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péri Guimal. Son premier soin fut de rétablir le calme dans la ville, après quoi il remit l’autorité aux mains du légitime héritier, en lui faisant prêter serment de fidélité au roi de Portugal, et en lui imposant un tribut annuel. Par cet acte de justice, Georges d’Albuquerque conquit l’estime des habitants, qui avaient vu avec peine l’usurpation du pouvoir. Il se rendit ensuite à Malaca. En 1523, il dut à sa prudence et à son courage la conservation de la ville même où il commandait. Le roi de Bintam, prince ambitieux, envoya contre Malaca, dont il méditait depuis longtemps la conquête, 20,000 hommes commandés par Avélar, renégat portugais. L’indien Laqueximène devait en même temps l’attaquer par mer. Avec une poignée de soldats, le vaillant gouverneur fit payer cher à ses ennemis leur témérité. Tous s’enfuirent après une sanglante défaite. Peu de jours après, Albuquerque fit bloquer si étroitement le port de Bintam, que les habitants furent obligés de se répandre dans les campagnes pour y chercher leur subsistance. Cependant l’année 1525 les vit tenter de nouveaux efforts contre Malaca. Le hardi général du roi de Bintam, Laqueximène, vint infester les environs de cette ville, et contraignit Albuquerque à rentrer dans la place. Cet affront ne tarda pas d’être réparé d’une manière éclatante. Le courageux gouverneur fit attaquer ses ennemis, au nombre de 8,000, par deux bateaux dont chacun n’avait que cinquante hommes. La déroute des Indiens fut complète. Georges d’Albuquerque sut encore dans plusieurs occasions repousser ces audacieuses entreprises du roi bintamais, et il termina sa carrière militaire par un glorieux exploit. Comme il naviguait de Malaca à Cochim, il rencontra une flotte de vingt-cinq caturs que commandait le gouverneur de Porca. Le vice-roi des Indes avait beaucoup à se plaindre de ce gouverneur. Avec un seul jonc bien armé, il attaqua les vingt-cinq caturs, et en coula plusieurs à fond, après avoir tué deux cents hommes. Il n’avait perdu’qu’un seul esclave. Il mourut peu de temps après, et fut remplace par Pierre Mascaregnos, qui n’cut rien de mieux à faire que de l’imiter en tout point. M-d j.


ALBUQUERQUE (Mathias d’), général portugais, se livra de bonne heure à l’étude du génie et des fortifications, et fut envoyé, en 1628, au Brésil, pour défendre la province de Pernambuco contre les Hollandais, dont il parvint à repousser les attaques. Rappelé en Europe en 1635, il embrassa avec ardeur la révolution qui fit passer la couronne de Portugal dans la maison de Bragance. Élevé au, commandement de l’armée portugaise en 1643, il fit la guerre avec habileté contre les Espagrnols, leur prit plusieurs villes, et leur livra bataille l’année suivante, à Campo-Mayor, où, chargeant lui-même à la tête de ses soldats, il remporta la première victoire décisive qui ait signalé cette guerre entre les deux nations rivales. Jean IV, pour le récompenser, le fit comte d’Alegrette, et lui donna le titre de grand de Portugal. En 1643, d’Albuquerque ouvrit la campagne par la prise de Telena ; mais, contrarié dans ses opérations par des officiers jaloux de ses succès, il se rendit à la cour pour se plaindre, fut reçut froidement, se retira aussitôt, et mourut de chagrin peu de temps après (1646). ─ André d’Albuquerque, aussi général portugais, se distingua dans le même temps contre les Espagnols, et fut tué à la bataille d’Elvas, en 1659. B-p.


ALBUQUERQUE Cœloh (Enouano d’), marquis de Basto, comte de Pernambuco, au Brésil, gentilhomme de la chambre de Philippe IV, se signala dans la guerre du Brésil contre les Hollandais, et particulièrement à San Salvador de Bahia. Lorsque tout le Brésil rentra sous la domination portugaise, il continua à être attaché au parti espagnol, et se retira à Madrid, où il écrivit un Journal de cette guerre, commençant à l’année 1630, et qui fut imprimé à Madrid, 1654, in-4o. Édouard d’Albuquerque mourut à Madrid en 1658. B-p.


ALBUQUERQUE (le duc d’), de l’une des plus illustres et des plus anciennes familles de l’Espagne (voy. ce nom), jouissait d’une grande considération à la cour de Madrid, lorsque les Français envahirent la péninsule en 1808. Il n’hésita pas à embraser la cause du roi Ferdinand VII, et reçut le commandement de l’un des corps d’armée aux ordres du duc de l’Infantado. Il se distingua dans plusieurs occasions, notamment à la bataille de Médellin. Il commandait une division sous les ordres d’Areizaga à la bataille d’Ocana, et réussit par d’habiles manœuvres à garantir sa troupe des suites de cette malheureuse journée. Le général Crossard, qui fut témoin de ces manœuvres en qualité de commissaire autrichien, a rendu dans ses mémoires une complète justice à l’habileté que le duc d’Albuquerque y déploya. Il commandait aussi un corps d’armée, en 1810, lorsque le maréchal Victor s’avança contre Cadix. Forcé de se retirer dans l’ile de Léon, il soutint par sa présence le courage de la garnison de Cadix, et contribua ainsi puissamment à la belle et longue résistance que fit ce dernier boulevard, de la puissance espagnole. Lorsque les Français se furent éloignés, le duc d’Albuquerque réveilla le courage des troupes et le patriotisme des habitants ; et ce fut alors que se forma cette junte célèbre qui pourvut avec tant d’énergie et d’activité à tous les besoins d’une résistance aussi difficile, mais qui eut ensuite tant de peine à se dessaisir du pouvoir en faveur de la régence. Le duc d’Albuquerque crut devoir intervenir dans ces démêlés, et ce fut évidemment pour l’éloigner et se soustraire à son influence que la junte centrale le fit nommer à l’ambassade d’Angleterre. Il conçut un tel chagrin de cette espèce d’exil dans des circonstances aussi importantes, qu’il mourut à Londres peu de mois après son arrivée (1811) M-d j.


ALBUTIUS (Titus), philosophe épicurien, vivait dans le 7e siècle de la fondation de Rome. Instruit à Athènes, dès sa première jeunesse, il prit tellement en affection les manières de la Grèce, qu’il aimait mieux passé pour Grec que pour Romain. Afin de le railler sur cette prétention ridicule, Scœvola, surnommé l’Augure, lorsqu’il recevait une vi-