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ALBON (Jacques), marquis de Fronsac. Voyez Saint-André.


ALBON (Claude-Camille-François d’), descendant de Jacques d’Albon, maréchal de St-André (voy. Saint-André), naquit à Lyon en 1753, et mourut à Paris en 1789. Il passa sa vie à voyager et à écrire, et fut membre de plusieurs académies ; il était seigneur d’Yvetot en Normandie, et y fit construire des halles, avec cette inscription fastueuse : Gentium commodo, Camillus III. On a de lui les ouvrages suivants : 1o  Dialogue entre Alexandre et Titus, où il plaide la cause de l’humanité contre les conquérants. 2o  Observations d’un citoyen sur le nouveau plan d’impositions, 1771, in-8o. 3o  Œuvres diverses, lues le jour de sa réception à l’Académie de Lyon, 1774, in-8o, et, 1778, in-12 ; elles contiennent aussi quelques fables, des vers de société, un mémoire adressé à la société économique de Berne, et une lettre à un évêque suffragant. 4o  Éloge de Quesnoy, 1775, in-8o, et dans le Nécrologe des hommes célèbres. Partisan très-zèle des économistes, l’auteur ne pouvait se dispenser de jeter des fleurs sur la tombe de leur chef. 5o  Éloge de Chamousset, 1776, in-8o. 6o  La Paresse, poëme traduit du grec, de Nicander, 1777, in-8o, traduction supposée : on trouve à la suite le Dialogue entre Alexandre et Titus. 7" Discours sur cette question : Si le siècle d’Auguste doit être préféré au siècle de Louis XIV, relativement aux lettres et aux sciences ; Paris, 1781, in-8o. L’auteur se prononçait en faveur du siècle de Louis XIV ; son ouvrage ayant été critiqué dans le Journal de Paris, il publia sa défense sous le titre de : Réponse à un Critique du 18e siècle, Neufchatel, Paris, in-8o. 8" Discours politiques, historiques et critiques sur quelques gouvernements de l’Europe, 1779 et suiv., 3 vol. in-8o, Bâle, 1779-1782, 2 vol. in-8o, nouv. édit. ; Neufchatel, 1782, 1 vol. in-8o, nouv. édit., sous ce titre : Discours sur l’histoire, le gouvernement, les usages, la littérature de plusieurs nations de l’Europe, Genève et Paris, 1782, 4 vol. in-12. La Hollande, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, etc., sont successivement passées en revue. Le discours sur l’Espagne mérite d’être lu ; celui qui traite de l’Angleterre fut beaucoup critiqué : l’auteur prétend, non-seulement que la constitution de ce pays tend à le corrompre, mais encore qu’elle est essentiellement mauvaise : il prétend que le peuple anglais n’est ni heureux, ni libre par ses lois, et qu’il ne peut l’être. Ces discours sont regardés comme le meilleur ouvrage de l’auteur, qui avait observe par lui-même les pays dont il parle. 9o  Discours prononcé à la séance de la société d’agriculture de Lyon, 1785, in-8o. 10o Éloge de Court de Gebelin, 1785, in-8o. 11o Discours sur l’Italie, Berne, société typographique, 1791, in-8o. Ce savant était protestant, et ne devait conséquemment recevoir qu’une sépulture de tolérance : le comte d’Albon, qui fut un de ses admirateurs, ayant obtenu l’exhumation, lui éleva un tombeau dans ses jardins, à Franconville, dans la vallée de Montmorency. Ces jardins, dans le genre anglais, étaient tellement remarquables par leur beauté, qu’on a publié : Vues des Monuments construits dans les jardins de Franconville-la-Garenne, appartenant à madame la comtesse d’Albon, 1784, in-8o de 19 planches, sans texte. On en trouve d’ailleurs une ample description dans l’Histoire physique, etc., des environs de Paris, par Dulaure. Les ouvrages philanthropiques et poétiques d’Albon ont fourni à Rivarol (Petit Dictionnaire de nos grands hommes) des plaisanteries assez piquantes. A. B-t.


ALBORNOS (Gilles-Alavarès-Carillo), cardinal, issu des maisons royales de Léon et d’Aragon, naquit à Cuença, et fit ses études à Toulouse. Alphonse XI le nomma successivement aumônier de la cour, archidiacre de Calatrava, et enfin l’éleva, quoique jeune encore, à l’archevêché de Tolède. Albornos accompagna le roi de Castille dans son expédition contre les Maures d’Andalousie, et sa dignité d’archevêque ne l’empêcha pas de porter les armes ; et fut même lui qui sauva le roi de la mélée où il s’était engagé, à la bataille de Tarifa. Alphonse, par reconnaissance, l’arma chevalier, et lui donna, en 1343, la direction du siége d’Algésiras : mais, après la mort de ce prince, Albornos ne jouit pas de la même faveur auprès de Pierre le Cruel : choqué du zèle avec lequel ce prélat osait s’élever contre ses mœurs déréglées, Pierre voulut le sacrifier à la vengeance de Marie de Padilla, sa favorite ; mais, averti à temps, Albornos se réfugia à Avignon, où le pape Clément VI l’admit dans son conseil, et l’éleva à la pourpre. Ce fut alors qu’Albornos se démit de son archevêché, en disant : « Je serais aussi blâmable « de garder une épouse près de laquelle je ne puis « demeurer, que l’est don Pedro, roi de Castille, de « quitter sa femme pour une maîtresse » Innocent VI, successeur de Clément, l’envoya en Italie, en 1353, en qualité de légat et de général, pour reconquérir les États de l’Église, qui avaient secoué l’autorité des papes pendant leur séjour à Avignon. Albornos, manquant de soldats, et n’ayant quepeu d’argent, recruta néanmoins une petite armée composée de Français, de Hongrois et d’Allemands, et sut intéresser les Italiens eux-mêmes au succès de son entreprise. Pour être mieux en état de soutenir la guerre, il mit en gage presque toute son argenterie. Il se ménagea d’abord l’appui des républiques de Florence et de Sienne, et s’attacha les Romains, par le moyen du fameux Colas de Rienzo, qu’il leur avait ramené d’Avignon. Prodiguant ensuite tout à la fois des excommunications contre les usurpateurs du patrimoine de St-Pierre, et des promesses d’indulgences pour ses défenseurs, il se fit ouvrir les portes de Montefalco et de Montefiascone ; s’empara de Viterbe, d’Orvieto et d’Agobbio ; rallia à son parti Gentile de Magliano, tyran de Fermo, et le punit ensuite de son infidélité, en le dépouillant. Il réduisit aussi à l’obéissance Malatesti de Rimini, le plus puissant de tous les princes de l’État romain ; mais une intrigue de la cour d’Avignon vint suspendre ses succès : il fut rappelé en 1357. Peu de temps après, son successeur ayant commence à perdre ce qu’il avait conquis, le pape s’aperçut de son imprudence, et renvoya en Italie son habile légat. Al-