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naître le nouvel abbé ; ils furent arrêtés, chargés de chaînes et dispersés sur tous les points de l’Europe. Pierre le Vénérable, qui plus que jamais avait besoin d’Albéric, s’opposa, en 1137, à ce qu’on lui donnait l’évêché de Langres ; mais, l’année suivante, Innocent II, voulant rendre justice au mérite d’Albéric, lui conféra le titre de cardinal-évêque d’Ostie, et l’envoya comme légat en Angleterre. L’usurpation commise par Étienne Ier, qui régnait alors en ce pays au détriment de sa cousine Mathilde, était si odieuse, que David Ier, roi d’Écosse, avait pris les armes pour la princesse et envahi le territoire anglais. La guerre fut impitoyable de part et d’autre ; les Écossais surtout commirent d’atroces cruautés ; mais la perte de 17,000 des leurs à la bataille des Étendards fut une expiation terrible de ces excès. David, un instant attéré, avait bientôt repris toute son énergie ; il rassemblait une nouvelle armée dans la ville de Carlisle, quand Albéric y débarque ; se jetant aux pieds de l’Écossais, il le supplia en pleurant de déposer les armes. Un refus obstiné fut la seule réponse de David, qui, cependant, promit solennellement qu’à l’avenir il respecterait les églises, et qu’il épargnerait les femmes, les enfants, les vieillards. De plus, il prit l’engagement de mettre en liberté, lors des prochaines fêtes de Pâques, toutes les femmes anglaises qu’il avait amenées prisonnières à Carlisle. David se fût senti profondément humilié de conclure la paix avant d’avoir pris une éclatante revanche de la journée des Étendards ; mais la nécessité, sans abattre son orgueil, le fit ployer pourtant ; il consentit une trêve de deux mois, qui, plus tard (janvier 1139), se changea en paix définitive. Albéric, sur le point de quitter l’Angleterre, ouvrit, le 11 décembre 1138, un concile où ne furent agitées que des questions purement réglementaires. Ce concile sa tint à Londres, suivant la plupart des auteurs, et à Westmunster, suivant J. B. Frizon (Gall. purp., p. 143). Albéric fut ensuite envoyé en Sicile pour exhorter les habitants de Bari, révoltés contre Roger II, a reconnaître l’autorité légitime de ce roi « mais, dit Aubery (Hist. des Card., t. 1er, « an 1151), cette population fut insolente à ce point « que de ne pas vouloir donner audience au légat « de sa sainteté, et que de lui refuser même l’entrée « de la ville. » Une mission importante consola Albéric de cet échec. De graves dissentiments avaient éclaté entre Rodolphe, patriarche latin d’Antioche, et, ses diocésains, car ce prélat hérétique déniait à l’Église de Rome toute suprématie sur celle d’Antioche, prétendant que l’une et l’autre étaient également l’Église de St. Pierre. Albéric, chargé de prévenir un nouveau schisme et d’examiner la conduite de Rodolphe, convoqua à Antioche, le 30 novembre 1140, un synode auquel assistèrent tous les princes de l’Église et tout le clergé latin d’Orient. Rodolphe, dépouillé de sa dignité, fut chargé de chaînes et conduit à Rome, où il fit amende honorable. (Guill. de Tyr, liv. 15, chap. 15 et suiv.) Le cardinal Albéric, ne voulant pas quitter l’Asie sans avoir visité le saint sépulcre, se rendit à Jérusalem, ou il arriva pour les fêtes de Pâques (1141). Il présida, dans le temple même, une assemblée de prélats et de fidèles. (on y vit paraitre le patriarche d’Arménie ; princeps et doctor eximius, dit Guillaume de Tyr. Ce patriarche, catholique zélé, promit, de poursuivre activement la réforme des croyances. erronées de son peuple sur quelques-uns des articles de foi. Après trois années de repos passées à Rome, Albéric, accompagné de St. Bernard et de Geoifroi de Chartres, se rendit à Toulouse pour combattre les hérétiques henriciens ; de là ils allèrent jusqu’à Nantes, alors désolé par le schisme d’Éon de l’Étoile. Cet hérésiarque n’attendit même pas, pour prendre la fuite, l’arrivée des vénérables prélats. Se dirigeant ensuite vers le midi, Albéric parvint à réintégrer dans ses droits l’archevêque de Bordeaux, que des différends survenus avec le clergé de cette ville en tentaient éloigné depuis près de cinq ans. ─ Après avoir concerté avec Louis le Jeune le voyage de la terre sainte, Albéric revint à Rome, puis il repartit pour la France en 1147, lors du voyage qu’y fit Eugène III. C’est à Verdun, en cette même année, que mourut Albéric, usé avant l’âge par les fatigues et l’étude. (Hist. litt. des Bénédictins, t. 13.) Du reste, on a peu de données sur ses derniers travaux. L’admiration pleine d’intérêt qui s’attache à St. Bernard a laissé dans l’ombre le cardinal d’Ostie, homme vertueux et bon, mais manquant d’autorité sur les masses (comme on en peut juger par la réception que lui firent les habitants de Bari et de Toulouse), et peu fait pour obtenir des serviteurs de l’Église l’obéissance absolue qu’elle leur demandait alors. A. V-N.


ALBÉRIC, moine de l’ordre de Cîteaux, dans le monastère des Trois-Fontaines, au diocèse de Châlons-sur-Marne, naquit dans les environs de cette ville, au commencement du 13e siècle. Il est auteur d’une Chronique qui contient les événements remarquables arrivés depuis la création du monde jusqu’en 1241. Leibnitz et Menckenius l’ont fait imprimer ; le premier, dans le t. 2 des Accessiones historicæ, Leipsick, 1698, in-4o ; et le second, dans le t. 1 des Scriptores rerum germanicarum et saxonic., Leipsick, 1728, in-fol. Cette Chronique, dont la bibliothèque possède un manuscrit plus complet que ceux ; qui ont servi aux éditions citées plus haut, est assez estimée, à cause des choses curieuses qu’elle contient, quoique la chronologie n’en soit pas exacte, surtout pour ce qui concerne les temps anciens. Albéric avait aussi composé diverses poésies, dont une partie s’est perdue, et sur lesquelles on peut consulter Bibliotheca ordin. Cisterc., par le P. du Visch. On conservait, dans la bibliothèque des dominicains de Cologne, un manuscrit qui en renfermait un assez grand nombre. R-t.


ALBÉRIC. Voyez Albert d’Aix.


ALBÉRIC de Rosate ou Roxiati, jurisconsuite, né à Bergame, sur la fin du 15e siècle, fut regardé comme un des plus savants hommes de son temps. Bartole conserva toujours pour lui une amitié qui les honore tous les deux ; les Commentaires d’Albéric, sur le 6e livre des Décrétales, ont été très-estimés, et souvent imprimés. On a de lui un Dic-