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en vie, suspect aux principaux citoyens, dont les uns redoutaient ses talents, les autres, ses excès ; et se vit tour à tout adoré, craint et haï du peuple, qui ne pouvait se passer de lui. Comme les affections dont il était l’objet devenaient des passions violentes, ce fut avec des convulsions de joie ou de fureur que les Athéniens l’élevèrent aux honneurs, le condamnèrent à mort, le rappelèrent, et le proscrivirent une seconde fois. » Alcibiade grasseyait en parlant, et ne pouvait pas prononcer la lettre rho ρ (r), ce qui ne l’empêchait pas d’être un des hommes les plus éloquents de son siècle. Il ne faut pas croire aveuglément toutes les anecdotes qu’on trouve sur son compte dans les anciens. Sa popularité lui avait attiré la haine de tous les orateurs de son temps, et les calomnies ne leur coûtaient rien. Nous en avons un exemple dans un discours qui porte le nom d’Andocide, mais qui n’est pas de lui, où l’orateur entasse contre Alcibiade des accusations peu vraisemblables. Il fallait que les Romains eux-mêmes le regardassent comme un homme bien extraordinaire ; car l’oracle de Delphes leur ayant ordonné, pendant la guerre des Samnites, de dédier, dans un endroit apparent de la ville, les statues du plus sage et du plus vaillant des Grecs, ils placèrent dans les comices celles de Pythagore et d’Alcibiade. La vie d’Alcibiade a été écrite par Plutarque et par Cornelius Népos. On trouve son portrait dans plusieurs ouvrages, et, entre autres, dans le premier volume de l’Iconographie de M. de Visconti. Meissner a composé en allemand, sous le titre de Alcibiade enfant, jeune homme, homme fait, et vieillard, un roman historique, qui a été traduit par M. Delamarre. C-r.


ALCIDAMAS, rhéteur, né à Élée, vers l’an 420 avant J.-C., était contemporain d’Isocrate et disciple de Gorgias ; il avait composé un Art de la rhétorique, cité par Plutarque ; un Éloge de la mort, dont parlent Cicéron et le rhéteur Ménandre ; et divers autres ouvrages, nommés par Athénée et Diogène Laërce. Il ne nous en reste que deux harangues, l’une d’Ulysse contre Palamède ; l’autre, qui n’est qu’une déclamation dirigée contre les rhéteurs du temps (Περι σοφιστῶν). Elles se trouvent toutes deux dans le Recueil de Reiske, t. 8, p. 64 et suiv. L’abbé Auger en a donné une traduction à la suite de celle d’Isocrate. A. D-r.


ALCIME, grand prêtre des Juifs, profita des troubles qui agitaient sa patrie pour s’élever à la souveraine sacrificature, par la protection d’Antiochus Eupator, l’an 163 avant J.-C. ; il s’en était frayé le chemin en se vouant à l’idolâtrie, du temps d’Antiochus Épiphanes ; mais Judas Machabée l’empêcha constamment d’en faire les fonctions. Alcime rendit son usurpation encore plus odieuse par son avarice et sa cruauté. Mécontent des Juifs, qui refusaient de le reconnaître, il retourna en Syrie pour demander des secours au roi Démétrius, et il l’exhorta à détruire entièrement le parti de Judas. Démétrius lui ayant accordé une armée, il se rendit maître de Jérusalem, en chassa ses ennemis, et entreprit de faire abattre le mur du parvis intérieur du temple, bâti par les prophètes ; mais il mourut frappé de paralysie, avant d’avoir pu achever cette démolition sacrilège. Les Juifs, d’un consentement unanime, choisirent pour lui succéder Jonathan, frère de Judas Machabée, qui réunit en sa personne l’autorité de prince du peuple et celle de souverain pontife. T-d.


ALCIME, ou plutôt Latinus Alcimus Alethius, historien, orateur et poëte dans le 4e siècle, était né à Agen. Il avait composé quelques ouvrages, où il parlait avec tant d’éloges de Julien l’Apostat et de Salluste, préfet des Gaules, sous le règne de cet empereur, qu’Ausone ne craint pas de dire qu’ils étaient plus propres à immortaliser Julien que la pourpre dont il avait été revêtu, et qu’ils faisaient plus d’honneur à Salluste que le consulat même auquel il avait été élevé. On ne sait pas, au reste, quels étaient ces écrits d’Alcime. Scaliger croit que c’était l’histoire de son temps. Il ne nous reste de lui que l’épigramme suivante sur Homère et Virgile :

Mœonio vati qui par aut proximus esset

Consultus Pean risit, et hæe cecinit :
Si potait nasci quem tu sequereris, Homere,

Nascetur qui te possit, Homere, sequi.

— Un autre Alcime, nél en Sicile, dont Athénée et Festus Pompéius font mention, a écrit un ouvrage sur l’Italie ; mais on ignore le lieu où il vivait et l’époque de sa mort. A. B-t.


ALCINOUS, philosophe platonicien, florissait au commencement du 2e siècle. Les détails de sa vie ne nous sont point parvenus, et nous ne le connaissons guère que par son Introduction à la philosophie de Platon. L’Introduction a été imprimée pour la première fois à Venise, 1521, in-8o, avec l’Apulée, par les Alde. On la trouve aussi à la suite de quelques dialogues de Platon, Leipsick, 1783, in-8o, revue par J.-F. Fishes. On a trois traductions latines de cet ouvrage. La plus ancienne est de P. Balbus, évêque de Tropæa, imprimée à Rome, 1469, in-fol., avec Apulée, et réimprimée à Nuremberg, 1472 ; la seconde est de Marsile Ficin, imprimée par les Alde en 1497, in-fol., Venise, avec plusieurs traités de Jamblique, Porphyre, Proclus, Synésius et autres platoniciens. La troisième, duc à Denis Lambin, fut imprimée avec le texte et des scolies, Paris, 1567, in—4°. Vascosan réimprima le texte d’Alcinoüs, Paris, 1532, in-8o, et la version de Marsile Ficin, 1533. Cette même version a été revue par J. Charpentier, professeur au Collège de France, et par Daniel Heinsius, qui la réimprima à Leyde en 1617, avec le texte en regard à la suite de Maxime de Tyr. La version revue par Heinsius fut imprimée séparément avec le texte grec, à Oxford, 1667, in-8o. Enfin, l’Introduction a été traduite en français par Combes Dounous, Paris, 1800. D. l.


ALCIONIUS. Voyez ALCYONIUS.


ALCIPHRON, sophiste grec du 3e ou du 4e siècle, dont il nous reste des lettres supposées écrites par des pêcheurs, des gens de la campagne, des parasites, des courtisans, etc. Le style en est en général assez naturel ; ce qui pourrait faire supposer qu’Al-