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cès Renaud, après cet événement, se trouvant sans rivaux dans son propre parti, fit arrêter Cosme de Médicis et l’envoya en exil. Il aurait bien voulu se défaire, par une mort violente de ce chef de parti, et exclure des emplois tous ceux qui lui faisaient ombrage. Plus tard, lorsqu’une opposition nouvelle se forma dans les conseils, il aurait voulu avoir recours aux armes, et prévenir ses ennemis par son audace ; mais, dans chaque résolution vigoureuse qu’il voulait prendre, il rencontra l’opposition de gens qui pouvaient beaucoup perdre à sa défaite, et peu gagner à sa victoire. Les deux partis, près de se combattre, en 1434, acceptèrent la médiation du pape Eugène IV, qui se trouvait alors à Florence. Cosme de Médecis fut rappelé dans sa patrie, et, bientôt après, Renaud des Albizzi fut exilé avec tous ses partisans. On le vit ensuite implorer la protection de Visconti, duc de Milan, et trainer son existence à la cour et dans les camps des ennemis de sa patrie, sans pouvoir réussir à se faire rappeler à Florence. S. S-i.


ALBIZZI (Barthélemy), qu’on appelle aussi Barthélemy de Pise (de Pisis}, ne au 14e siècle, à Rivano en Toscane, fut de l’ordre des franciscains ou frères mineurs, et s’est rendu célèbre par son livre des Conformités de St.François avec Jésus-Christ, qu’il présenta au chapitre général de son ordre, en 1399. Il mourut à Pise, le 10 décembre 1401. Le savant Tiraboschi, dans son Histoire de la littérature italienne (t. 5, p. 141, 1re édition), parle de ce livre avec sa sagesse ordinaire : « Les traits de simplicité, dit-il, dont le trop crédule auteur l’a rempli, ont fourni aux protestants l’occasion d’en faire un grand bruit contre l’Église catholique, comme si elle approuvait tout ce qui est écrit et publié par chacun des siens. Marchand, entre autres, dans son Dictionnaire historique, a cru seize grandes colonnes bien employées à mettre sous nos yeux toutes les éditions qu’on en a faites, tous les livres qu’on a publiés contre cet ouvrage, tous ceux dans lesquels il a été ou abrégé ou étendu, enfin toutes les injures que les protestants ont vomies à son occasion contre les deux ordres des frères mineurs et des frères prêcheurs, injures auxquelles il ne manque pas de joindre les siennes. » Tiraboschi a sans doute bien fait de ne pas mettre tous ces détails dans son Histoire, mais il était assez naturel que Prosper Marchand les mit, lui, dans son Dictionnaire, et comme intéressant la bibliographie, et comme pouvant jeter du ridicule sur une croyance qui n’était pas la sienne. Il est juste aussi d’observer que, du moins, l’ordre dont Albizzi portait l’habit était responsable de toutes les folies qu’il avait débités dans son livre, puisqu’il le présenta au chapitre général assemblé dans la ville d’Assise, et que ce chapitre, qui représentait l’ordre entier, pour lui témoigner sa reconnaissance, lui fit présent de l’habit complet que St. François avait porte pendant sa vie. Ce livre singulier, où l’auteur élève les actions de son héros, non-seulement au-dessus de celles de tous les autres saints, mais au niveau même des actions du fils de Dieu, fut imprimé, pour la première fois, à Venise, in-fol., sans date, et sans nom d’imprimeur. La seconde édition est de Milan, 1510, aussi in-fol., de 256 feuillets en caractères gothiques ; la troisième, aussi de Milan, 1513, menue format et mêmes caractères, avec une nouvelle préface de Jean Mapelli, franciscain : ces trois éditions sont très-rares, et l’on n’en trouve guère d’exemplaires qui n’aient été mutilés. Jérémie Bucchi, autre franciscain, en donna une nouvelle édition à Bologne, en 1590 ; mais il y retrancha beaucoup de choses, et ajouta à la fin un Abrégé historique des hommes illustres de l’ordre de St. François. Cette édition imparfaite ne s’étant pas vendue, on la reproduisit en 1620, en prenant soin de changer les deux premières feuilles, pour la déguiser. On y trouve l’approbation du chapitre général de l’ordre, datée du 2 août 1399. Ce même livre fut réimprime en 1632, mais avec des changements considérables, à Cologne, in-8o, sous ce titre : Antiquates franciscanæ, sive Speculum vitæ B. Francisci et sociorum, etc. Le P. Valentin Marée, franciscain reformé, ou, comme on disait en France, récollet, en a donné une édition refondue et retouchée, en français. sous ce titre : Traité des conformités du disciple avec le maître, c’est-à-dire de St. François avec Jésus-Christ, en tous les mystères de sa naissance, vie, passion, mort, etc., Liège, 1658, in-4o. Quoique ce récollet en ait retranché beaucoup d’extravagances, il y en reste cependant encore assez, pour amusé ceux qui voudraient le lire[1]. C’est de ce livre qu’Alber, élève de Luther, rassembla les absurdités et les inepties pour en composer l’ouvrage satirique intitulé l’Alcoran des cordeliers, ouvrage publié d’abord en allemand, puis traduit en latin par l’auteur, et enfin en français par Conrad Radius, qui y ajouta un second livre. On attribue encore à Barthélemy Albizzi les ouvrages latins suivants : 1o six livres de la Vie et des louanges de la Vierge, ou les conformités de la vierge avec Jésus-Christ, Venise ; 1596, in-4o ; 2o des Sermons jour le carême, sur le mépris du monde, Milan, 1498, in-4o, et Brescia, 1502, in-8o ; 3o la Vie du B. Gérard, lare, restée en manuscrit. G-é.


ALBO (Joseph), savant rabbin espagnol, natif de Soria, dans la Castille-Vieille, assista, en 1412, à la fameuse dispute sur la religion, qui eut lieu entre les chrétiens et les juifs, en présence de l’anti-pape Benoit XIII. Albo composa, en 1423, sous le titre de Hikkarim (Fondements de la foi), un très-grand ouvrage, dont le but était, non-seulement de prouver la vérité des croyances judaïques, mais encore d’attaquer les dogmes du christianisme. Le docteur Rossi prétend qu’il composa ce livre pour affermir dans leur foi ceux de ses compatriotes que la dispute théologique avait ébranlés. Cet ouvrage eut plusieurs

  1. L’ouvrage du P. Valentin Marée, dont le lieu et l’époque de naissance, ainsi que la date de décès sont également ignorés, forme quatre parties, en 3 vol. in-4o, imprimés de 1636 à 1660, et aujourd’hui très-rare. De Rute, Bibliographie instrucine, histoire, t. 1, no 4543, et le P. (un mot illisible) Mémoires, t 36, p. 149, n’ont connu que les deux premiers (deux mots illisibles) est le premier bibliographe qui ait décrit le troisième, Voy son Catalogue raisonné, 1775, t. 6, p. 328. De Valentague, dans ses Recherches sur l’histoire de la ci-devant principauté de Liège, Liège, 1817, 2 vol. in-8o, en a donné une analyse très-curieuse (t. 2, p. 556-584). C-D-É.