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vait arrêté dans ses expéditions par une maladie dangereuse. Alcadinus le guérit, et fut nommé son médecin ordinaire ; après la mort de Henri, il resta attache à Frédéric II, son fils, qui n’avait alors que quatre ans. Ce fut pour ce prince qu’il composa depuis une suite d’épigrammes latines en vers élégiaques, sur les bains de Pouzzoles, de Balneis Puteonalis, imprimées pour la première fois dans un recueil intitulé : de Balneis omnibus quæ exstant apud Græcos et Arabes, Venise, 1553, in-fol., avec un opuscule de Balneis Puteolorum, Bajorum et Pithecusarum, Naples, 1591, in-8o, et réimprimé plusieurs fois dans d’autres recueils du même genre. Alcadinus laissa de plus deux traités : 1o de Triumphis Henrici imperatoris ; 2o de his quæ a Friderico II, imperatore, prœclare et fortiter gesta sunt. C. et A-n.


ALCAFORADO (Marianne d’), née en Portugal au 17e siècle, fut l’Héloïse de sa nation. Elle vivait dans la paix d’un couvent de l’Alentejo où, pour son malheur, elle fit un officier français qui lui inspira la plus vive passion. Elle lui écrivit des lettres dont le charme fait naître une admiration mêlée de l’intérêt le plus tendre, et qui touchèrent toits les cœurs, hors celui de l’ingrat à qui elles étaient adressées. Ces lettres sont écrites avec une énergie brûlante et un enthousiasme entrainant ; elles peignent avec une inexprimable ardeur le sentiment profond, invincible. qui constituait leur malheureux auteur. Ce fut l’officier lui-même qui, non content de mépriser la passion qu’il avait fait naître, eut l’infamie de trahir, par un mouvement de vanité fort condamnable, la faiblesse de l’infortunée Marianne en publiant ses lettres. Un écrivain portugais, à qui l’on doit d’excellentes traductions, Souza (voy. ce nom), a fait une notice intéressante sur Marianne d’Alcaforada. Il a examiné avec soin les lettres publiées sous le nom de cette religieuse, et dont les originaux n’ont pu être retrouvés. Il a prouvé que, parmi les douze lettres, les cinq premières seulement appartiennent à Marianne, et qu’une fraude littéraire a évidemment inspiré les sept autres. Il a restitué à sa langue, avec un plein succès, le chef-d’œuvre qu’elle réclamait, et a donné des cinq lettres de la religieuse portugaise une édition nouvelle où le portugais et le français sont placés en regard, Paris, 1824, in-12[1]. Z.

ALCALA (Don Parafan de Rivéra, duc d’), vice-roi du royaume de Naples, sous Philippe II, roi d’Espagne, succéda au duc d’Albe, et mérita, par sa prudence et par la douceur de son gouvernement, l’amour des peuples confiés à ses soins. Lorsque la cour de Rome et Philippe II firent de concert de nouvelles tentatives pour établir l’inquisition dans le royaume de Naples, le duc d’Alcala s’y opposa avec tout de fermeté et de courage, et il en fit si bien sentir les dangers à Philippe II, que ce prince déclara, en 1565, que jamais cet effrayant tribunal n’existerait à Naples. Sous l’administration vigilante d’Alcala, les Napolitains furent préservés de la disette ; il arrêta la peste dans ses progrès, repoussa les Turcs des côtes, réprima les brigands, et fit disparaître un Matthieu Berardi qu’ils avaient mis à leur tête, sous le titre du roi Marcon. Après avoir assuré l’ordre et la tranquillité, le vice-roi ouvrit plusieurs grandes routes, et fit construire des ponts aussi utiles que solides et magnifiques, tels que ceux, de la Cava, de la Dovia et du Rialto. D’Alcala mourut à Naples, en 1571, à 63 ans, dans la 12e année de sa vice-royauté, et fut regretté universellement. B-p.


ALCALA (Fray Pedro de), religieux hiéronymite (ainsi nommé du lieu de sa naissance), vivait à la fin du 15e siècle. Après la prise de Grenade en 1491, par Ferdinand et Isabelle, il fut envoyé dans cette ville pour y travailler à la conversion des Maures, dont l’expulsion d’Espagne n’était pas encore décidée. Il étudia la langue arabe et bientôt il s’y rendit très-habile ; on en à la preuve dans l’ouvrage qu’il publia sous ce titre : Arte para saber la lingua araviga ô vocabulisla aravigo en lettra castellana, Grenade, 1505, in-4o ; ce volume est de la plus grande raretée. Le savant Nicol Autonio, Biol. Hisp. nova. t. 1, p. 166, avoue qu’il ne l’a jamais vu. David Clément, Bibl. curieuse, t. 1, p. 137, ne cite que la seconde partie, qui contient le vocabulaire ; et d’après un catalogue inexact, puisqu’il dit que le format est in-8o. Le Catalogue de la bibliothèque du roi n’indique également que le vocabulaire, t. 10, p. 228. W-s.


ALCALA Y BENARES (Alphnose de), poëte espagnol du 17e siècle, établi à Lisbonne. Quoique marchand de profession, il se livra à la littérature, et composa un ouvrage intitulé : Viridarium anagrammaticum, et cinq nouvelles, qui firent beaucoup de bruit lors de leur publication, non à cause de leur mérite littéraire, mais à cause de leur originalité. Dans chacune de ces nouvelles, l’auteur s’est astreint à éviter une des cinq voyelles ; en sorte que, dans la 1re, ou ne trouve pas un seul a ; dans la 2e pas un e, et ainsi de suite. Ces puérilités donnèrent à l’auteur plus de réputation qu’il n’en méritait. D-g.

  1. Les lettres ont été traduites en français et publiées à Paris chez Barbiu, 1669, 2 parties in-12. Cette version est attribuer à l’ambassadeur Guilleragues (Voy. ce nom, t. 19, p. 166.) Il en a été fait plusieurs éditions : sous le titre de Lettres d’amour d’une religieuse portugaise, la Haye, 1682·1696, in-12 ; sous le titre de Lettres galantes d’une chanoinesse portugaise, précédées des Lettres tendresse et d’amour de Julie à Ovide, par M. D. M. (madame de Maenesta), et des Réponses d’Ovide à Juile, par M. C. (Cailleau), Paris, Cailleau (sans date), 2 vol. in-12 ; sous le titre de Lettres et amours d’une religieuse portugaise, écrites au chevalier de C., officier français en Portugal, avec les Lettres de la présidente F. (Ferraud) à M. le baron de B. (Breteuil), 1716, in·12. Lenglet-Dufresnoy qui cite cette édition dans sa Bibliothèque des romans, nomme l’officier français Chamilly (voy. ce. nom, t. 8, p. 16) comme ayant inspiré cette vive passion à la religieuse portugaise. L’abbé Mercier de St-Leger, qui s’est beaucoup occupée des lettres qu’elle écrivit, a rédigé sur l’ouvrage et sur l’auteur, sur le traducteur et sur les diverses éditions qui ont été données, une notice qu’on trouve dans l’édition publié P.-F. Aubin, à Paris, chez Delance, 1796, 2 vol. in-12 ; ibid., 1806 (avec des additions de Barbier) ; nouvelle édition, Paris, Kleffer, 1816-1821, in-12. Les Lettres portugaises en vers, publiées en 1759 sous le pseudonyme de mademoiselle d’Oi***, sont du marquis de Ximenes. (Voy. ce nom, t. 51, p. 424.) Voy. aussi les Mémoires complets et authentiques du duc de St-Simon, t. 3, p. 426. V-VE