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de la philosophie, il se livra, a l’âge de quarante-sept ans, à l’étude des sciences exactes, et, par suite, à l’astronomie et à l’astrologie. Quoiqu’on ne le connaisse guère que par ses rêveries ses nombreux écrits sur cette dernière science, on ne peut lui refuser une place distinguée parmi les observateurs que l’Orient a produits. La table astronomique nommée Zydj Abou-Machar a été calculée d’après ses observations ; mais l’ouvrage auquel il doit le plus de réputation est son traité astrologique connu sous le titre de Milliers d’années. Il y soutient que le monde a été créé quandles sept planétes se sont trouvées en conjonction dans le premier degré du bélier, et qu’il finira lo1qu’elles se rassembleront dans le dernier des poissons. Albumazar est mort à Vacith, en 885 de J.-C. ; il avait, dit-on, alors plus de 100 ans lunaires ; mais comme cet âge n’est pas d’accord avec la date de sa naissance et de celle de sa mort, nous supposons qu’il y a erreur dans l’une des deux, ou qu’on a exagéré la durée de sa vie. On a imprimé à Augsbourg, en 1489, in-4o, et réimprimé à Venise, en 1490, 1506, et 1515, in-4o, huit traités astrologiques de cet auteur ; à Augsbourg, en 1488, in-4o, Tractatus florum astrologicœ ; et, en 1489, in-4o, Introductorium in astranomiam. (Voy. le catalogue de ses ouvrages, donné par Casiri, Bibl arab.· hisp., t. 1, p. 351.) J-n.


ALBUQUERQUE (Don Juan Alphonse d’), ministre de Pierre le Cruel, roi de Castille, descendait du sang royal de Portugal ; Alphonse XI, dont il était le premier ministre, le nomma gouverneur de son fils, Pierre le Cruel ; mais, au lieu de corriger les inclinations vicieuses de son élève, d’Albuquerque ne songea qu’a le flatter, et obtint ainsi la confiance de Pierre qui, à son avènement, en 1350, lui laissa toute l’autorité, et le nomma grand chancelier. Lié avec la reine mère, d’Albuquerque excita le jeune monarque à faire assassiner Éléonore de Guzman, maîtresse du feu roi, et à faire périr l’adelentado Garcilasso de la Vega, le seul homme de la cour qui pût balancer son pouvoir. D’Albuquerque se rendit également odieux aux Castillans, en cherchant sans cesse à augmenter l’autorité royale, et en favorisant la passion du jeune roi pour la belle Maria de Padilla. Quand cette liaison commença à nuire à sa faveur, il chercha à la rompre ; mais il n’était plus temps : Pierre, incapable de résister à ses passions, ne vit plus dans son ministre qu’un censeur chagrin et incommode ; il renvoya de la cour toutes ses créatures, et l’écarta lui-même du conseil. D’Albuquerque se retira dans ses domaines avec la rage dans le cœur ; et, ne songeant qu’à former une ligue contre Pierre, il s’unit aux seigneurs mécontents, et les détermina à la guerre. Maitre de plusieurs places qu’il avait fait fortifier pendant son ministère, il n’attendait plus qu’un moment favorable pour pénétrer en Castille, lorsque Pierre, en le prévenant, le força de se réfugier en Portugal. Ce monarque irrité envoya des ambassadeurs à Lisbonne pour demander qu’on lui livrât son ancien ministre. Le roi de Portugal le refusa, et d’Albuquerque, plus animé encore, joignit les seigneurs mécontents, et commença les hostilités contre son roi. Il poussait la guerre avec vigueur, lorsqu’il mourut presque subitement, en 1554. On soupçonne que le roi l’avait fait empoisonner par un médecin juif, nommé Paul. La haine que l’on portait à Pierre, et le motif de la disgrâce d’Albuquerque, avaient excité en faveur de ce dernier plus d’intérêt et de considération qu’il n’en avait obtenu pendant sa faveur. B-p.


ALBUQUERQUE (Alphonse d’), vice-roi des Indes, surnommé Le Grand et le Mars Portugais, naquit à Lisbonne, en 1452, d’une famille qui tirait son origine des rois de Portugal. C’était, pour sa nation, le siècle de l’héroïsme, des découvertes et des conquêtes. Les navigateurs portugais avaient déjà reconnu et subjugué la plus grande partie des côtes occidentales de l’Afrique ; ils commençaient à étendre leur domination sur les mers et sur les peuples de l’Inde. Albuquerque passa ses premières années à la cour du roi Jean II. Sous Emmanuel, son successeur, Albuquerque, après une première campagne dans les Indes orientales (1503), reçut le commandement d’une flotte et le titre de vice-roi des nouveaux établissements portugais en Asie. Doué d’un génie vaste et hardi, et fortement préoccupé de la puissance et de la grandeur de sa patrie, il forma le projet de fermer aux Vénitiens et aux Sarrasins la route des Indes par l’Égypte ; dans ce but, il s’empara d’abord de l’île de Socotora, à l’entrée du golfe Arabique ; il alla ensuite attaquer Zeifadin, roi d’Ormuz, battit complètement sa flotte, et le força à se reconnaître tributaire des Portugais, et à lui livrer un territoire pour construire une forteresse. Zeifadin ayant secoué le joug peu de temps après le départ de l’armée victorieuse, Albuquerque revint mettre le siége devant Ormuz ; mais la défection de quelques capitaines de sa flotte le força d’abandonner cette entreprise : il fit voile pour les Indes, ou il arriva le 3 novembre 1508. — Toujours grand dans ses desseins, le général portugais se proposa de fonder un empire qui s’étendrait du golfe Persique à la presqu’île de Malaca. Son premier exploit fut la conquête de Goa (1510), place très-importante sur la côte du Malabar, dont il fit le centre de la puissance, et du commerce des Portugais dans l’Orient. Bientôt après il soumit le reste du Malabar, Ceylan, les iles de la Sonde et la presqu’île de Malaca. La terreur de ses armes se répandit au loin ; les rois de Siam, de Pérou, de Sumatra, dont la domination s’étendait jusqu’aux frontières de la Chine, se hâtèrent de lui envoyer des ambassadeurs pour le complimenter, et lui demander son amitié et sa protection. En 1513, il fit voile vers l’occident, pour ajouter à ses conquêtes les possessions qui devaient les compléter ; mais il échoua devant Aden. dont il voulait faire la clef du golfe Arabique. Après avoir passé l’hiver dans l’ile de Caman, et attaqué de nouveau Aden, mais, sans plus de succès que la première fois, il s’empara d’Ormuz, à l’entrée du golfe Persique, et y éleva une forteresse pour s’en assurer la possession et protéger efficacement le commerce portugais. Le roi de Perse, suzerain de cette île, réclama le léger tribut que ses princes avaient coutume de lui payer ;