Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/336

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
320
ALB

tionnaire de droit, un traité de Statutis, des Commentaires sur les Pandectes, sur le code. M-x.


ALBERMALE (duc, d’). Voyez Monck.


ALBERON Ier, évêque et prince de Liège, en 1123, n’était pas, comme on le dit communément, frère de Godefroid le Barbu ; fils de Henri II, comte de Louvain, mais fils d’un premier mari d’Adélaïde, épouse de Henri II. C’était un prélat recommandable par la pureté de ses mœurs et la douceur de son caractère. Son règne n’est remarquable que par la suppression du droit de mainmorte, qu’il abolit dans ses terres longtemps avant Henri III, duc de Brabant. ( Voy. Brabant). Ce droit, dit le laborieux M. Dewez, consistait dans l’obligation de céder au seigneur, quand un père de famille mourait, le plus beau meuble de la maison ; ou, pour le racheter, il fallait couper la main droite du défunt et la présenter au seigneur. Cette coutume singulière n’est rien moins que prouvée. M. Dewez a copié ces détails dans Desroches, qui, ainsi que l’auteur de la Bibliothèque des coutumes et Furetière, les a empruntés au Magnum Chronicon Belgicum, d’où Chapeauville les avait extraits. Mais on n’en trouve aucune trace dans les monuments législatifs. Le savant Moser, dans ses Patriotisch fantasien, a prouvé que les serfs seuls n’étaient pas mainmortables. mais que des évêques même l’étaient à l’égard de l’empereur, des chapitres à l’égard des évêques, etc. Kluit a fait une dissertation curieuse sur cet objet, touchant lequel on trouve aussi des renseignements dans les Recherches sur la ville de Gand du chev. Diéricx. Albéron mourut le 1er janvier 1128. R-g.


ALBERONI (Jules), cardinal et ministre d’État, était fils d’un jardinier. Il naquit le 30 mars 1664, à Firuenzola, village du Parmesan, reçut l’éducation nécessaire pour entrer dans l’état ecclésiastique, et commença par être clerc-sonneur à la cathédrale de Plaisance. Sa fortune rapide a donné lieu à des anecdotes apocryphes, recueillies sans examen par quelques biographes, et que nous ne réfuterons que par un récit plus exact. Doué d’une rare intelligence, Alberoni devint, en peu de temps, chanoine de Parme, chapelain et favori du comte de Roncovieri, évêque de St-Donnin ; Lorsque le duc de Parme envoya ce prélat auprès du duc de Vendôme, commandant en Italie les armées françaises, Alberoni l’accompagna, et fut admis auprès du général français, qui goûta son esprit vif et enjoué, devint son protecteur, l’emmena en France et à l’armée d’Espagne, où il le chargea de commissions secrètes pour Philippe V, auquel il le fit connaître avantageusement. Après la mort du duc de Vendôme, Alberoni revint en France, et ce fut à Paris que le duc de Parme, son souverain, lui adressa l’ordre de se rendre à Madrid, pour y résider comme son agent politique. La célèbre princesse des Ursins était alors toute-puissante par ses intrigues ; Alberoni forma le projet de la supplanter et de gouverner l’Espagne à sa place. Ce fut dans ce but qu’il négocia, à l’insu de la favorite, le mariage de Philippe V avec Élisabeth Farnèse, héritière de Parme. Ses mesures furent si bien combinées, que la princesse des Ursins n’apprit qu’avec toute la cour l’événement qui allait renverser tout son crédit. Alberoni sut exciter avec tant d’adresse la jalousie de la nouvelle reine contre la favorite, qu’il la fit exiler ; il obtint toute la confiance d’Élisabeth, et fut nommé, successivement, premier ministre, cardinal et grand du royaume. Arbitre de l’Espagne, il entreprit, dès 1715, de lui rendre son ancien éclat ; se montrant digne de son élévation, il rétablit l’autorité du roi, réforma les abus, créa une marine, organisa l’armée espagnole comme celle de France, et, enfin, rendit ce royaume plus puisant qu’il ne l’avait été depuis Philippe II. Il s’occupa ensuite à réaliser les vastes plans qu’il avait conçus pour rendre à l’Espagne tout ce qu’elle avait perdu en Italie, commencer par la Sardaigne et la Sicile ; et, trompant les puissances de l’Europe, et nommément le pape, sur le but de ses armements, il chercha d’abord, par des négociations secrètes avec les princes d’Italie, à ruiner, dans cette contrée, la puissance de l’Autriche ; mais, contrarié par le duc d’Orléans, régent de France, il vit avec douleur ce prince renoncer à l’alliance de l’Espagne, pour s’unir à l’Angleterre. La quadruple union, sourdement préparée entre ces deux puissances, la Hollande et l’Empire, ne changea point ses résolutions ; il se contenta de couvrir ses projets d’un voile impénétrable, et de méditer en silence les moyens dont il pourrait se servir pour se venger à la fois du régent et du roi d’Angleterre. Bientôt il levé hardiment le masque, attaque l’Empereur, lui enleva la Sardaigne, envahit la Sicile, et fait triompher de nouveau la marine espagnole ; ces succès encourageant son ambition, il rejette les ouvertures que l’ambassadeur anglais Stanhope vient lui faire à Madrid. Mais la fortune ne seconda pas ses vastes desseins : la flotte anglaise, aux ordres de l’amiral Byng, détruisit l’escadre espagnole à la hauteur de Syracuse. Alberoni, loin d’être abattu par ce désastre, travailla avec une nouvelle ardeur à rassembler d’autres armées de terre et de mer, sans s’effrayer de la difficulté de soutenir la guerre contre les trois plus grandes puissances de l’Europe. Ses plans, conduits habilement et avec beaucoup de secret, tendirent dès lors à opposer une coalition à celle qui venait de se former contre l’Espagne, et a unir cette puissance avec la Russie, la Suède et la Porte Ottomane. Déjà il avait contribué au rapprochement de Pierre le Grand et de Charles XII, si obstinés dans leur haine ; déjà le prince Ragotski, encourage par l’or et les promesses du cardinal, se préparait a exciter une guerre civile en Hongrie avec le secours des Turcs ; et enfin une conspiration audacieuse, fomentée en France par ordre d’Alberoni et conduite par Cellamare, n’attendait plus que les derniers ordres de Madrid pour renverser le duc d’Orléans et déférer la couronne à Philippe V, lorsque le secret fut révélé au cardinal Dubois. Le régent s’unit alors encore plus étroitement au roi d’Angleterre, et déclara la guerre a l’Espagne, en 1719, après avoir exposé, dans un manifeste, les intrigues du cardinal italien. Alberoni ne fut point effrayé de ces attaques personne lies, ni de la mort inopinée de Charles XII, qui lui faisait perdre l’es-