milieu des factions qui divisaient la république d’Athènes, il était à la tête de ceux qui ne voulaient aucun changement dans le gouvernement ; ce qui le mit en butte aux deux autres partis, qui vinrent à bout de le faire exiler, sous prétexte que son père était souillé des meurtres de Cylon et de ses partisans. Cet exil ne fut pas de longue durée. Alcmæon revint lorsque Solon eut rétabli l’ordre, et il eut le commandement des troupes que les Athéniens envoyèrent au secours des Amphietyous, dans la guerre de Cirrha, vers l’an 592, avant J.-C. Il fut exile de nouveau par Pisistrate, l’an 570 avant J.-C., et se retira à Delphes avec ses fils. Il rendit quelques services aux Lydiens que Crésus avait envoyés consulter l’oracle, et ce prince, l’ayant fait venir à sa cour, le renvoya comblé de présents. Alcmæon mourut peu de temps après, dans un âge avancé, laissant un fils nomme Mégaclès. C-r.


ALCMÆON, fils de Crotone, fils de Périthus, fut un des disciples de Pythagore. Il se livra particulièrement à l’étude de la physique et de la médecine, et ne tarda pas à jouir d’une grande réputation. Le premier, au rapport de Chalcidius, il essaya de disséquer les animaux, et s’occupa beaucoup de la structure de l’œil. Un des premiers encore, du moins dans la grande Grèce, il écrivit sur la nature des choses. Aristote le réfuta mais le livre du péripatéticien est perdu. Voici, d’après Plutarque et Stobée, l’exposé des opinions d’Àlcmæon. : « Les éléments, ou qualités des choses, sont doubles, opposés, contraires. — Les astres sont des êtres divins. — La lune à la forme d’une nacelle ; sa lumière est éternelle : lorsqu’elle disparaît, c’est que la nacelle se retourne. — Les planètes se meuvent à l’opposite des