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gue. Il fut élevé aux pages du roi[1] et entra ensuite dans un régiment, avec le grade de lieutenant. En 1792, il émigra avec son père et rejoignît l’armée des princes ; il y servit comme aide de camp de son grand-oncle maternel, le comte de Montboissier, commandant des compagnies rouges, et passa ensuite au service d’Autriche. Il rentra en France après le 18 brumaire, et plus tard prit du service dans les gendarmes d’ordonnance de la garde impériale, commandés par le comte de Laval-Montmorency. Il y avait le grade de colonel, lorsque ce corps ayant été licencié (1808), le comte d’Albignac passa au service de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie, qui le nomma son aide de camp, puis son grand écuyer, et lui conféra le titre de général de brigade : il remplissait en même temps les fonctions de ministre de la guerre. L’année suivante, le comte d’Albignac eut le commandement de l’avant-garde du dixième corps de l’armée d’Allemagne, et fut chargé de poursuivre le fameux chef de partisans Schill (voy. ce nom), sur lequel il prit le fort de Domitz. Par lettres patentes du 3 mai 1810, Jérôme Bonaparte créa d’Albignac comte de Ried, et lui donna le fief de ce nom ; mais on dit que le zèle de ce général à réprimer les dilapidations et les désordres lui avait attiré l’animadversion de la cour du nouveau roi. À la suite de quelques intrigues dirigées contre lui, il eut une entrevue avec Jérôme, auquel il offrit sa démission. Le roi la refusa, traita son ministre avec une affectueuse bonté, et lui reprocha en termes bienveillants son ingratitude ; puis le Moniteur Westphalien du lendemain apprit à M. d’Albignac que sa démission avait été acceptée pour cause de santé, et qu’il devait partir pour le midi de la France ; qu’au surplus son traitement lui était conservé intégralement. D’Albignac rejeta cette dernière faveur et quitta sur-le-champ Cassel. À son retour en France, il fut employé comme chef d’état-major du sixième corps de la grande armée, sous les ordres du maréchal Gouvion-St-Cyr, et fit ainsi la campagne de Russie. En 1813 il fut nommé commandant du département du Gard. Le retour des Bourbons, l’année suivante, le fit mettre d’abord à la demi-solde ; mais il fut nommé, le 8 juillet 1814, chevalier de St-Louis ; le 24 août, officier de la Légion d’honneur. Lors du débarquement de Bonaparte sur les côtes de Provence, il accourut à Paris, accompagna le maréchal Gouvion·St-Cyr à Orléans, comme son chef d’état-major ; et, après la défection des troupes dans cette ville, il se rendit sur les bords du Rhône, auprès du duc d’Angoulême, qu’il rejoignit à Valence, lorsqu’il ne restait plus à ce prince d’autre parti à prendre que celui de la retraite. D’Albignac se retira dans sa famille, au Pont-St-Esprit, et pendant que le duc d’Angoulême était prisonnier dans la même ville, il pénétra jusqu’à lui, et en reçut des pleins pouvoirs, avec lesquels il se rendit à Lyon, puis dans les Pays-Bas, auprès de Louis XVIII. Il rentra en France avec le roi, et fut nommé, en juillet 1815, secrétaire général du département de la guerre sous le maréchal Goulvion, place qu’il conserva jusqu’à la retraite de ce ministre, au mois de septembre suivant. D’Albignac fut nommé peu après commandant de l’école militaire de St-Cyr, et promu au grade de lieutenant-général le 25 avril 1821. Il avait fait partie en 1816 du conseil de guerre qui condamna à mort par contumace le général Lallemand jeune. (Voy. ce nom.) En 1822 il quitta la direction de l’école de St-Cyr, et se retira du service. Il était atteint déjà de la maladie douloureuse qui, après deux années de souffrances, termina ses jours, le 31 janvier 1824. Aux titres que nous avons énumérés, le comte d’Albignac joignait ceux d’inspecteur général d’infanterie et de membre de la commission pour organiser la défense du royaume (1818) ; de commandeur de l’ordre de St-Louis, et de l’ordre saxon de St-fleuri. F-ll.


ALBIGNAC (le baron), maréchal de camp, né à Bayeux en 1782, entra au service comme simple cavalier, et arriva par tous les grades à celui d’officier, dans la campagne de 1803. Sa bravoure l’avait déjà fait distinguer par le maréchal Ney, qui se l’attacha comme aide de camp. Il fit avec ce général les campagnes d’Espagne de 1808 à 1812, le suivit dans l’expédition de Russie, et partagea, pendant la retraite qui mit fin à cette gigantesque entreprise, les périls et la gloire du maréchal. Il eut les pieds et les mains gelés, et se trouvait au nombre des cent vingt hommes qui, seuls du troisième corps d’armée, repassèrent le Niemen les armes à la main. À l’ouverture de la campagne suivante, il fut nommé colonel du 138e régiment d’infanterie ; il se trouvait avec ce régiment à la bataille de Leipsick et prit part à la mémorable campagne entre la Seine et la Marne. Lorsqu’il vit que tout espoir était perdu pour la cause de Napoléon, il fit sa soumission au roi, et son régiment n’ayant pas été conservé dans la nouvelle organisation de l’armée, il fut promu au grade de maréchal de camp. Au mois de mars 1815, le baron d’Albignac fut du nombre des officiers généraux désignés par le roi pour commander les volontaires qui se réunissaient à Vincennes. Les événements ayant rendu inutile toute résistance en faveur de la cause royale, il se retira dans sa province, où il fut nommé membre de la chambre des représentants. Il se rendit à son poste, ne s’y fit nullement remarquer, et resta dévoué au parti royaliste. Louis XVIII, après son retour, le nomma président du collège électoral de Bayeux ; mais il ne fut point appelé à la députation. Il a fait depuis partie de différents comités militaires établis par les ministres de la guerre ; en 1820 il fut nommé inspecteur général d’infanterie ; devint, en 1821, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, et fut désigné, en 1825, pour commander une brigade du premier

  1. Nous répétons cette assertion d’après les Biographies qui nous ont précédés, en faisant observer que son nom ne se trouve pas dans les listes, à la vérité, bien incomplètes, des pages de la chambre, de la grande et de la petite écurie, insérées par M. de St-Allais danns son Nobiliaire univ. de France, t. 5, p. 527 et suiv., et que nous l’avons aussi vainement cherché dans celles que fournit l’Almanach de Versailles, de 1732 à 1789.