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évangélique fixèrent enfin sur lui l’attention du pape Paul V, qui le récompensa de son zèle en le nommant, en 1611, à l’évêché de Monmarani. Le P. Éleuthere gouverna ce diocèse pendant vingt-cinq ans avec beaucoup de sagesse et mourut en 1636. Outre trois volumes de sermons, maintenant oubliés, on a de ce prélat un Traité des vertus chrétiennes, paraphrase des trois premiers versets du Magnificat ; une Concordance des Évangiles, et une Explication, en latin, de la doctrine de Seot. Ce dernier ouvrage publié à Padoue un 1593, in-4o, a été réimprimé à Lyon en 1645. On peut consulter pour plus de détails Argelati, Scriptor. mediol., t. 1, p. 15. W-s.


ALBERGOTTI (François), jurisconsulte italien, fils d’Albéric Rosiati de Bergame, un des hommes les plus savants de son temps, naquit à Arrezzo, près de Florence, dans le 14e siècle. Son père l’envoya étudier sous le célèbre Balde ; dirigé par un tel maître, François Albergotti fit de rapides progrès dans les sciences, principalement dans la philosophie et la jurisprudence. Sous le nom de philosophie, on comprenait alors la connaissance de l’histoire et celle des belles-lettres. Albergotti exerça d’abord la profession d’avocat à Arezzo, et se rendit à Florence en 1349 : sa grande érudition, ses talents et son intégrité lui acquirent le titre de docteur de la vérité solide (doctor solidæ veritatis). La république de Florence lui confia souvent ses intérêts dans des négociations importantes, notamment avec les Bolonais, en 1358, et elle eut toujours lieu de s’en louer ; pour récompense de ses services, il fut anobli. Il mourut à Florence, en 1376. Les ouvrages qui nous restent de lui sont des commentaires sur le Digeste, sur quelques livres du Code, et des Consultations, dont Barthole fait un grand éloge. ─ Louis Albergotti, fils de François Albergotti, suivit la même carrière que son père, et fut aussi un savant jurisconsulte. — Marcellin Albergotti, évêque d’Arezzo, rendit de grands services à Innocent IV contre l’empereur Frédéric II ; et Jean Albergotti, aussi évêque d’Arezzo, fut employé utilement par le pape Grégoire XI, dans les démêlés que ce pontife eut avec Galeas Visconti, duc de Milan. M-x.


ALBERIC Ier, gentilhomme lombard, ayant quitté le parti de Guido pour celui de Bérenger Ier, fut fait., par ce dernier, marquis de Camérino, vers la fin du 9e siècle ; il épousa Marozia, fille de Théodora, dame romaine qui possédait le château St-Ange, et qui, par ses intrigues galantes, s’était emparée de la souveraineté de Rome. (Voy. Marozia et Théodora.) Aux États de sa femme et aux siens, Albéric joignit plus tard le duché de Spolète. Il marcha, en 916, avec le pape Jean X, contre les Sarrasins établis près du Garigliano, et chassa de leur retraite les infidèles qui étendaient leurs ravages jusqu’au portes de Rome. On l’accusa ensuite d’avoir appelé les Hongrois au Italie, pour se venger du même pape Jean X, qui l’avait exilé de Rome. Après la retraite de ses barbares, Albéric fut massacré par les Romains, vers l’an 925 à Citta d’Orta, on il s’était retirë. Il avait eu de Marozia un fils de même nom que lui, qui fut seigneur de Rome. S. S-i.


ALBÉRIC Il, de Camérino, seigneur de Rome, et fils, du précédent. Après la mort du premier Albéric, Marozia, sa femme, avait épousé, en secondes noces, Guido, marquis de Toscane ; le premier de ses fils fut marquis de Camérino, comme son père ; le second fut nommé pape, en 931, sous le nom de Jean XI. L’année suivants, Guido étant mort, Marozia épousa, en troisièmes noces, Hugues de Provence, roi d’Italie. Chacun de ses mariages augmentait son pouvoir. Mère du pape et femme du roi, elle réunissait dans ses mains l’autorité spirituelle et l’autorité temporelle ; mais, aux festins qui suivirent ses noces, Hugues, ayant demande au jeune Albéric de lui présenter l’aiguière pour se laver, et celui-ci ayant maladroitement versé l’eau, le roi se retourna avec emportement et lui donna un soufflet. Les Romains et les Italiens avaient déjà commencé à se ressentir de la brutalité des Provençaux qui entouraient le roi Hugues ; ils s’indignèrent de l’affront fait au marquis de Camérino, premier baron de Rome, prirent les armes avec fureur, et forcèrent Hugues a s’enfuir dans le château St-Ange, d’où il s’échappa peu après, au moyen d’une échelle de cordes ; on jeta Marozia dans une prison ; le pape Jean XI lui-même fut retenu par son frère sous une étroite surveillance ; et Albéric fut reconnu pour seigneur de Rome, avec le titre de grand consul. En 933, il résiste courageusement au roi Hugues, qui vint l’assiéger pour recouvrer la domination de Rome, et se venger d’avoir été contraint à la fuite. Albéric fit ensuite la paix avec lui, et épousa sa fille Alda ; cependant il ne voulut jamais permettre à son beau-père d’entrer dans Rome, cette ville étant devenue le refuge de tous les mécontents du royaume d’Italie, à qui la tyrannie de Hugues devenait insupportable. Albéric gouverne vingt-trois ans l’ancienne capitale du monde, dans un temps ou l’empire d’Occident était sans chef et celui d’Orient sans pouvoir. Seul, il fixa les regards de toute l’Italie. Les papes, ses contemporains, n’avaient aucun crédit, et paraissent n’en avoir mérité aucun. Le caractère d’Albéric était respecté, et ses talents garantirent l’indépendance de sa patrie. Mais il a vécu à l’époque où l’histoire est enveloppée des plus épaisses ténèbres, et il ne reste presque aucune trace de son long règne. Il mourut en 954, et son fils Octavien hérita de la souveraineté temporelle de Rome. Deux ans plus tard, il y joignit la souveraineté spirituelle, ayant été élu pape sous le nom de Jean XII. S. S-i.


ALBÉRIC, né à Beauvais en 1080, prit l’habit de St-Benoit au monastère de Cluny, dont il devint bientôt sous-prieur ; ensuite il entra, avec le même titre, à St-Martin-des-Champs ; mais Pierre le Vénérable, dont le prédécesseur, Ponce, avait entraine dans un schisme l’ordre entier de Cluny, rappela bientôt Albéric, qu’il jugeait seul capable, par l’autorité de son caractère et de ses vertus, de ramener les moines aux pratiques de l’Église orthodoxe. En 1130 ou 1131, Albéric fut nommé abbé de Veselay, dans le diocèse d’Autun ; mais les religieux, essayant de secouer le joug du pape, ne voulurent pas recon-