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de la pratique avec le goût passionné que la variété de ses connaissances lui inspirait pour les travaux littéraires. Aussi a-t-il beaucoup écrit, et laissé un grand nombre d’ouvrages, parmi lesquels on distingue un traité du croup, qui eut l’honneur de partager, avec celui de Jurine, le grand prix proposé en 1801, par le gouvernement français, sur l’origine, la nature, le traitement et les préservatifs de cette grave affection, qui fixait alors l’attention générale. On lui doit aussi des recherches sur l’emploi de l’acide nitrique à l’intérieur dans les maladies vénériennes, sur celui du sulfure d’ammoniaque dans le diabète, sur l’efficacité, dans les affections spasmodiques, de l’alcali volatil administré alternativement avec l’opium, et sur les changements que l’introduction du nitrate d’argent par la voie de l’estomac produit dans la coloration de la peau. À laquelle ce sel communique une couleur noire. Albers est mort le 24 mars 1821, laissant beaucoup de traductions allemandes d’ouvrages français, anglais et italiens, une multitude d’articles de médecine et d’anatomie comparée, disséminés dans les divers recueils périodiques de l’Allemagne, et les ouvrages suivants : 1° Dissertatio de ascide, Iéna, 1795, in-4o ; 2° un Mot aux mères de familles sur le croup (en allemand), Brême, 1804, in-8o ; 2° Mémoire sur la maladie appelée claudication spontanée des enfants, Brême, 1817, in-4o ; 4° Lettres sur les pulsations qui se font sentir dans la bas-ventre (en allemand), Brême, 1803, in-8o ; 5° de Tracheide infantum, vulgo Croup, Commentatio, Leipsick, 1815, in-8o ; 6° Icones ad illustrandam Anatomen comparatam, Leipsick, 1818, in-fol. — Henri-Philippe-François Albers, né à Hameln, près de Munden, en 1768, mort en 1830, à Wanstorf, avec le titre de médecin du roi de Hanovre, n’a publié aucun ouvrage ; mais il a fourni au Journal de Hufeland et au Magasin de Hanovre quelques articles parmi lesquels on distingue des recherches sur les eaux minérales de Rehbourg, dont il avait été nommé inspecteur en 1805. J-d-n.


ALBERT (Le Bienheureux), patriarche latin de Jérusalem, et législateur de l’ordre des carmes, naquit près de Parme, et, après avoir été prieur d’une communauté de chanoines, fut nommé successivement évêque de Bobio et de Verceil. L’opinion que l’on avait de sa prudence, de sa droiture et de son habileté dans les affaires était telle, que l’empereur Frédéric Barberousse et le pape Clément III le choisirent pour arbitre de leurs différends. Henri VI, successeur de Frédéric, le nomma comte de l’Empire. Les papes Célestin III et Innocent III l’employèrent aussi avec Succès dans plusieurs négociations. En 1204, les chrétiens de la Palestine nommèrent Albert patriarche latin de Jérusalem, mais il fut obligé de fixer son séjour dans St-Jean-d’Acre, parce que Jérusalem était alors au pouvoir des musulmans. Ce fut dans ce temps qu’il établit, pour l’ordre des carmes, des constitutions sages, mais sévères, et que des commissaires nommés par le pape Innocent IV adoucirent en quelques points. Le pape Innocent III avait invité Albert à se trouver au concile général de Latran, qui eut lieu en 1215, mais A]bert fut assassiné dans la ville d’Acre, le 14 septembre 1214, à la procession de la fête de l’Exaltation de la Ste. Croix, par un homme auquel il avait adressé des reproches sur ses crimes. Albert est honoré, le 8 avril, comme un saint de l’o¤ire-des oarmes. D-t.


ALBERT de Strasbourg (Albertus Argentinensis), écrivain dont le nom se trouve à la tête d’une chronique du 14e siècle, parait être, suivant Sinner (Cata. codd. Bibl. Bernensis, t. 2, p. 520), le même que Mathias de Nuwenburg ou de Neufchatel, indiqué par d’autres manuscrits comme l’auteur de cette chronique. Albert était secrétaire et chapelain de Berthold de Buchecke, évêque de Strasbourg, mort en 1555. Il fut député par ce prélat vers le pape Jean XXII, à Avignon, pour l’informer que l’empereur Louis V (voy.. ce nom) refusait de reconnaître la suprématie de la cour de Rome. Albert vivait en 1378, année où finit sa chronique, qui commence en 1270, à l’avènement au trône de Rodolphe de Habsbourg. Elle est écrite avec franchise, et l’on y trouve des détails précieux pour l’histoire de l’Allemagne, de la Suisse et de l’Italie. Cuspinien en a publié des fragments à la suite de son Austria (voy. Cuspinien). Urstitius l’a donnée en entier dans ses Scriptores Germanici, t. 2, p. 97, d’après deux manuscrits, dont l’un était sans nom d’auteur, et dont l’autre, tiré du couvent d’Ebersheim, portait celui d’Albert. Le savant Schoepflin ayant découvert une copie de cette chronique, avec le nom de Mathias, parmi les manuscrits de Bongars, à Berne, avait promis d’en donner une nouvelle édition dans les Scriptores rerum alsaticarum ; mais ce projet est resté sans exécution. Sinner a publié, d’après ce même manuscrit, ce qui concerne la Suisse, dans son Catal. codd. Bernens., déjà cité. Dans l’édition d’Urstitius, la chronique d’Albert est suivie d’un opuscule du même auteur : Commentarius de vita et rebus gestis Bertholdi II a Buchecke, Argentin. episcopi. Cette vie, qui renferme des documents intéressants, a été mise à contribution par Schoepflin et les autres historiens de l’Alsace. W-s.


ALBERT, anti-pape. Voyez PASCAL II.


ALBERT Ier, duc d’Autriche et empereur, naquit, en 1248, de Rodolphe de Habsbourg, qui, de simple gentilhomme de Souabe, s’était élevé à la dignité de chef de l’Empire germanique, et, peu de temps avant sa mort, avait essayé de placer la couronne sur la tête de son fils Albert. Mais les électeurs, fatigués de son ascendant, et enhardis par la vieillesse qui commençait à affaiblir son autorité, avaient rejeté ses prières, et ajourné l’élection d’un roi des Romains à un temps indéfini. Rodolphe ayant terminé sa carrière, Albert, qui n’avait hérité de son père que ses qualités belliqueuses, vit se soulever contre lui ses États héréditaires, l’Autriche et la Styrie, qu’il avait déjà gouvernées avec dureté et avarice du vivant de Rodolphe. Il étouffa cette révolte, força les insurgés à venir nu-pieds et nu-tête, lui livrer les chartres de leurs privilèges, et mit en pièces devant eux ces frêles monuments